Dans une même semaine, j’ai eu deux expériences très fortes.
Un mardi soir, je suis en réunion avec des personnes aux troubles psychiques, qui se réunissent sur un projet de représentativité des usagers de la psychiatrie française. Ils sont schizophrènes, bipolaires, autistes, et pour la plupart sont passés par les hôpitaux psychiatriques. Moi j’y suis parce que le sujet m’intéresse, je ne suis pas usagère, mais je suis hypersensible, avec de bons petits troubles autistiques parfois, j’essaie de me sentir légitime !
Pendant la réunion, j’ai soudain une montée d’énergie et de conscience. Je me sens à la maison. Sécurisée. Les gens sont conscients, compréhensifs, intelligents, coopératifs, présents et humains. Je ne sens pas de tentative de compensation, de pouvoir, de jeu inter-relationnel… en fait je ne sens pas de mental.
La fréquence vibratoire monte pendant cette réunion, et la Kundalini fuse, en moi en tout cas. Je crois être la seule à avoir perçu ça, et je me retrouve avec cet effet tube, comme si j’étais transpercée de bas en haut par l’énergie. Un tube quoi. Je n’ai pas dormi de la nuit et suis restée up pendant 2 jours. J’ai eu ensuite de grosses montées de conscience, un emballement qui est devenu trop parce que je n’avais pas matière à le déployer. Il s’est donc un peu crashé ensuite, se retournant contre moi puisque je ne l’avais pas déployé dans la matière. Mais c’est de bonne guerre, j’ai pris la dépression post up pour ce qu’elle était, une invitation au déploiement…
Le vendredi, je fais un essai de job alimentaire. Je me retrouve avec des gens en cuisine. Je suis à l’aise au début mais de moins en moins à l’aise. Mon énergie s’effondre. Je commence à rencontrer des troubles autistiques avec les deux patrons. Pas avec l’employé. L’employé s’appelle Curtis, il vient de la Réunion et a 17 ans. Quand je lui parle, je me sens moi. C’est plutôt agréable. C’est valorisant. Quand il me parle, il n’est plus l’abruti qu’il semble être avec les autres, qui le traitent du coup de façon un peu condescendante, mais de la poule ou l’oeuf, enfin bon, c’est un prince. Sa voix est grave. Son regard est profond et lumineux. On sent la sagesse déborder de son être.
Il semble cependant que personne n’ait accès à ça. Ils n’ont accès qu’à l’abruti. Et franchement, c’est ce qu’ils ont envie de voir. C’est pas méchant mais ça leur plaît de le traiter comme un gamin. Ca leur donne le sentiment d’être un peu mieux je crois. Mais c’est inconscient.
Les deux autres personnes sont les chefs. Ils sont gentils mais enfermés dans une carapace. On dirait qu’ils souffrent. On dirait aussi qu’ils jouent un jeu. Par exemple ils fredonnent une chanson, mais c’est gênant. C’est comme s’ils se raccrochaient à une parcelle de vie, mais c’est pas la vie. Je sais ce que c’est, ça m’est déjà arrivé. Il n’y a rien de spécial ici. C’est juste qu’ils pensent qu’ils devraient se sentir bien. Et qu’ils se sentent pas bien, au fond. Même s’ils font les fanfarons ensemble. Ils blaguent, ils rigolent, ils parlent fort parfois. Franchement ils sont gentils. Mais ils sont coupés. Pour l’instant. Bon, surtout, le problème principal, c’est qu’ils sont hyper malaisants, pour moi. Vraiment très malaisants. Surtout si je me retrouve en groupe avec eux et en dépendance. Un goût de déjà vu….
Moi, ce que je ressens à ce moment là, ce n’est pas de l’amour. Ca pourrait, si je les rencontrais dans un autre contexte, pour leur faire manger mes crêpes, sur une terrasse d’un café (ça m’arrive souvent) ou comme clients, pour sortir du mental et revenir à la maison, dans l’Être. Mais dans ce contexte, je ressens énormément d’écho émotionnel traumatique (et c’est vraiment pas leur faute…).. J’ai le plexus qui se noue. J’ai peur.
J’accepte du mieux possible l’expérience. Mais j’ai peur de ne pas être trouvée normale et que je me retrouve avec un groupe qui me regarde comme si j’étais diminuée et débile. C’est vraiment une spécificité du mental moldu, la terreur d’être considéré comme pas normal, donc exclu du groupe. Du coup, le moldu a l’art de repérer l’anormalité à l’extérieur très vite. Comme ma fille, ils sont trop forts pour chopper ce qui sort du cadre. Ce qui est bizarre. Et pour certains, ils aiment en faire leur affaire.
Autant dire que ça fait écho, particulièrement avec les colonies de vacances. Donc une part de moi ne voulant pas revivre ce cauchemar de la déchéance, elle refuse l’expérience. Ca essaie d’avoir confiance et d’être à l’aise. Je vois en live que cette part qui refuse l’expérience d’être la fille qui est jugée, trouvée bizarre, disqualifiée par l’autre. Et pourtant, c’est bien cela, l’expérience à laquelle je suis invitée. A laquelle je me suis invitée. Evidemment, si j’accepte de la vivre, même quelques secondes, elle s’arrêtera. Mais c’est dur à avaler… En attendant, elle s’étend car « ça » refuse de la vivre en moi. Puis le temps passant, à force de me concentrer sur « j’accepte l’expérience de la fille qui », « j’accepte l’énergie », ça finit par se fluidifier. Un peu. Et puis carrément à un moment.
C’était intéressant de ressentir ces deux parts en live, celle qui touche les traumatismes du passé, et celle qui y résiste. L’énergie qui noue, et le mental qui ne veut pas vivre l’expérience, qui veut être intégré tout de suite, normal, comme les autres, ou en tout cas conserver sa dignité.
Comme le mental résiste, ce dont il a peur et qu’il essaie de contrôler est exactement ce qu’il convoque. En refusant la vulnérabilité, une part de moi sonne faux, n’est pas vraie, se retrouve empruntée quand elle parle, et attire l’inimitiée. Ou en tout cas la suspicion. Je réalise que c’est vraiment une spécialité des hypersensibles durs. Conscient de l’être et de la puissance, ils n’arrivent pas à accepter l’expérience de l’humiliation ou du non-amour. Ils la refusent car ils la savent non exacte. Mais elle n’est pas là pour être exacte. Elle est juste une expérience, un rôle dans un film. Quelques secondes, ou quelques minutes. On prend, ça s’arrête. On résiste, ça dure.
On paraît bizarre quand on est connecté à l’être dans un monde limité… pour peu qu’on soit un peu traumatisé, sinon on s’en fout. On peut vraiment paraître handicapé. Ou en tout cas le mental des moldus a envie de nous considérer comme handicapé. C’est bien normal, on ne réagit pas normalement. On comprend pas les consignes (parce qu’on a pas le sens global, le sens suffirait pour que tout l’être se mette en branle et fasse bien, mais donner comme ça, de façon découpée, des consignes, ça enlève tellement de compréhension sur la logique du truc…). On n’a pas les réflexes habituels. On sent le jugement non dit, on sent les systèmes et ça noue dans le ventre. On appelle les gens par leur prénom, comme si on les connaissait depuis toujours. On a envie de tout savoir sur eux, ce qui les anime, de quoi ils ont peurs, comment ils se sentent. C’est la pire chose qu’on puisse faire à un moldu. Il risque de se trahir. De révéler que ça souffre, que ça sait pas. Que c’est perdu. Que ça comprend pas pourquoi ça se sent mal alors que toutes les cases sont cochées. Alors que ça veut absolument être normal et bien. Un avec les autres. Intégré. Heureux.
C’est tellement raté…
On est tous moldu un jour ou l’autre. On peut sortir de la case et y revenir. Détester l’autre pour sa naïveté et son bisounoursme. Se gausser de l’irrationnel et du perché. Encadrer et expliquer la vie au gentil autiste qui ne sait pas comment vivre la vie (mais qui a un QI de 150 comme Axel auquel des moldus limités expliquent la vie).
Mais bon bref, tout ça pour dire qu’en sortant de cette semaine, j’ai réalisé que j’étais illimitée. Et que quand j’étais avec des gens connectés à l’illimité (et tout le monde l’est, mais la connexion passe plus ou moins bien…), même si ceux-là se prennent pour des handicapés et gobent des médicaments pour se niveler vers le bas, notre « illimitation » faisait un feu d’artifice quand elle se rencontrait.
Inversement, plongée dans un environnement mental avec de la dépendance et mes scories de traumatismes, c’est l’enfer, et d’autant plus que je n’ai plus aucune carapace actuellement.
Ca devient même marrant parfois, quand je vois ce qui se passe en direct. Les autres et leur façon de me regarder, mon être qui se soumet et veut rester connecté aux autres, mon mental qui résiste et qui veut avoir l’air normal, conserver sa fierté, l’énergie qui veut libérer le karma là dedans surfant sur l’expérience. Bref, c’est comme un film. Enfin, c’est comme un film à la fin, quand l’énergie de tout ça s’est bien dispersée, c’est à dire pendant que je coupais les oignons. On m’a demandée de partir 1h avant la fin. Ca sentait grave mauvais mais à ce moment là, l’énergie avait brûlé le nœud, j’étais jouasse intérieurement, contente de l’expérience.
Du coup, je suis sortie en pleine forme, contente de mon autisme, de l’expérience, de la brulure karmiqe que j’ai senti, et de la transformation subséquente que j’allais ressentir à partir du lendemain. Ca m’avait fait ça aussi lors de ma dernière expérience de service chez un traiteur. Ca s’était très mal fini, mais en partant, j’avais eu une montée d’excitation et de joie qui est restée plusieurs jours. La joie de faire des expériences. De voir mon mental, ma résistance. La joie de rencontrer le limité, le mental et du coup de découvrir le côté illimité en moi. Et puis la curiosité, l’intérêt de voir mon personnage à l’œuvre. Même si ça me fait ch*** pendant que j’y suis…
Je suis vraiment excitée par cette histoire de limités et illimités. A terme, ce serait bien qu’on le soit tous, illimités. Mais déjà, il faudrait commencer par se regrouper entre illimités. Puis après on fera rentrer les limités qui voudront redevenir illimités. Parce que c’est bien gentil l’histoire, mais ça les rend vraiment pas heureux, d’être coupés de l’illimité. Enfin de l’Être quoi.