Sur ce long article, je présente le pourquoi de l’hypersensibilité et ce que l’on peut en faire. Ce texte est long, on peut aussi :
- Découvrir le blog sur l’hypersensibilité
- Aller directement à l’aide individuelle : Libérer mental et émotions ou soin Kundalini.
- Pour une démarche collective, rejoindre le groupe Kundalini | En quête de Je suis.
Le carcan
L’hypersensibilité est une forme de réaction à un carcan intérieur. Le carcan intérieur est ce que nous construisons en nous au fil des années à partir de l’enfance et de l’adolescence pour rester relié, intégré à la société, et en lien avec l’autre, pour nous adapter à un système qui n’est pas forcément adapté à ce que nous sommes, à l’humain.
Le carcan est ce que nous prenons du discours et modèle collectif. Il nous éloigne et discrédite la voix intérieure qui tient un autre discours et se manifeste par les sensations, les émotions. Au bout d’un moment, la voix intérieure se manifeste par la maladie et le mal-être.
Dans une civilisation qui aurait pour priorité de nourrir nos besoins existentiels humains, le carcan n’aurait pas à se construire puisqu’il n’y aurait pas deux voix, celle de la civilisation et celle de la voix intérieure. Une identité adaptée n’aurait pas à se construire.
La force de l’identité adaptée est ainsi variable d’une civilisation à une autre. Selon pourrait-on dire l’adaptation de la civilisation à ce que c’est qu’Être humain (voir « Ce que nous disent les peuples premiers » de Frederika Van Ingen). Moins la civilisation est adaptée à notre humanité, plus l’humain refoule son soi pour s’adapter. Et plus le soi se manifestera pas des émotions et de la maladie.
Les besoins existentiels de l’humain
Certaines civilisations, surtout les peuples premiers, donnent toute leur priorité à nourrir les besoins existentiels de l’humain. Quels sont ces besoins ? Ceux-ci, et quelques autres.
- j’ai besoin de me sentir aimé et respecté tel que je suis, sans jugement, sans injonctions
- j’ai besoin de mettre mon énergie et mon temps dans ce qui fait sens pour moi et seulement dans ce qui fait sens
- j’ai besoin de me sentir écouté et aimé dans mes ressentis, dans mes émotions, dans ma vulnérabilité
- j’ai besoin de me faire confiance comme je suis et comme je ressens les choses
- j’ai besoin d’être relié(e) aux autres de façon authentique et non jugeante (ou défiante), de me sentir un.
- j’ai besoin d’être en projet, en action, de manifester ma créativité, mon inspiration intérieure de façon vibratoire
- j’ai besoin de me connecter au tout et aux autres de façon naturelle, spontanée
- j’ai besoin que mes perceptions soient reconnues et validées par l’extérieur
- j’ai besoin de me sentir utile, parti au projet collectif, indispensable et parfait dans ma singularité
- j’ai besoin d’être en conscience et libre d’être ce que je veux
Selon la civilisation, certains besoins seront particulièrement nourris. Ainsi l’Afrique est axée sur l’Ubuntu, l’acceptation de l’autre quel qu’il soit, se sentir un, et sur la reliance à plus grand. L’Asie sur la circulation d’énergie, la connexion au tout et la conscience de soi. L’Occident s’est axée sur la sécurité, la réussite, la normalisation, et la rationalité. Ce sont des besoins réels pour l’humain, mais maltraitants pour l’Être s’ils deviennent la priorité en ignorant les autres.
En choisissant d’autres priorités que celles des besoins « primaires » humains, en s’attachant à définir l’humain comme ayant surtout besoin de : sécurité, réussite, propriété, savoir, construction, on l’oblige à s’adapter, quitte à le disqualifier s’il ne s’adapte pas. Il est difficile dès lors de ne pas faire naître à l’intérieur un « tyran » personnel qui nous exhorte à l’adaptation et à l’intégration. Et qui se faisant nous incite à contrôler et à abandonner tout ce qui était nous dans l’enfance : spontané, naturel, émerveillé, connecté, déterminé, confiant et libre.
C’est le carcan intérieur.
Être soi ou s’adapter ?
Il est inutile de chercher à échapper à sa nature profonde, cette dernière nous rattrape toujours. Jung
Ce carcan de contrôle ou d’adaptation, que nous soyons hypersensibles ou non, nous pose un problème : il empêche d’être nous-même, de ressentir pleinement nos envies, de faire des choix, de dire non à ce que nous ne voulons pas et de se sentir en vibration dans ce que nous vivons.
Il met en contrôle de soi, de nos émotions, de nos ressentis, de nos perceptions, de l’énergie en nous.
Chez les hypersensibles, le contrôle est moins efficace car l’hypersensible est resté connecté, bien malgré lui, à la voix intérieure. A son Être. A la vérité intérieure. Il ne le voit pas ainsi et se sent plutôt handicapé la plupart du temps. Mais tel un albatros dans une mare aux canards, son handicap vient de l’inadaptation de la mare à ses besoins humains.
Les canards ne sont pas mieux lotis, mais eux ont réussi à éteindre la voix intérieure, l’énergie, suffisamment pour se contenter de la mare et faire semblant. Ils ont d’une certaine manière choisi leur priorité.
Les hypersensibles croient avoir choisi. Ils veulent être heureux et s’intégrer. Ils souscrivent à leur carcan intérieur qui est la voix de la matrice qui leur dit : si tu veux être heureux, adapte moi et n’écoute pas tes émotions, ne sois pas vulnérable, sois fort, aies confiance en toi, réussis, fais comme les autres, aies l’air cool, naturel, sois sociable, déterminé, stable, etc. Mais la voix de l’Être n’est pas éteinte…
S’adapter selon la priorité
Evidemment, on peut poser la question : faut-il s’adapter ? Et qu’est ce que s’adapter ? S’adapter n’est pas visible de l’extérieur. S’adapter est une posture intérieure où l‘on contredit ce que dit la voix intérieure.
On peut être parfaitement intégré et être en accord et respect avec son soi.
On peut être hors système et ne pas respecter son soi.
La question est la négation du soi, le reniement du soi face à l’extérieur.
La persona [l’identité adaptée] n’est que le masque d’un assujettissement général du comportement à la coercition de la psyché collective. Jung
Plus le soi est précis et « jaillissant » à l’intérieur, plus il est contrôlé et refoulé, plus l’adaptation sera douloureuse et génératrice de mal-être.
C’est pourquoi les jeunes, et les adolescents vivent plus de mal-être que les adultes. Ils sont restés encore trop connectés à l’Être, à la voix intérieure qui se manifeste par de l’énergie, des émotions. Plus tard, l’énergie finit par s’éteindre pour la plupart. Une phase de tranquillité dans le contrôle a lieu. Adaptée mais insatisfaisante dans la durée. Frustrante. Peu vibratoire. Elle peut durer pour les profils très éteints. Ou s’arrêter pour les profils plus sensibles, plus « activés » sur un plan énergétique.
Parfois la vie nous fournit une « aide » extérieure. C’est la crise, souvent à mi-chemin vers la quarantaine ou cinquantaine : maladie, dépression, deuil, crise professionnelle, burn-out, etc. Ainsi pour ma part, j’ai eu des insomnies pendant 18 ans jusqu’à ce que ma voix intérieure finisse par prendre le dessus !
Cette modélisation de notre processus existentiel a été décrit par Dabroskwi et la théorie de la désintégration positive et avant lui par Jung avec l’individuation.
En résumé, ça donne : nous naissons connectés au soi et vivants, nous nous adaptons (ou tentons de nous adapter) à un modèle peu adapté à l’humain, la phase de contrôle fonctionne plus ou moins selon la force de la voix intérieure et sa manifestation, quand elle est trop forte nous crisons, et nous rentrons dans un processus d’affranchissement et de libération (la « désintégration positive » ou l’individuation).