Dans cet article, je brosse autour de l’hypersensibilité : pourquoi, la croyance de fond, la voie par la connexion à soi, la résistance au ressenti, la contradiction extérieure et les injonctions intérieures, la force de la présence pour bouger l’intérieur, la force de l’ego pour nous empêcher de bouger.
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Comment se manifeste l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité ne concerne qu’une frange de la population, minoritaire (pour l’instant).
Les hypersensibles ressentent plus que les autres : ils ressentent les non-dits, le manque de sens, les émotions des autres, les contradictions implicites. Ils ont plus d’intuition. Ils ne sont pas différents. Ils ont juste moins de contrôle que les autres. Ils sont donc aussi plus exposés.
Ces ressentis plus forts les mettent souvent en difficulté car ce qu’ils ressentent ne correspond pas à ce qu’ils sont « censés » ressentir. « Censés », de leur point de vue ou du point de vue extérieur, dans tous les cas, il y a résistance à l’intérieur. Et la résistance est particulièrement douloureuse.
Cette résistance au ressenti donne des symptômes qui sont les suivants : émotions débordantes, sensations de malaise avec les autres, manque de confiance en soi (se remettre en cause systématiquement, s’excuser souvent), sensation d’impuissance, sensation d’intensité intérieure frustrante, sentiment de solitude, incapacité à embrayer.
Sur le plan physique, l’hypersensibilité peut se manifester également avec des troubles chroniques : insomnies, fatigue ou maladies chroniques (physiques ou mentales).
La croyance spécifique de l’hypersensible
Certains hypersensibles gèrent leur barque sans être noués par une tension intérieure. Ils ont une forme de contrôle qui opère suffisamment pour que ça tienne. Généralement, ils ont un avantage considérable : ils donnent moins crédit à l’extérieur que les hypersensibles en tension. Ce qui veut dire qu’ils ne sont pas en négation de leur ressenti, même s’ils peuvent décider de se forcer ou de ne pas le suivre. Retirer son crédit à l’extérieur est une des clés pour arrêter la souffrance de l’hypersensible.
Le crédit à l’extérieur est en lien avec une croyance spécifique : les hypersensibles pensent et veulent penser que les autres sont comme eux. Ils raisonnent donc les attitudes et comportements extérieurs comme si c’était eux. Un mauvais comportement envers eux ne peut donc qu’être le résultat d’un mauvais comportement de leur côté. Et ce raisonnement n’est pas forcément conscient, il opère en arrière plan. Ca donne ainsi des personnes qui s’excusent beaucoup et préventivement. Ou rétro-activement. Car elles supposent qu’elles peuvent toujours faire un impair, une faute, déranger, blesser.
Quand une situation, une relation bloquent, l’hypersensible le prend donc personnellement et en recherche la cause chez lui. En étant auto-centré sur son insuffisance probable et sa quête, il ignore la réalité extérieure et ses contradictions, le système en place, l’obscurité chez l’autre. Il n’observe pas la réalité. Souvent, il ne voit pas que l’autre est piloté par ses propres blessures, par ses refoulements émotionnels, et que ce qui semble bloqué ne parle pas de lui, mais de l’autre.
Quelques caractéristiques types :
- Une dévalorisation et une remise en cause personnelle systématique en cas de blocage
- Un crédit, une confiance sur ce qui est dit à l’extérieur et donc une violente perte de sens quand ça ne suit pas
- Une capacité à s’engager fortement, et une remise en cause personnelle intense quand ça fait pschitt
- La croyance que les autres fonctionnent pareil, qu’ils ont les mêmes priorités (d’authenticité, de vérité)
- La négation du ressenti intérieur quand l’extérieur dit le contraire
- Le besoin de partager et d’écoute et une grande frustration dans la connexion à l’autre
- Un grand besoin sens, souvent ignoré ou sous-estimé dans leur façon de mener leur vie
On peut résumer l’hypersensibilité comme une résistance à ce que ça dit à l’intérieur.
Et pour une très bonne raison : parce que ça ne fait pas sens avec nos injonctions, et avec ce que nous dit l’extérieur.
Et comme une longue accumulation, forcément, de choses, d’attitudes, de relations qui nous contraignent de façon subtile et qui nous rendent de plus en plus à vif à mesure que nous nous y exposons. Car l’exposition continue tant que nous n’entendons pas le message intérieur.
La résistance et les croyances
Nous résistons à l’intérieur car nous sommes perclus de croyances inconscientes. Ce sont des équations erronées, formées depuis l’enfance ou l’adolescence, que nous remettons pas en cause parce que nous ne les voyons pas. Nous sommes dedans. Donc aveugles.
Elles nous racontent beaucoup de choses sur nous, sur notre incapacité, sur notre insuffisance, sur les autres, sur le monde, sur ce qui doit être, sur ce qu’on devrait accepter, sur ce qu’on devrait vivre, sur ce dont on a besoin.
Souvent, nous pouvons avoir un discours raisonnable qui discrédite la croyance quand on la voit si bien chez les autres, et une part inconsciente en nous qui fonctionne encore sur son fondement. Mais nous ne le voyons pas. Ca m’arrive souvent et à chaque fois que j’en prends conscience, je suis toute ébaubie de cette découverte …
Tout a un sens et nous ne sommes pas victimes. Ni insuffisants.
Les deux pistes qui se dégagent
- Nous avons besoin de capter les messages de nos ressentis en allant à l’intérieur de soi
- Nous avons aussi besoin de comprendre en quoi notre interprétation de l’extérieur est erronée
Car nous avons besoin de sens, et si nous ne comprenons pas pourquoi il y a contradiction entre le ressenti et l’extérieur, nous n’accepterons pas le ressenti et son message. Or un ressenti non accepté reste une charge énergétique. Il nous rend anxieux, apeuré, pessimiste, non vibratoire, agressé par tout, paralysé.
Ouvrir la porte de l’intérieur
Il n’y a donc qu’une seule voie : ouvrir la porte de l’intérieur.
Cela peut faire peur. Car nous pressentons que ce que nous dit notre intérieur n’est pas forcément en phase avec ce que nous avons décidé de penser. De nous. Des autres. De la société. Que notre croyance nous desserve grave ne change rien. C’est une certitude qui rassure. Et nous avons besoin de certitude. Nous avons peur du vide (voir l’article : Le mental, le vide et la résolution).
Nous sommes donc prêts à changer les cartes quand on n’en peut plus, quand on en a bien marre. Quand ça va mieux, la nécessité s’estompe. Et c’est ok. Les meilleurs moments sont donc quand ça ne va pas. C’est là où les montées de conscience sont les plus fulgurantes et la transformation la plus impactante.
Il n’y a pas de bataille
Dans cette course entre nous, notre intérieur, et notre résistance mentale au changement, il faut savoir qu’il n’y aura pas de bataille. Notre intérieur se manifestera toujours d’une façon ou une autre. C’est donc peine perdue de l’ignorer et de vouloir s’accrocher aux situations ou à contrôler les ressentis. Il gagnera toujours à la fin, si ce n’est par la voie émotionnelle, ce sera par la voie de la maladie.
La vérité est positive
Le ressenti intérieur peut raconter beaucoup de choses. Mais une chose est sûre : ce qu’il raconte est vrai, et parfait. Ce que l’on comprend de nous fait toujours du bien. On ressent à chaque fois un fort soulagement et une montée d’énergie après avoir laissé le flux s’exprimer. En revanche, ce qu’il dit n’est pas conforme, pas forcément dans notre plan de vol, pas forcément cohérent avec ce qu’affirme l’extérieur. La question est : va t-on oser changer de paradigme ?
La connexion à soi
Quand on commence à se connecter à soi, une magie opère : nous laissons la place à ce que nous avons à l’intérieur et contrôlions jusque là. Cette ouverture apaise : on évacue les émotions refoulées, on découvre plein de choses chouettes sur nous. Bref, on se sent mieux, tout simplement. Et notre vie change. Intérieurement. Puis extérieurement.
Pour y parvenir, la méditation peut être une voie. Mais pour autant, ce n’est pas évident de réussir seul à faire lâcher la cocotte-minute au début. La méditation est fébrile ou douloureuse. La conscience, la perspective ne se donne pas si facilement.
La solution pour y arriver au début, c’est d’utiliser la présence.
C’est quoi la présence ?
La présence, c’est la présence d’une ou plusieurs personnes qui par leurs disponibilités intérieures nous autorisent, pendant un moment, à être à l’écoute de nous-même et à accepter ce que ça dit à l’intérieur. Sans peur (ou en acceptant d’avoir peur). Et sans jugement.
C’est ce qui explique que des stages mêmes courts soient aussi impactants sur nous, que la méditation à plusieurs soit si « productive », et qu’une séance d’1h30 en séance individuelle puisse autant bouger les choses.
La présence peut être et doit être une présence d’écoute. Bien sûr, autour de nous, il y a des gens pour nous écouter, mais souvent de façon maladroite : par des conseils, une volonté de trouver la solution, une écoute fébrile ou une écoute sans questions qui nous mets en monologue. C’est ok mais ce n’est pas de la vraie présence. D’ailleurs on le sent, ça ne lâche pas à l’intérieur, nous n’allons pas jusqu’au bout.
La présence peut être énergétique. Elle l’est forcément. En groupe, on peut ressentir cet impact énergétique. Et même si on n’a pas les sensations proprement dites, on voit le résultat dans les jours qui suivent : ça bouge. La conscience monte.
Bref, être en présence est impalpable, puissant, et impossible à « penser ». Ca opère et c’est comme ça. On peut juste aller vers, ou ne pas y aller.
L’humilité nécessaire
Ne pas chercher la présence. C’est souvent notre choix, le mien y compris. Et on peut le comprendre. Nous avons appris à être fort et à nous débrouiller par nous-même. S’astreindre à une pratique de connexion est fastidieux. Demander de l’aide peut être vu comme un signe de faiblesse. Il y a aussi facilement pour les plus « mentaux » (comme moi) c e phénomène du « A quoi bon ? ». Et nous pouvons évidemment avoir peur, aussi, d’aller à l’intérieur (voir l’article La peur de soi | Le vide, l’effondrement et la noirceur
Notre ego nous encourage dans cette voie : soit en nous assommant avec l’échec annoncé (« tu n’y arriveras, ça marchera pas, c’est pas suffisant »), soit en nous renforçant dans l’idée qu’on peut gérer, ou que ça va aller, ou que le temps fera son œuvre.
Puis le temps passe et nous y sommes encore. Rien a bougé, en fait. Parfois, souvent, la fermeture à soi s’accélère.
Rechercher cette présence extérieure, quelle qu’elle soit, et la trouver, demande une grande humilité. Et donc une prise de conscience : comprendre que notre valeur est bien ailleurs que dans ce « je vais y arriver tout(s) seul(e) ». Elle est plus grande que ça. Et ce ça n’est rien…
Derrière l’humilité, il y a la puissance intérieure. Mais ça commence par l’humilité. Et l’ego n’aime pas cette voie…