Dans cet article, je continue à relater mes de expériences chamaniques et ce qui en ressort (voir 3 cérémonies chamaniques…). Ici, je raconte les deux dernières qui ont le même sujet : le mental et le Je suis.
Dans la première cérémonie, j’expérimente le Je suis à travers l’omniprésence oppressante de mon mental et de son contrôle. La deuxième est une sorte de flirt entre les deux, et… bien autre chose.
1er voyage
Comme souvent, alors que les sensations commencent, il y a deux portes. Celle du lâcher-prise où l’abandon génère un profond bien-être, des visions lumineuses, des sensations chaudes et enveloppantes, une féérie. Et l’autre porte, celle où le mental veut lui aussi participer et reprend le contrôle. Il commente et tente de piloter les visions (alors qu’on ne lui demande rien). Chaque fois qu’il vient, chaque fois qu’il veut contrôler, chaque fois qu’apparait la pensée et que je sors de l’abandon, du ressenti, les visions disparaissent, les couleurs se grisent, l’énergie devient alors oppressante dans le corps, comme une sensation d’angoisse, de fermeture. Quand je lâche, que je m’abandonne, l’énergie redevient un bain de lumière. Evidemment, je me tenterai bien la première porte ! Mais ce qui est intéressant, c’est que ma volonté ne semble pas pouvoir y faire grand chose. Car à chaque fois que je veux, je sens que mon mental se renforce. Et la sensation physique est claire. La volonté fait donc partie du mental. Et quand je veux mettre de côté le mental, je le renforce. Damn, comment sortir de la boucle ? Je commence à me sentir gravement coincée
Je me prépare à un voyage malaisant. Soudain, un basculement se fait sur la gauche et du bas de mon corps vient une clarté, une sensation ronde et bourdonnante, chaude qui envahit le centre de mon corps, au niveau du cœur. Et ça dit : la question n’est pas de lâcher le mental, elle ne l’a jamais été. La question est le Je suis.
Je réalise alors, encore confusément, que le mental ne prend que la place que l’on lui laisse. Il y a un espace vide ici, il l’occupe. Qui devrait être ici et ne l’est pas ?
Je suis.
Pourtant Je suis est là. Il l’a toujours été.
Je suis. Je décide. Je choisis. Et si je décide, je choisis, Je suis, je suis alignée. Les visions viennent non parce que je m’y abandonne, mais parce que Je suis. Ancrée. Volontaire. Attentive. Focus. Actrice. Puissante. Présente.Alors, l’abandon d’une part de moi se fait, non par défaut, mais parce que je choisis. Je suis. Je veux. Et cette sensation du Je suis est dans le ventre et dans le cœur. Elle est pleine, puissante, mobilisée, entière.
Je comprends alors que mes expériences de vie, mes non-vécus, mes frustrations, mes échecs, tout cela est ok car Je suis (je suis bien consciente que tout cela reste assez mystérieux mais ça s’éclaircit dans le 2ème voyage) c’est l’expérience de la vie.
Je suis, j’expérimente la vie à travers mon Je suis. Je suis la manifestation de mon âme dans la matérialité.
Rien ne peut résister à mon Je suis.
Tout est parce que Je suis.
Mais vient alors la vision de mon Je suis surfant sur la vie, littéralement, avec une planche de surf !
Ce Je suis, je l’ai connu enfant.
Il est déterminé, présent. Il fait l’expérience et il choisit de faire l’expérience car il se découvre à travers l’expérience.
Il est profond. Il est moi. Il est détaché. Et il est en quête d’expériences. Et toutes les expériences sont ok car il est curieux. Il veut expérimenter, comprendre. Il veut se découvrir.
Et c’est lui qui décide. Parce que Je suis.
Tout cela paraît bien mystérieux. Évident quand je suis encore en haut, et puis énigmatique quand je redescends. La sensation se dissout, il en reste des bribes, je sais que le temps permettra la conscience.
Ce n’est pas une découverte extraordinaire. C’est une sensation dont je sens l’ampleur extraordinaire mais qui m’est impossible à conceptualiser clairement.
Le non Je suis
Quelques jours plus tard, j’échange avec une amie. Nous parlons de cette nécessité de s’ancrer dans la conscience du moi quand le processus kundalinique (la guérison par l’énergie des émotions) a lieu, pour ne pas totalement s’identifier à la part incarnée souffrante (sinon on se sent rapidement désespéré !!) – voir Kundalini | Soutenir la force.
Le lendemain, par hasard, ma fille décide de regarder des photos et vidéos sur Google Photos. Nous n’avons jamais fait ça, nous avons accumulé les clichés sans jamais revenir en arrière (je sais, on est pas les seules !). Nous revoyons alors nos images. Les vidéos, moi à 40 ans, 45 ans, mes enfants. Au début nous rions. Puis je commence à réaliser que quelque chose ne va pas.
Dans ces vidéos de 10 15 ans en arrière, je suis diluée et mes enfants sont fébriles. Ma grande, alors petite, parle comme un adulte. Elle semble perdue. Elle est sérieuse. Elle se filme avec un appareil photo et parle à des gens imaginaires derrière l’écran. Elle parle mais il n’y a pas d’insouciance en elle.
La petite elle est réactive. Elle est adorable mais bourrine.
Personne n’est vraiment présent. Je semble en superficie. J’essaie d’être joviale mais l’énergie n’est pas entière. Nous voyons des soirées familiales, amicales, mais l’alcool est nécessaire pour se détendre, pour enlever le contrôle, et dans bien des cas, semble t-il, ça ne suffit pas. Tout est retenu. Nous essayons mais nous faisons plus ou moins semblant, en fait. C’est comme un rire forcé. C’est malaisant et un peu triste.
Je me fais mal au coeur. Mais je ne dis rien pendant notre visionnage. Le soir, ma grande me dit ressentir une angoisse après avoir vu ces vidéos censément gaies. Oui. La vérité, c’est que nous étions mal et que nous essayions de surnager au dessus du mal. Et ça se voit. Et nous avions oublié. Surtout je prends conscience du chemin parcouru.
A cette époque, j’essaie de tenir. J’essaie de jouer comme si tout allait bien. Mais je suis absente de mes enfants. Je souffre. Elles le sentent. Je suis insomniaque et épuisée la plupart du temps (dans beaucoup de vidéos, je suis dans un canapé à tenter de dormir). Ma grande prend la responsabilité de me soutenir. Mon couple ne fonctionne pas. Elle prend là aussi la responsabilité. Elle est comme une petite bonne femme, elle est sérieuse. Pas insouciante.
L’une est en effort et dans un rôle bien au delà de son âge. L’autre tente d’attirer l’attention désespérément, de façon fébrile.
Dur dur…
Je prends en même temps la mesure du changement. Elles sont là maintenant devant moi. Elles ne sont pas fébriles. Elles ont le regard clair. Moi aussi. Pas tout le temps sans doute. Mais c’est différent. Quand c’est gai, c’est gai. Quand c’est en colère, ça l’est. Quand ça crie, ça crie. Quand ça rigole, ça rigole vraiment. Quand ça parle, ça parle direct.
Bref, l’énergie circule. C’est entier et exact.
Ces vidéos me font réaliser comment je me suis adaptée dans ma vie. Comment j’ai ravalé, comme si tout allait bien, comme si ma mère ne me faisait pas ch***, comme si j’étais vraiment détendue, comme si j’avais le coeur tout le temps ouvert, comme si j’étais pleinement dans l’élan. Alors que oui, mais non.
J’ai ressenti de la colère ce soir là. Contre personne précisément. D’avoir choisi d’encaisser, les situations, les relations, d’avoir subi. Sans être. D’avoir oublier mon Je suis.
Je réalise combien je me suis adaptée, surtout aux autres plus qu’aux situations. Combien je n’ai jamais envoyé ch*** personne. Combien j’ai toujours essayer d’être cool, enjouée devant les autres, pour m’écrouler ensuite en arrivant chez moi, préoccupée obsessionnellement par mon sommeil, tournant en rond comme un hamster, réfléchissant aux stratégies business ou sommeil, aux pilules que je pouvais actionner pour dormir, puis à comment développer mon CA pour m’en sortir, maman obsédée par son ordinateur, présente mais en fait absente, incapable de se poser pour glander, discuter, écouter, apprécier, respirer. Je ressens l’absence de paix intérieure. En réalité l’absence de plénitude.
Je réalise aussi que ce qui m’est devenu naturel, rester assise dans le canapé, sans ordi, sans téléphone, être disponible, toute chose qui me paraissent normales maintenant, ça n’a pas toujours été le cas. Attendre que l’une vienne s’asseoir à côté de moi, être présente pour écouter ses histoires, se battre en mode lutte et en rire, masser les pied, analyser les problèmes relationnels, comprendre ce qui se joue, accueillir des émotions… Bref, être là, ça n’a pas toujours été comme ça. Ca a même été l’inverse.
Et là, je sens confusément que c’est Je suis.
Le Je Suis est là, et pas avant.
Il m’échappe ailleurs, dans la vie. Mais là, il est là.
Pas totalement, car la paix intérieure n’est pas conquise. Mais il est là.
Je suis est la matérialité de mon âme exprimée. La vie est un jeu. Est-ce que tu joues ? Tu ne veux pas jouer ? Morfonds-toi. Tu boudes ? Tu voudrais un monde plus juste ? Ok boude. Tout le monde s’en fout. Ah bon tu veux jouer toi aussi ? Choppe les règles et amuse-toi. Fais l’expérience. Et attention, ne prend pas trop ton personnage au sérieux. C’est un jeu. Juste un jeu.
Alors qu’est ce que ce Je suis ?
2ème voyage
Le deuxième voyage me laisse un goût mitigé. Le mental a résisté.
Je découvre que je peux basculer du Je suis à la fébrilité du mental et inversement par une sorte de pratique très courte de concentration, assez similaire à la méditation, où la sensation au centre de mon corps est un indicateur : si je fixe mon regard et suspens mes pensées (bon courage !), si je reste dans le ressenti uniquement (c’est un exercice qui dure quelques secondes), la sensation énergétique est là, Je suis. Elle est ronde, pleine et entière, bienfaisante dans le corps.Elle est vibratoire.
Dès que mon regard « regarde » autour de lui, qu’il se défixe d’un point de concentration, dès que la pensée revient, la sensation redevient oppressante, hop, le mental est là. Les choses alors se désagrègent. Ca devient restrictif. Petit. Triste je dirais. Vraiment pas agréable. Ce serait comme vendre un sac en plastique pour un sac Longchamps. Je n’y connais rien en sac, mais c’est la première idée qui me vient. C’est un peu nul.
Je m’interroge. A ce rythme là, on pourrait se dire : ben reste dans le premier, meuf ! Oui mais je n’y arrive pas. Qu’est ce qui fait qu’il m’est difficile de rester dans le ressenti, dans la fixité du regard qui me procure pourtant cette si bonne sensation ? Pourquoi l’autre part revient systématiquement ?
En me mettant à l’écoute, je réalise qu’il y a une peur. Peur de quoi ?
Je réalise alors que la sensation du Je suis n’est pas que sympa dans le corps. En vérité, elle me dilue. Chaque fois que je reviens là, dans cette sensation, par la fixité de mon regard, par la concentration sur le ressenti, je dois reconnaître que je deviens le tout. Je suis diluée. Je suis ma chambre. Je suis mon chien. Je suis tout et rien. Je suis un avec tout. Je n’existe donc pas à proprement parler. C’est génial. Mais c’est peut être ça, le flippe de cette autre part de moi, parce qu’elle revient dare dare.
Il faut reconnaître que si je suis diluée, je ne suis plus moi. Moi, mon histoire, mon personnage, ses blessures, sa vie, son passé. Tout ça quoi. Alors quoi, mon histoire disparaitrait d’un coup ? Cette part refuse la dilution dans l’instant présent. Elle tient à son histoire.
Alors, comment la rassurer ? Comme c’est apparu au début.
En occupant l’espace. En l’occupant vibratoirement.
Après un long temps sans musique, je remets de la musique. La vibration m’installe directement dans le Je suis. Abandon, sensation, dilution. La part anxieuse n’est plus là. Le voudrais-je que je n’arrive plus à la trouver. L’onde as pris toute la place. Elle remplit mon corps et mon coeur, je suis diluée dans l’onde. Et c’est comme si c’était suffisant pour qu’il prenne congé. Comme s’il disait, et ben voilà, comme ça, ça va.
L’accès à la vibration est ce dont nous avons besoin pour que notre mental lâche prise ? Est-ce que le mental est si présent dans notre communauté parce que la vibration est insuffisante ? Pourquoi les ados passent leur temps à écouter de la musique ? Pourquoi ont-ils tant besoin de danser ?
J’arrête la musique. Je sens soudain la peur de mon mental. Il est là. Il me fait penser à Moka, le frère de mon chien Jack. Toujours à me coller dans les pattes quand il pourrait s’affranchir et s’élancer dans les champs. Jack s’élance le cœur vibrant, Moka veut mais ne peut. Il a besoin de l’humain. De sa rassurance.
Mon mental est pareil. Il n’est pas rassuré. Il a peur de s’abandonner au coeur vibrant. Pour s’abandonner, il a besoin de sentir que « ça » prend la place. Et que c’est vibratoire. Une petite aide vibratoire extérieure vient suppléer à l’insuffisance et permet de le pousser gentiment dans sa tanière (il dit oui !). Il manque une force vibratoire intérieure suffisante pour le rassurer.
Il manque du Je suis.
Je suis prend toute l’expérience. Il est puissant. Il est manifesté. Il assume l’expérience et en joue. Il veut jouer et jouir. Il veut faire l’expérience de la vie. Il ne demande pas le bien et le mal. Il veut faire circuler l’énergie. Il veut jouer les règles de ce monde de densité. Il les assume. Il ne se prend pas pour mère Thérésa, il ne se sacrifie pas, il ne se morfond pas quand les autres ne sont pas comme lui, il joue la vie. Il jouit l’énergie.
Je suis n’est pas là pour se faire ch***. Je suis ne doute pas de sa « perfection originelle ». Il sait qu’il est amour. Mais il accepte les règles de la densité. S’il doit être con, idiot, ou maladroit, il l’assume. Parce que Je suis est l’expérience de Je suis.
Je l’écris et en même temps que je l’écris, j’essaye de saisir ce que je capte de Je suis. C’est compliqué.
Mais je réalise que Je suis me vient régulièrement. ll était là professionnellement avant, quand je n’étais pas dans le développement personnel. Il s’est rapproché de l’âme avec la pratique du mantra, est devenu le centre, puis s’est dilué dans la course au sauvetage des autres. Et il revient. A mesure que je me détache.
Il est aussi dans le flow artistique. Dans la danse. La musique. L’amour. La décision. L’envie. L’élan. La joie. La colère quand elle est centrée. La tristesse quand elle est accueillie.
Je suis joue les règles de la matérialité.
Je suis accepte son incarnation.
Je suis ne se prend pas au sérieux. Mais Je suis se respecte. Son but n’est de pas galvauder son énergie. Puisqu’il en jouit. Il en prend donc grand soin. Il choisit pour cela ses situations, ses relations, et il prend acte.
Je suis crée sa vie. Il connaît sa puissance. Il use de sa puissance pour créer. Pour vibrer.
Il m’est venu quelques jours après, que mon Je suis était bien fragile, et que l’hypersensibilité était aussi une histoire d’un Je suis qui s’est sacrifié sur l’autel de l’harmonie et de la connexion de l’autre. Ce fantasme d’un autre monde que l’on tente désespérément de faire vivre avec des acteurs qui n’en sont pas capables.
Plus tard, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de personnes autour de moi qui avait su préserver leur Je suis. Elles n’étaient pas hypersensibles. Ou moins. Il y avait un inconvénient à cette préservation. Elles avaient sacrifié une sensibilité, une vulnérabilité, un rayonnement. Peut-être une forme de folie.
Mais le Je suis ayant été préservé, elles avaient préservé des choses essentielles : l’estime de soi, la confiance, le respect de soi. L’abondance aussi. Et une certaine aptitude à ieux jouer avec les règles. Avec les lois d’attraction, les systèmes, les énergies. Parce que leur Je suis est resté entier. Et il joue.