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Il y a quelques temps, pas longtemps, j’ai vécu un « moment » avec ma mère.
J’ai vu ma mère être « en train d’être » systémique avec moi. Ca m’a fait un petit choc relatif, surtout que, en live, j’ai vu pourquoi. Je voyais ce qui l’animait derrière ce comportement qui tentait de me faire sentir que c’était moi, le problème.
Ce qui a été étrange aussi ce jour là, c’est que j’ai senti que sa façon d’être n’accrochait pas sur moi. Pour une fois. Je ne rentrais pas dedans. Je ne me sentais pas téléguidée par une énergie douloureuse dans le plexus qui me faisait me sentir mal, souffrante de ne pas être créditée, justifiante que je vaux le coup.. . Du coup je l’ai vue. A ce moment là, j’ai senti que ce n’était pas ma mère. C’était Marie-Thérèse, un être comme un autre qui se débat dans ses propres contradictions. Et tente laborieusement de remettre le gâteau entre les mains du con d’hypersensible qu’elle a devant elle, qui normalement prend la responsabilité de tout, et dira amen au gâteau qui lui ai servi, ou à la crème parce que c’est assez sirupeux.
En l’occurrence, l’histoire est anodine, ça parle de gâteau.
Ma mère s’était plainte de ne pas pouvoir nous faire de gâteau quand on vient le dimanche puisque ma grande et moi mangeons sans gluten et sans lactose. Quelques jours après, je lui avais proposé de lui apporter une recette simple et les ingrédients d’un gâteau sans gluten. Elle m’avait dit alors ok.
Cependant, quand je suis arrivée, elle était d’humeur maussade, me faisant sentir que je la faisais ch*** mais sans être précise ou explicite. Bref, par tout ce que je faisais, disais, étais devenait un problème sans que je me le dise comme je le dis ici.
Juste la sensation rapide de douleur, d’angoisse, et l’émergence de l’identité souffrante habituelle qui tente désespérément et sans succès d’être reconsidérée, requalifiée, justifiée. Le tunnel.
Sauf que là, j’ai senti l’identité et son énergie pousser au portillon, mais pas assez pour que « ça » prenne le pouvoir. Pour que je fusionne avec… J’ai senti une autre part de moi qui se demandait au contraire si la personne en face de moi ne serait pas en train de vouloir me faire porter un chapeau qui finalement, n’était pas le mien. Ça m’était jamais arrivée cette distance. J’avais toujours été dans la douleur. Là je la regardais, la mère.
Quoi, ma mère pouvait-elle faillir ? C’était la question. Pouvait-elle faillir et moi non ? Était-il possible qu’elle me fasse chier alors que c’est elle qui n’avait pas su dire non, simplement ?
J’ai commencé à l’investiguer. Je ressentais pas de noeud, j’en avais rien à foutre à vrai dire. Je l’ai travaillée. Elle m’a finalement signifié, pas dit vraiment franchement, mais fait comprendre, que je lui mettais la pression comme toujours. Comme elle le signifiait sans le dire clairement, j’ai senti combien cette énergie du signifié mais non dite me mettait énergétiquement sous emprise. Je l’ai sentie pousser, comme si son mental émettait une énergie qui me poussait vers un ressenti, un état d’être, là une disqualification de mon Être.. Bref, j’ai senti ma porosité d’hypersensible et son « moelleux » face à l’énergie mentale, comment si en moi, ça se laissait « façonner » par ce qu’elle me signifiait…
C’était génial de voir ça en live.
Finalement, ça c’est conclu par un grand déballage de Je suis dans le dialogue.
Pourquoi tu ne m’a pas dit non ?
Parce que blablabla
J’entends bien, mais il t’appartient de dire non quand c’est non. Si tu veux pas ces ingrédients, dis le et je les reprends. T’as pas besoin de me signifier que blablabla. Il suffit de faire une demande claire et j’y répondrai. Quelle est ta demande ?
Oui mais blablabla.
Je vais la faire à ta place. Tu aimerais que je reprenne les ingrédients ? Je les reprends. Tu vois, c’est facile, hop, ils sont là, et hop, ils sont plus là. T’as vu ? C’est simple hein ? Tu demandes et ça se fait. Il y a autre chose que tu veux me demander ?
Non.
Alors on est bon ? Mangeons.
J’ai compris que demander pour ma mère, c’est renoncer à sa posture de victime face à toute sa vie de contraintes subies. Or elle ne veut pas prendre sa responsabilité. Elle ne peut pas faire de demande claire parce qu’elle risquerait d’obtenir ce qu’elle veut, ce qui ne lui permettrait d’être victime des autres, dont Gwenn. Ce qui la mettrait face à la responsabilité que toute sa vie, elle a eu finalement le choix. Et ça la fait trop ch*** ! Pour l’instant. En tout cas le bénéfice à reconnaître sa responsabilité n’est pas suffisant face à la souffrance que cela engendre. Surtout à 82 ans. Mais sa volonté d’intégrité est suffisamment en revanche élevée pour que quand même, la conscience puisse être progressivement autorisée… enfin nous verrons.
L’impossibilité à faire une demande claire, c’est forcer la vie à nous confirmer que nous sommes une victime en mettant l’autre dans la position qui nous arrange. C’est refuser la responsabilité des conséquences possibles. Et mettre la responsabilité sur l’autre, c’est se raconter que c’est la faute de l’autre. On fait tous ça. La question est de s’en rendre compte… et la question est surtout pour celui d’en face. S’il s’agit d’un idiot d’hypersensible, il est probable que ça va marcher… puisque son truc à celui-là, c’est de prendre la responsabilité de tout !
Comme la vie est bien faite de faire se rencontrer celui qui veut balancer sa responsabilité à l’extérieur et celui qui se sent responsable de tout. Quel beau système elle nous offre…
J’ai raconté cette histoire à des personnes que j’accompagne. On m’a demandé comment se mettre dans la posture Je suis face à une relation toxique. Je le partage ici.
Se mettre dans la position de Je suis ?
Comment réagir avec Je suis quand on est face à quelqu’un qui nous pourrit (ma mère) par exemple ? Comment as-tu fait toi avec ta mère la semaine dernière ? Réponse S.
La question n’est pas tant comment je réagis, parce que si je me pose la question de bien réagir, c’est que je suis encore dans la réaction face à l’autre, donc dans la dépendance au regard de l’autre, donc dans la volonté mentale de compenser quelque chose, ici peut être le respect de soi ou la perte de pouvoir. Et c’est normal parce que nous essayons de compenser tout le temps. Enfin notre mental essaye de compenser. Mais nous sommes au contraire inviter à faire des expériences, et non à lutter contre les expériences.
Si ça veut réagir en toi, peut-être demande toi d’abord de quoi tu refuses de faire l’expérience. A quelle expérience d’humiliation ou d’infantilisation tu veux t’échapper ? Accepte de la faire au moment même tu vois ta résistance. Pleinement.
Observe l’expérience. Ressens là. C’est ce que te demande ton âme. C’est le rôle qui t’es proposé par le scénariste, ton âme, l’univers. Alors prends le, au moins quelques secondes, et habite le. Tu es immobile. Et tu respires l’expérience que tu as commandé à ta mère, ton patron, ta copine, etc.
Au moment même où tu vas la vivre, où tu vas accepter l’émotion, le rôle, la pièce, même si elle ne te plaît pas au niveau de l’ego, quand tu acceptes pleinement de vivre l’instant de « c’est l’histoire d’un mec qui vit l’humiliation ou l’infantilisation », une partie de toi va se détacher et observer l’expérience. C’est Je suis.
Tu ne fais rien, tu n’essayes rien, tu ne penses rien, tu ne fais que observer l’expérience du mec qui fait l’expérience de ça. Comme si tu avais accepté un rôle dans un film. Et la vérité c’est que tu as accepté le rôle dans ce film. Et tant que tu refuses le rôle, que tu résistes à l’expérience, elle va persister.
Ensuite, une fois que tu as bien accepté de vivre cette expérience (accepter de vivre l’expérience peut prendre quelques secondes, et sentir qu’on y résiste d’abord prend aussi quelques secondes, ou des minutes, ou ne pas arriver), que tu sens l’énergie passer, sans plus de résistance, tu changes ton focus et tu examines l’autre.
Observe que ce qu’il te dit pourrait faire l’objet d’une demande claire et neutre, en mode CNV. Ce n’est pas le cas. Il y a une intention, un jugement, une étiquette derrière, bref, il y a une énergie qui a besoin de te faire sentir d’une certaine façon.
Observe ça.
Observe ce qui anime ça en arrière plan. Qu’est-ce qui se joue en lui/elle pour qu’il/elle ait besoin de faire ça à l’autre, et ici à toi ? Tu vas observer ça comme si tu étais en train de regarder un film, c’est à dire que tu n’es pas, tu n’es plus acteur du film, tu ne le prends plus personnellement. Tu es observateur du tunnel de l’autre. Tu mates un film quoi. Mais, ça peut t’amener de l’émotion, l’émotion de Je suis. On en parle après. Mais peu importe; Tu es dans l’instant entomologiste de l’autre.
Pour arriver à cette observation d’entomologiste, il faut que tu aies d’abord accepter l’expérience avant. Et que la dissociation avec le mental ait suffisamment progressé (et elle progresse mécaniquement quoiqu’on fasse mais ça arrive à un certain stade du processsus) pour pouvoir se faire là. Ca veut dire qu’une part en toi ne part plus du principe que l’attitude qui a lieu envers toi est normale. Que tu la mérites ou que tu l’attires par ce que tu es. Bref, que maman ou l’autre en face est normal. Et donc toi non. C’est toi le problème.
Observer l’autre, c’est accepter l’idée qu’il soit systémique. Décompensatoire. Et c’est une idée qui peut être douloureuse, surtout quand c’est maman. L’enfant ne supporte pas que l’autre soit déficient dans l’amour. Il préfère penser que c’est lui qui défaille qu’imaginer que maman n’est pas dans l’amour inconditionnel. Le problème, c’est que l’amour inconditionnel, ce n’est pas maman, c’est Dieu. Or comme nous sommes dans une société qui n’est plus ou mal reliée à Dieu, ça met d’autant plus de pression sur maman… qui n’est pas à la hauteur du besoin, évidemment, d’autant plus que la civilisation l’a bien abimée elle aussi. Bref.
Remettons un peu de distance à ce moment là, et rappelons nous que finalement, nos parents ne sont que des humains comme nous, parents ici, grande soeur, cousin ou pire ennemi dans une autre vie, et que tout ce cirque/film de l’expérience n’empêche pas le fond, la base, l’amour. Quand on se retrouve dans les coulisses là-haut, on s’aime beaucoup, y a pas de problème; rappelons-nous ça, c’est important pour accepter ce qu’il se passe ici bas.
Puis, quand tu observes l’autre dans le système dans lequel il est pour décharger, pour ne pas être confronté à sa propre souffrance, à sa propre illusion, comment il tient tant à « te faire sentir que », il est possible que tu ressentes de la compassion. Si c’est le cas, ok. Si c’est pas le cas, ok aussi. En même temps, un truc en toi va peut être s’énerver, surtout si c’est la première fois. Ca va dire : « oh mais hé, ça va aller merci, garde ton film et fais en ce que tu veux, mais sans moi » ou « mais dis donc, on n’a pas garder les vaches ensemble » ou « ah mais non, là, ta merde, tu te la gardes, je rentre pas dans ça ».
C’est Je suis.
Il y a des gens qui sont beaucoup dans Je suis spontanément. Ils ne sont pas hypersensibles. Rarement. Ils protègent le socle dans le ventre, et faut pas les faire ch***. Ceux-là peuvent être coupés de la vulnérabilité, du cœur ouvert en mode Ubuntu, de l’innocence de l’ange qui est notre précieux. Chacun sa croix. Mais Je suis est entier.
Quand Je suis s’exprime (pour un hypersensible qui reprend le pouvoir, sinon c’est plus flinguant), il s’exprime très peu, car son énergie est son vecteur d’expression. Il passe du corps à l’autre corps. L’autre sent quand on se retrouve dans Je suis. Le premier signe est que notre regard est observateur et non souffrant ou justifiant et tourné vers sa propre misère. Il va dans les yeux de l’autre, pour observer. C’est déstabilisant pour l’autre. Parce qu’il commence à sentir que son film ne passe pas. Il serait « vu » ? Ouh la. Merde.
L’autre signe est que Je suis n’a pas peur du silence. Au contraire. Je suis aime sentir le silence et l’énergie, parfois un peu douloureuse, circuler dans les deux corps. Il s’attarde à ressentir l’inconfort énergétique dans l plexus, le ventre, le diaphragme, à travers ce silence et à faire circuler cette énergie un peu désagréable.
Le silence est confrontant pour le mental. Car le mental a besoin d’une cible qui réagit, qui se justifie, qui explique, qui alimente énergétiquement le système. Qui se morfond. Qui donne sa confiance. Qui ne voit pas le jeu. Le mental systémique sait quand il est vu. Il le sent. Il peut basculer alors du tout au tout. Il peut s’effondrer d’un coup. Le regard qui dit « je te vois » et le silence observateur le renvoient à sa folie. A sa faiblesse. Bref, il tangue.
C’est une expérience que j’ai beaucoup faite quand j’accompagnais les auto-entrepreneurs. Ils étaient pris de haut de façon systémique par certaines personnes de l’administration, parfois de façon très humiliante et traumatisante. Quand ils venaient me voir, ensemble, par téléphone, on renversait le système. Je me sentais comme une araignée qui tisse sa toile. Je les voyais, avec leurs questions signifiantes, leurs silences, l’énergie subtile qui tient absolument à faire sentir à l’autre qu’il est bizarre ou que ses questions sont débiles, bref, qu’il est con. Je faisais l’innocente pour leur laisser un peu d’espace, prendre confiance, puis je les choppais. C’était à mon tour de questionner et je sortais le rouleau compresseur. Souvent juridique. Ils balbutiaient, ils étaient soudain perdus. Derrière, il n’y avait plus rien. Ils étaient juste petits comme des enfants. Faibles. Ils étaient juste pilotés par leur égo inconscient pour faire se sentir faibles et nuls les gens qui étaient un peu fragilisés et décaparaçés par leur changement de vie, leur burn out, leur aspiration dans le cœur à être indépendants.
Les personnes très systémiques sont souvent très affaiblies. Leur mental compense beaucoup parce qu’elles ont très peur d’être épinglées, jugées, disqualifiées. C’est ce qu’elles ont vécu dans l’enfance. Elles ont été coupées de leur puissance, c’est à dire de la reliance à l’Être. Elles sont donc persuadées, au fond, d’être des merdes. Il n’y a aucun lien intérieur qui leur donne le sentiment de puissance.
Pour leur mental compensateur, la meilleure défense est donc l’attaque. C’est de bonne guerre, mais nous ne sommes pas là pour donner du grain à moudre au mental de l’autre. Derrière il y a un être coincé avec ce mental, ce qui l’empêche de faire les expériences, donc de tirer l’enseignement et libérer ses blessures, donc encore derrière, de jouir de la vie. Donc ce n’est pas marrant non plus pour l’autre d’avoir un idiot d’hypersensible qui rentre dans le système. C’est cool pour le mental. Mais pas pour l’Être qui cherche à récupérer le fil de sa dignité.
Envoyer le mental de l’autre dans les cordes participe à sa libération. C’est une nécessité et aussi une aide. Et évidemment, envoyer le mental de l’autre dans ses cordes n’est pas pareil que faire ce que l’autre fait, c’est à dire décharger en mode compensatoire sur l’autre. Il faut bien faire cette différence, sinon on s’interdit Je suis 🙂
Dire merde, non ou dire ça suffit, ce n’est pas avoir besoin de faire sentir/dire à l’autre qu’il a un problème. C’est poser une limite en respectant son adversaire, comme un samouraï, ou Gandhi. Et si l’adversaire n’est pas à la hauteur de cette considération, tant pis pour lui. Ca n’a pas d’importance.
Ensuite, Je suis s’exprime. Il est souvent ferme, succinct, les mots sont simples. Ils remettent l’autre dans ce qu’il est : une personne, un enfant en panique qui mord avant d’être mordu. Ca peut dire : « si tu ne veux pas ça, je t’invite à me le dire ». « Si tu as une demande, je t’invite à la faire ». « Si ma vie ne te convient pas, je t’invite à regarder la tienne – ou à t’occuper de la tienne « , « etc. Ca peut être poli, mais aussi sec et expéditif. Ce n’était pas insultant. C’est calme. Ancré. C’est les yeux posés dans les yeux de l’autre. Et si ça défaille, c’est ok, Je suis s’installe progressivement en nous de toute façon.
Pour arriver à cette soudaine prise de pouvoir de Je suis, presque malgré soi, nous pouvons avoir une longue phase de processus avant. De brûlage de karma et de pratique de l’Être. Ca vient un jour ici, puis là. Ca fait son chemin en fonction de ce que l’on crame. Donc l’expérience vient quand elle est prête à être vécue. Elle ne doit pas être forcée. On ne doit pas essayer d’être dans Je sis. On doit observer ce qu’il se passe et accepter l’expérience d’abord. Sinon rien n’arrivera.
Dernière chose : souvent l’hypersensible a peur de réagir pour ne pas créer de la tension ou du conflit en pétant un câble ou en cassant l’autre. Mais Je suis ne rentre pas dans une bataille. Je suis parle au personnage de l’autre pour le faire rentrer dans ses cordes, pour laisser la dignité de l’autre prendre la place. Il respecte son adversaire. Je suis peut être en colère, ou sec, ou envoyer l’autre dans ses cordes ou il peut être doux, neutre, ferme, tranquille. Peu importe. Ce n’est pas un concours d’autorité, d’égo, de couilles. La réaction de l’autre n’a aucune importance dans un sens. Je suis faire l’expérience de Je suis. C’est tout. C’est ce qui est demandé. Faire l’expérience de soi, là, dans cet instant.
Etrangement, quand on sort de l’échange, même si l’autre a continué son cirque, rien compris, continué à conseiller, se plaindre, nous faire sentir que, ou même si notre Je suis s’est carapaté en cours pour laisser la place au personnage noué et paniqué qui se sent coupable ou humilié, les quelques secondes d’observation vécues nous ramènent toute notre dignité. Et la satisfaction de sentir que quelque chose change et se mue.
Je suis est un put*** de kiffe.