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Nous sommes parfaits et nous l’ignorons. Nos difficultés entrepreneuriales, elles aussi, sont parfaites car elles nous invitent à contacter ce qui a fondé l’action d’origine. Bien souvent, c’est la peur. Parfois la tristesse. Souvent l’injonction. Alors, quand l’action ne nous satisfait pas ou ne tourne pas comme prévu, la question n’est pas l’autre ou la malédiction ou notre insuffisance. La question est : dans quelle énergie ai-je lancée cette action, si je suis vraiment honnêre ?
Il n’y a jamais de problème technique
On attribue souvent à nos difficultés une solution technique : marketing, communication, stratégie… Or nos difficultés ne sont dues qu’à une chose : un blocage intérieur. Quand je dis blocage, c’est d’abord ainsi qu’on le voit au début. Car un blocage est toujours juste en réalité. Jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il demande uniquement à ce que quelque chose soit pris en compte, conscientisé, et accueilli. Qu’est ce que je veux dire ? Je veux dire qu’on réalise parfois que les choses ne fonctionnent pas comme nous le voulons tout simplement parce que, en vrai, ce n’est pas « ça » que nous voulons.
Je veux dire que la difficulté à réaliser une action vient généralement de la posture sous laquelle on l’aborde : derrière l’objectif affiché de l’action, il y a un objectif caché, qui n’est pas basé sur l’envie mais sur le fait de se rassurer, de compenser. Compenser quoi ? Ça peut être une peur de ne pas être suffisant, de ne pas être reconnu, ou la super mega peur de manquer… alors qu’on pense en toute bonne foi être dans notre envie intérieure. Toute l’histoire est de s’en rendre compte. Car si on ne s’en rend pas compte, l’action ne marchera jamais pleinement. Les clients sentiront inconsciemment l’objectif caché. Nous ne serons pas dans la fluidité. La vie sera un combat permanent.
Quand nous sommes dans notre envie intérieure
Quand nous sommes dans notre envie intérieure, outre que le client le sent et veut ça, réussir ou pas n’est plus la question. Il n’y a pas d’ego en jeu. C’est d’ailleurs une bonne façon de détecter si nous sommes dans notre envie ou dans la gestion d’une peur. On veut impacter, aider nos clients, et si ça ne marche pas comme ça, ça marchera autrement. On ne prend pas les difficultés comme une nouvelle fatalité de la vie ou une preuve de notre insuffisance mais comme des messages qui nous disent où aller pour impacter encore mieux.
Quand nous sommes dans notre peur
Si, au contraire, on est dans le comblement, le succès de l’action devient un but en soi : pour se rassurer, être aimé, se prouver, prouver aux autres qu’on est pas nul, qu’on y arrive, se rassurer qu’on peut en vivre. C’est parfaitement ok, mais nous ne sommes plus au service de nos clients. Nous sommes au service de notre peur.
Ce que veut la peur et le potentiel dans la peur
L’envie ne se décrète pas. La peur ne s’évacue pas juste parce qu’on le décide. Le travail est juste de prendre conscience de l’objectif caché qui est en train de se jouer en nous, puis (que voulez-vous faire d’autre ?) accueillir cette peur qui n’a jamais eu la possibilité de s’exprimer pleinement et qu’on a essayé de tenir à distance, sans succès d’ailleurs. L’intéressant et l’étrange dans ce processus, est que, plus la peur est forte, plus l’envie cachée derrière sera puissante. Or qui dit envie, dit valeur pour le client. Vous voyez le truc ?
La peur et nous, une longue histoire
Pourquoi est-ce si dur de voir la peur dans nos actions ? Sans doute parce que dans notre société, la peur est présente en nous à chaque minute. Elle nous habite depuis l’enfance. Et on ne la voit même plus car c’est presque devenu notre état naturel : peur de manquer, peur de ne pas être conforme, peur de se rater, peur de ne pas être compris, peur de ne pas être intégré, de ne pas être reconnu, peur de la déchéance, peur d’être regardé, peur d’être seul, etc. Et ces peurs nous habitent d’autant plus qu’on essaye de lutter contre. Le statut d’indépendant a ce mérite : ce qui fonctionnait avant (faire semblant de ne pas avoir peur) ne fonctionne plus maintenant.
Indicateurs d’une action ou activité pilotées par la peur
Qu’est ce qui se passe quand on développe des actions ou notre activité sur la base de notre peur ? Et je précise que TOUT le monde développe avec de la peur, y compris moi 🙂 On rencontre des difficultés. Et en général on rencontre exactement ce que l’on fuit : la réalisation de notre peur !! C’est donc un grand cadeau que nous fait notre entreprise en nous invitant (et nous refusons souvent l’invitation…) à regarder cette peur. Difficultés typiques qui nous parlent de nos peurs intérieures (et je rappelle que plus la peur est intense – pas les difficultés mais la peur – plus le potentiel sera explosif) :
- On sera débordé et soumis aux besoins des clients sans avoir l’impression de choisir avec qui et comment on veut travailler, avec une impression de pédaler éternellement sans respirer,
- On passera temps et énergie sur des missions de sous-traitance qui nous font gagner notre croûte mais qui ne nous donnent ni le plaisir d’impacter là où on a vraiment envie, ni le sentiment de mettre notre valeur au service des autres.
- On courra après les contrats et le chiffre d’affaires en oubliant de s’interroger sur ce qui nous anime vraiment, car après tout, gagner de l’argent, c’est prouver notre valeur (mais les plus grandes valeurs n’ont jamais été que données, imaginez-vous Bouddha vendre ses conseils ?). Alors, quelle est l’envie d’impact en vrai ?
- Et quand on débute, on constatera avec désolement, parfois désespoir, que ce qu’on initie ne fonctionne pas, notre cabinet sans clients, nos ateliers qui se remplissent pas, nos publications sans succès sur Facebook ou Linkedin, nos difficultés à parler de nous les yeux dans les yeux de notre client ou prescripteur.. Oui tout cela nous désole…
L’Ironie du sort : ce qui marchait avant ne fonctionne plus
Une action, une activité ne peut fonctionner que si on est dans notre envie de fond, et donc si on s’autorise à être soi et dans sa puissance (mot qui peut vous paraître bizarre, mais je suis sûre que vous sentez très bien ce que je veux dire). Ce qui veut dire que oui, tout ce qu’on nous a appris depuis l’enfance : dire oui, sourire, ne pas écouter ce que l’on ressent ou le mettre de côté, accepter l’absence de sens, faire pour faire ou parce qu’on nous a dit de faire, se soumettre ou ruminer mais faire quand même, sécuriser avant tout, mettre de côté notre envie, tout cela ne fonctionne plus quand on est indépendant.
Pourquoi ? Parce que, et c’est vraiment ironique et marrant en même temps, au moment de sortir l’argent de sa poche, notre client potentiel va écouter son ressenti, son intuition, comme jamais il ne l’a écoutée. Regardez-vous : quand vous achetez un conseil, une prestation, n’êtes-vous pas vous-même étonné de la rapidité de votre décision parfois alors que vous avez juste lu une phrase, vu un visuel ? Et n’êtes vous pas agacé par votre impossibilité à vous décider d’autre fois alors que sur le papier, sur le site, tout semble ok ? Bref, nos clients ont l’achat intuitif. Donc si notre offre, notre proposition est basée sur le comblement et non sur notre envie réelle, ils le sentiront. Et bloqueront. Sans pouvoir l’expliquer clairement la plupart du temps d’ailleurs…
Conclusions
En ai-je ? C’est limpide. Tout est parfait. La seule question : oserons-nous vraiment regarder notre peur en face ? La peur est une bénédiction. Elle parle de nous. Elle attend de pouvoir nous quitter.
Deux petites citations de Trungpa pour finir car c’est mon king.
La douleur réelle est l’impression de devoir surmonter ou vaincre quelque chose. Autrement dit toute idée de la douleur consiste à lutter contre soi-même.
Le but général de l’art du guerrier, c’est d’être sans peur. Par contre, le terrain de l’art du guerrier, c’est la peur elle-même. Pour être sans peur, il faut commencer par découvrir ce qu’est la peur.