Dans cet article, je partage un texte publié sur le parcours HS et qui aborde à nouveau le fait d’oser être soi, et ici en particulier pouvoir dire non aux autres.
Le texte est donc écrit en disant « vous », et ce vous, ce sont les membres du groupe. Mais il peut tout à fait s’adapter à toute personne qui s’y retrouvera, y compris moi !
Dire non est une source d’angoisse importante pour beaucoup d’entre nous. C’est un point sur lequel je suis moins en difficulté que d’autres, sans doute parce que dire et faire oui quand ça dit non à l’intérieur est devenu physiquement tellement impossible que j’ai bien été obligée de me résoudre à l’idée de ne faire que ce qui me disait.
L’histoire de dire oui ou non peut être essentiellement résolue par un principe de vie important et que nous ne connaissons pas pour la plupart d’entre nous : l’énergie doit circuler.
L’énergie, c’est celle de notre intérieur : nos émotions, nos limites, la vérité. Et c’est celle de l’autre aussi, celui avec lequel nous interagissons. L’énergie circule en nous, en lui, et de nous à lui et inversement.
Tout est capté sur un plan subtil, énergétique. En avoir conscience ou donner crédit est un autre débat. Mais tout est capté.
En ne disant pas non quand ça dit non en nous, nous croyons préserver l’autre et souvent, lui rendre service. C’est tout à fait possible pour l’autre, en tout cas sur un plan immédiat et matériel.
Mais sur un plan plus subtil et énergétique, non. L’énergie doit circuler, et quand elle ne circule pas, émetteur et récepteur seront impactés négativement.
Comme l’autre est souvent peu en conscience avec ce besoin pourtant essentiel et humain que l’énergie circule, on s’appuiera sur ce qui apparaît, son besoin immédiat et matériel. Mais ce n’est pas le besoin de fond.
Bref. Donc 12 enjeux énergétiques dans cette difficulté à dire non.
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1 – Tout se sent énergétiquement
Quand vous dîtes oui en ressentant non (consciemment ou inconsciemment), ne croyez pas que votre non sera ignoré par l’autre. Il sera reçu énergétiquement, mais la plupart du temps inconsciemment. Si la personne est hypersensible, elle se sentira mal à l’aise car une part perceptive en elle ressentira la distorsion entre ce qui est dit et ce qui est émis. Le malaise ne vient pas de la distorsion, mais de la négation du ressenti énergétique, elle voudra donner crédit au oui officiel au lieu d’acter le non énergétique, ce qui lui provoquera un malaise, qu’elle essaiera comme d’habitude de dissimuler. Si la personne qui reçoit votre oui est plus en contrôle, elle ignorera votre non retenu… mais son corps le recevra. En étant plus coupé de son corps qu’un hypersensible, elle pourra faire comme si plus facilement. Il y a aussi des personnes qui sentiront le non, lui donneront crédit, et du coup probablement n’accepteront pas votre oui. Ceux-là ont sacrément confiance dans ce qu’ils ressentent 🙂
Donc bref, quand vous dîtes oui en pensant non, vous bloquez l’énergie et cela se ressent en face (qu’on en soit conscient ou pas).
2 – Ne pensez pas que le mieux pour l’autre est de lui dire oui
Le oui est à court-terme. Mais un oui qui vous met en effort empêche l’énergie de circuler. Vous mettez une pression énergétique sur la personne en face. En disant oui alors que c’est non, votre inconscient ne lui pardonnera pas. Vous serez fébrile, possiblement en colère, jugeant, agacé, en panique. Bref, l’énergie dans laquelle vous réaliserez votre oui ne sera bonne ni pour vous (et vous le sentirez direct), ni pour l’autre (peu importe qu’il s’en rende compte ou pas, peu importe).
Si vous dites Oui alors que vous pensez non, vous infantilisez votre interlocuteur. Si lui n’est pas capable de recevoir un non, c’est qu’il a besoin de travailler à cet endroit. Et alors, ça lui appartient. En le sécurisant par votre oui, vous l’empêchez de contacter son nœud intérieur. Votre rôle n’est pas de lui éviter de faire le taf (libérer ses blessures émotionnelles) mais de faire ce qui est juste pour vous. Car ce qui est juste pour vous est juste pour l’univers, donc pour l’autre.
3 – La règle pour être soi est de ne jamais être en efforts
Si vous devez avoir un indicateur dans votre rapport à l’autre, c’est que vous ne devez jamais être en efforts. Difficile à atteindre d’emblée, mais c’est un objectif. Et il finit pas se réaliser, malgré nous, dès lors qu’on enclenche un chemin vers soi.
Pour l’exemple, les enfants, les animaux, ne sont jamais en efforts (les petits enfants), et c’est ainsi qu’ils sont rayonnants et… mignons. Vous êtes un humain et un animal. Vous avez été créé pour être guidé par votre intérieur, votre instinct, votre énergie. Si vous voulez vous sentir heureux, observez (ou commencer à…) quand vous êtes en effort. Vous n’êtes alors assurément pas au bon endroit. Quelle que soit la pensée de la personne en face. Quelle que soit la situation. Quelque chose n’est pas ok. L’énergie ne circule pas.
4 – Un effort choisi n’a pas le même effet délétère
Si vous décidez en conscience de faire quelque chose, même si ça vous embête, l’énergie circule mieux. Par exemple quand, en conscience, vous ne voulez pas supporter les conséquences d’un non et que vous assumez pleinement l’ennui ou la charge de l’action. L’effet délétère de l’effort diminuera alors drastiquement. Ca ne veut pas dire que vous ne le regretterez pas en cours d’action. Mais au moment du choix, vous êtes centré sur vous et non en déresponsabilisation sur l’autre. Car l’autre n’a rien à voir dans l’histoire. C’est entre vous et vous.
Ce n’est donc pas la même chose de ne pas avoir envie de faire quelque chose et de CHOISIR le oui malgré tout car on accepte que là actuellement, nous ne sommes pas capable de dire non, ou de se sentir obligé de le faire et SUBIR le oui. Et évidemment en vouloir, consciemment ou pas, à l’autre. A la vie. Ou à nous-même.
Ce choix en conscience change tout, car dans le 1er cas, nous acceptons notre processus et notre vulnérabilité, nous acceptons le compromis car nous ne sommes pas Ghandi, quand dans l’autre cas nous refusons la responsabilité de notre incapacité. Nous refusons d’accepter notre incapacité car nous croyons que c’est mal. Que nous devrions y arriver. Que nenni. Nous sommes en processus. Nous faisons de notre mieux… et c’est déjà pas mal comme ça, à l’instant T !
5 – Si vous ressentez de la culpabilité
Vous n’osez pas dire non car vous culpabilisez d’être une mauvaise personne.
Inversez la situation et posez vous la question de ce que vous voudriez que l’on vous offre en retour. Aimeriez-vous qu’on vous dise oui de façon contrainte ? Si oui, continuez à dire oui.
Au contraire, si vous sentez combien il est malaisant de savoir qu’on vous dit oui contraint, creusez votre ressenti. Vous avez besoin d’être nourri énergétiquement par l’envie de l’autre, comme en amour, comme en mode projet, comme partout. La décision contrainte ne vous apporte pas le plaisir attendu. Si oui, alors, épargnez cet inconfort énergétique à l’autre.
Si vous avez en face de vous une personne qui préfère un oui contraint, c’est qu’elle est dans la compulsion et le rapport de pouvoir (elle prendra votre non personnellement). C’est ok. Nous pouvons l’être aussi. Mais souhaitez-vous rentrer dans ce système ? Ce n’est pas rendre service à l’autre. Laissez le affronter lui-même ses émotions et ses nœuds intérieurs. Comment entamera t-il sinon son propre chemin ?!!
6 – Pourquoi êtes-vous sur terre ?
Pour faire l’expérience de vous et comprendre qui vous êtes. Vous êtes incarné dans un corps et dans une nature, et vous faites l’expérience de ce que votre moi profond est, veut, et ne veut pas. Chacun fait la même expérience. En respectant le désir de l’autre contre votre propre désir, vous faites injure à l’univers, à votre moi profond. C’est tout. Ecoutez-vous et tout s’accordera autour de vous. Soyez conscient que les pensées qui vous expliquent le monde autour de vous… ne parlent au nom de votre moi profond. Généralement, elles racontent même pas mal de conneries…
7 – Quoique vous décidiez, soyez vulnérable
Ce que vous avez à dire à l’autre, dites-le comme c’est, dans votre besoin, dans votre ressenti, sans attendre de l’autre qu’il valide ou qu’il soit ok. Il sera ce qu’il sera. S’il le prend mal, c’est que ça lui appuie sur un point sensible, et vous lui donnez l’occasion de s’en rendre compte. S’il est blessé, restez centré, acceptez le silence.
Restez pleinement dans votre vulnérabilité intérieure. Ferme et vulnérable à l’intérieur. Vous sentez ? C’est là où est la puissance. Quel est mon besoin ? Sentez comme il est bon de respecter son besoin d’humain, de lui donner crédit, même s’il parle d’une fragilité. Même si vous doutez encore de sa légitimité. Même si vous avez peur de la réaction en face. C’est ok.
Posez-vous la question quand votre pensée doute et pointe votre tort éventuel : est-ce là mon âme qui parle ou mon mental ? Si vous vous posez cette question à chaque fois qu’une pensée vous assaille, vous verrez qu’un doute (bienfaisant) dans l’autre sens alors s’installera.
8 – Vulnérabilité et priorité
Quand vous êtes ok pour être vulnérable et que vous acceptez la peur, ça donne des positionnements comme ça :
- Pour L. qui en a marre de méditer après 2h : « Marie, je me sens fatigué, je vais rentrer. C’est ok pour toi ? »
- Pour S. qui n’a pas envie de passer un weekend avec des amis sans pouvoir parler de soi vraiment : « Merci pour l’invitation Pierre, mais non. Je ne me sens pas bien actuellement en groupe, ça me challenge, je préfère rester au calme. »
- Pour M. qui sent que les déjeuners avec cette copine la plombent : ‘Merci pour cette proposition Patricia, mais je suis dans une phase sensible actuellement, j’essaie de limiter les interactions parce que ça m’affecte ».
Si vous sentez que l’autre ne peut pas prendre la vérité, enrobez là comme vous le sentez. La priorité, c’est vous.
Si vous sentez que vous ne pouvez pas servir la vérité, trouvez une excuse. La priorité, c’est vous.
Si vous sentez que vous n’avez pas besoin d’expliquer votre besoin, dispensez-vous :
9 – Accepter le silence pour éviter de se justifier
Accepter le silence… Si vous ne pouvez pas acceptez le silence, vous vous sentirez obligé de combler par des justifications. Le silence est juste. L’autre digère. Mais c’est sans doute inconfortable parce que nous aussi, on se sent mal. On a envie de combler. D’expliquer. Expérimentez l’acceptation du silence et du ressenti intérieur pile à ce moment là. Ne remplissez pas. Que ressentez-vous quand vous ne comblez pas le silence ?
Quand nous commençons à nous justifier, nous ouvrons la porte, pour l’autre, à un système. C’est parfois difficile pour l’autre de ne pas craquer. Car en nous justifiant, nous lui offrons la possibilité de remettre à l’extérieur la responsabilité de ce qu’il ressent là. D’être en conscience avec le fait que ça ne parle que de lui, et d’une blessure originelle (on ne m’aime pas, c’est parce que c’est moi, je ne suis pas assez, il est déçu, elle ne m’aime pas, elle s’ennuie avec moi, je ne suis pas assez intelligent, etc.). Peu importe.
Que ressentez-vous dans le silence ? Il y a de l’émotion. Ressentez-là. Que dit-elle ? Quoiqu’elle dise, il y a une croyance derrière.
10 – Rapport de pouvoir, système et implicite
Sentez si on vous demande des justifications (rapport de pouvoir) ou des explications (pourquoi pas).
Les explications sont le besoin de comprendre. Vous devez néanmoins veiller à ce que la curiosité en face soit la réalité à chaque seconde, et non une argumentation ou une demande de justification. Dès que l’énergie part dans de le combat, l’accusation ou la demande de justification, reculez. Ne rentrez pas dans le système. Vous pouvez même couper l’énergie (voir Shut down ci-dessous).
Vous noterez que là encore, ce qui génère la contrainte, ce n’est pas l’expression du ressenti et du besoin de l’autre, mais sa façon détournée de vous faire sentir que vous devriez vous justifier. La charge est beaucoup plus grande quand la demande est implicite et non exprimée clairement. La pression énergétique alors grandit. Et on peut s’y soumettre plus facilement car on est perdu entre le signifiant et le signifié.
Observez votre ressenti, ce que dit votre corps. Si ça contracte, c’est que votre interlocuteur n’est pas/plus dans questionnement ouvert et curieux, ou dans le partage de son ressenti, mais dans la signification implicite. Observez. Ressentez.
NB ; spécifiquement pour un hypersensible, la signification implicite est très absorbante. Car c’est une énergie détournée. Pas claire. On peut donc s’y soumettre très rapidement. Vous êtes comme absorbé par cette énergie cachée. Vous devez vous entrainer à les voir. Elles sont ok. Mais vous pouvez décider de ne plus les absorber. De les voir. Simplement. Et ce n’est pas votre cerveau qui vous aidera dans cette tâche. C’est votre corps, votre ressenti.
Ce qui est dit ou exprimé clairement peut être blessant, mais n’a jamais le même effet « absorbant » que quelque chose qu’on vous fait ressentir sans en prendre la responsabilité. Dans le 1er cas, la personne s’expose, l’énergie circule, même si c’est de la colère, vous savez à quoi vous avez à faire. Dans le 2è cas, l’énergie est retenue, vous vous sentez mal, sans bien comprendre pourquoi.
J’ai remarqué que ce rapport énergétique était assez courant entre les filles et leur mère. La mère est culpabilisante. Elle tente le système et la fille saute à pied joints dedans car elle veut aider sa mère.. ou culpabilise de ne pas l’aider. Elle se sent alors absorbée et très mal. En fait elle déresponsabilise malgré elle sa mère de sa propre m****. Si celle-ci veut changer quelque chose, ce n’est clairement pas auprès de sa fille que le changement pourra commencer. Alors a t-elle fait un pas vers le changement ? Non ? Oui ? Peu importe. Mais ça n’a rien à voir avec sa fille.
11 – Le Shut down
Le shut down est le moyen le plus efficace pour couper court à une discussion en mode système (pompage d’énergie, rapport de pouvoir). Toute discussion qui ne s’appuie pas sur une recherche de vérité est un pompage d’énergie. Justifications, misérabilisme, jugements implicites, mise en cause signifiées, tout ça est de bonne guerre, nous le faisons tous, et c’est un pompage d’énergie.
Mais dès que vous sentez que votre interlocuteur n’est plus dans la quête de vérité mais dans autre chose, dès que vous vous sentez contraint, en tension intérieure dans votre corps, dès que vous sentez un sous-entendu, quelque chose n’est plus juste et vous pouvez décider d’arrêter l’alimentation.
Vous respirez, vous vous centrez, vous vérifiez que vous êtes ok avec la légitimité de votre besoin, et vous coupez l’énergie. C’est très intéressant à observer. C’est là que vous découvrez que l’autre a besoin de vos contre-argumentations, de vos explications, de tout ce substrat pour alimenter son énergie. Si vous n’êtes plus là, l’énergie rebondit sur du vide. L’autre reste alors dans sa propre tension. C’est une prise de judo !
Donc vous arrêtez d’expliquer, vous ne racontez plus, vous ne répondez plus, ou évasiment.
NB : dans les relations d’emprise, il y a ce système du disque rayé que vous vous connaissez peut être. Tout ce que vous pouvez dire, exprimer, sera à charge contre vous et sera utilisé pour vous en rajouter une couche. Vous pensez expliquer pour que l’autre comprenne, mais le but n’est pas la vérité mais le défoulement de la blessure non libérée chez l’autre. Vous servez donc de catalyseur pour évacuer l’énergie. La meilleure façon d’arrêter le système en cours, est parfois de répéter la même phrase, sans changement, donc sans aucune nouvelle prise : je ne suis pas disponible maman ce vendredi. Oui mais je ne suis pas disponible ce vendredi. Hélas, je ne suis pas disponible ce vendredi, etc.
C’est rigolo…
12 – Acceptez vos limites
Si vous ne vous sentez pas prêt à dire simplement votre besoin, dites le avec vos mots, de façon plus évasive. Faites en sorte que ça ne puisse pas être pris personnellement : pas de tu, pas d’implicite. Restez toujours sur le je, le ressenti et surfez.
Si vous vous sentez obligé de mentir, assumez-le. Vous, ou votre inconscient, n’est pas encore prêt à signifier une rupture ou un positionnement clair, et c’est ok. Ca viendra plus tard. Respectez-vous. Vous êtes en cours de processus. Quand vous serez prêt à dire clairement non, vous le sentirez. Votre priorité est de ne pas être en efforts car alors l’énergie ne circule plus en vous et vous le paierez ensuite corporellement, émotionnellement. S’il faut mentir pour cela, c’est mieux que dire oui.
Parfois, on peut choisir de dire oui car voilà, on s’est raté sur ce coup là, on s’est trop avancé, mais on veut assumer sans se raconter que c’est la faute de l’autre. On assume le moment pénible que l’on va passer. Alors ok. Assumez-le. Dans cette prise de responsabilité, il y a aussi l’humilité d’accepter que vous n’êtes pas (encore) Jésus ou Ghandi. Vous êtes en process. Vous ne pouvez pas dire non, comme ça, aussi facilement. Être en conscience de votre besoin et assumer cette difficulté, c’est accepter votre humanité et le process, c’est très beau. Profitez de cette expérience car elle est énergétique et fera de toute façon bouger votre intérieur. Même si vous vous faites ch*** pendant 2 heures ou un weekend. La prochaine fois, ce sera différent car vous serez en conscience.
Voilà pour ces 12 règles.