Offrir ses services à l’extérieur, c’est offrir une forme d’intensité qui nous confronte à notre peur de ne pas être accueilli. Reconnu. Nous l’avons déjà vécu enfant, ou ado, et cette douleur là nécessite du temps pour nous confronter… puis se dissoudre. C’est un processus. Avons-nous la patience d’en voir l’énergie se dissoudre ou exigeons-nous un résultat immédiat ? C’est le sujet de cet article.
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C’est une bien grande douleur qu’avoir de l’intensité à partager et de faire pschitt quand on s’expose à l’extérieur, quand on se propose…
Je le vois quand ma fille la plus jeune s’enthousiasme et qu’elle se fait soudain doucher froidement par sa sœur. C’est assez incroyable l’effet délétère que peut avoir cette douche froide sur cette énergie pure qui est en nous et qui ne demande qu’à être partagée. Le nœud est immédiat. Il y a blocage d’énergie, et une croyance s’installe en même temps.
Ce qui m’amène au sujet clé : la rencontre de l’intensité avec le néant.
L’échaudement et le point sensible
Il y a une douleur particulière, quand on est indépendant. C’est celle d’avoir quelque chose qui nous tient à cœur, une prestation, un programme, un truc auquel on tient particulièrement, et avoir le sentiment que ça ne répond pas en face. Que les gens s’en foutent. Ou qu’ils sont indifférents (oui ok c’est pareil).
Souvent, la question n’est pas celle-là. Car quand on vibre, il y a vibration en face. Peut être pas là précisément, peut-être pas maintenant tout de suite, mais ça existe là dehors et ça viendra. Ca demande en revanche de la patience, et c’est le sujet qui nous occupe aujourd’hui, la patience.
Quand nous avons une intensité intérieure à partager, nous sommes hypersensibles au pschitt. Nous avons tellement été échaudés, enfant et ado surtout (car après l’intensité est plus contrôlée), par le refroidissement extérieur, par le non-accueil des autres, par la vide autour de soi, par le contrôle qui se pose en face quand nous avions tellement envie de partager notre vibration, que évidemment, à mesure que l’on se rapproche de son alignement et de son envie de partage, ce point sensible se réveille.
Car comment ne pas se rapprocher de sa vibration profonde, sans en même temps se rapprocher de la blessure qui l’a mise en sommeil ?
Bien sûr, là où on n’engage pas son cœur, quand on est salarié ou même quand on est indépendant et qu’on reste sur un domaine qui n’engage pas nos tripes, on reste détendu. On propose. Ca fait chier quand ça marche pas. Mais on ne le prend pas (trop) personnellement. On modifie, on s’adapte, on essaye, on voit. On gueule éventuellement. Mais notre point sensible d’exposition n’est pas touché. On peut avoir un autre point sensible : celui de la peur de manquer. Mais ce n’est pas la même sensation. La peur de manquer est une peur panique. L’intensité qui rencontre le néant génère un désespoir physique.
Quand on se rapproche de notre alignement, nous devenons extrêmement sensible au pschitt. Et on l’anticipe partout.
Christelle et le démarrage éternel
J’ai fait un cercle de guérison il y a quelques temps et une des participantes, Christelle parlait de sa problématique à lancer un accompagnement collectif pour femmes enceintes (je crois que c’est pour un accouchement orgasmique mais je n’en suis pas sûre, belle promesse !). Le programme est là, clair, net pour elle. Mais elle se sent incapable de décider de son format : visio, présentiel, weekends, ah ben oui mais il en faut tous les mois, oui mais personne ne suivra un weekend tous les mois, peut-elle remplacer par de la visio ? Oui c’est plus flexible mais elle ne pourra pas prendre le pouls des clientes, et puis sans présentiel, ça perd sa saveur. Et on ressentait vraiment son incapacité à se fixer, et toutes ces pensées techniques et détaillées qui trottaient dans sa tête sans pouvoir s’éclaircir. C’était le bazar là-dedans, et il était clair que la machine mentale était lancée et ne permettrait jamais d’avoir une vision claire et simple. Parce que le problème était ailleurs.
Sa problématique a fait beaucoup écho en moi.
J’y ai vu la volonté de contrôler, de faire le bon choix coûte que coûte, et la peur de faire pschitt avec ce programme qui lui tient tellement à cœur. Cette peur est si forte, qu’elle alimente son cerveau de façon obsessionnelle. Le mental s’emballe sur des détails. Tout devient essentiel. Les détails sont faits pour éviter le pschitt, assurer le succès. Mais ça tourne en rond. Car le fondement est la peur du pschitt. Notre coach commune a essayé de l’emmener sur de la rationalisation, choisir un cadre et voir ensuite. Mais on sentait vraiment, je sentais, qu’aucune rationalisation ne calmerait le mental. Il repartait dès qu’une solution était envisagée. Il y avait une blessure là. A accueillir. Et c’était beau 🙂
Imprégnation et maturation
Il m’est venu que :
- Oui nous avons une blessure dans cette intensité que nous voulons partager et la peur du pschitt, de l’indifférence. Cette peur nous fait voir un pschitt à chaque fois que nous nous exposons. Et oui, nous prenons tout très personnellement.
- Pourtant, quand il y a vibration là, il y a vibration en face. Pas chez tout le monde, pas instantanément, mais il y a.
- Certaines offres demandent plus de maturation intérieure que d’autres. Un RDV de diagnostic peut générer une action instantanée. Un programme d’un an pour accoucher de façon orgasmique, soit on est déjà convaincu, soit ça travaille l’inconscient !! Car c’est une révolution de nos postulats. Ca travaille forcément là-dedans. L’idée doit se frayer un chemin à travers nos croyances, notre petit château de cartes habituel. C’est pas petit comme offre 🙂
Mais de façon si typique, Christelle raconte qu’elle a commencé à communiquer et qu’elle s’est désespérée de ne pas faire mouche tout de suite. Elle a abandonné plusieurs fois. Mais évidemment, comme ça la travaille, elle recommence. Et ainsi de suite. Des montages russes quoi.
En fait, elle a mal interprété l’absence de réponse. Ce n’est pas que ça fait pschitt. C’est ce qu’elle entend. Mais ce n’est pas ce qui est dit. C’est que son invitation est suffisamment perturbante et forte pour laisser sans voix en face. Sans réaction. Pour l’instant. Sauf ceux qui viennent justement de se dire : tiens, j’accoucherai bien de façon orgasmique dans quelques mois !
Alors, c’est le moment de laisser du temps. De tenir au courant. D’imprégner. De laisser chacun maturer la petite révolution intérieure.
Oui bien sûr, la grossesse ne peut pas s’allonger. Mais ceux qui sont prêts, sont prêts. Ils seront peut être peu. Mais ceux-là seront prêts. Et le temps qu’elle se teste avec ceux-là, d’autres pourront maturer tranquillement. Et ils seront prêts plus tard. Oui c’est des délais longs. Peut être la prochaine grossesse. Et alors ? Faut-il que ça vienne d’un coup pour compenser la peur que ça ne marche pas ? Ou le processus peut-il se déployer tranquillement ?
L’impatience
On est si impatient… Je suis si impatiente souvent. A vouloir la preuve que ça va marcher tout de suite. A vouloir du résultat… A vouloir être rassurée en fait, parce que j’ai peur 🙂 Bref, nous voulons le résultat tout de suite pour compenser notre peur. Parce qu’elle nous fait mal. Mais c’est un processus. Imprégner les gens d’une idée, d’un concept, ça prend du temps. C’est un process. Nous n’avons pas de maitrise dessus. La seule chose que nous puissions faire, c’est …
Faire de notre mieux. Non ? Et s’en remettre pour le reste.
Faire de notre mieux : dire ce que l’on fait, être le plus authentique possible, le plus humble aussi (ce qui n’est pas toujours facile car nous avons besoin de reconnaissance), bref mettre nos tripes sur la table. Et attendre. Partager ce qui doit être partager. Et attendre.
Proposer. Et accepter de commencer avec ceux qui sont prêts. Deux personnes. Trois. Ca suffit. C’est normal. C’est comme ça.
C’est rare qu’on laisse totalement l’offre et sa vibration résonner en nous totalement, sans mentaliser, sans contrôle.
En tant que client, c’est rare qu’à la réception d’une info, nous embrayions d’un coup, habités par l’évidence. Ca arrive, mais quand on est prêt juste là. Ca réduit le nombre. Souvent ça tire dur. « Mais oui mais est-ce que ça va marcher ? » « Oui mais c’est pas le moment ». « Oui mais je vais me débrouiller autrement « . « Oui mais ça va passer ». L’email ou l’onglet reste ouvert. On ne sait pas. On hésite. Et si on réfléchit, ça se refroidit. Alors on a besoin d’imprégnation pour laisser l’inconscient faire son taf et petit à petit, réussir à dépasser le contrôle du mental pour dire : « mais si en fait, j’ai envie, je le sens ce truc… ».
C’est comme ça 🙂
Je résume avec quelques points.
L’incompatibilité de fond et l’intérêt du petit
Nous avons besoin d’imprégnation avant de décider, en tant que client.
Et côté indépendant, plus l’offre est à valeur, plus elle est reliée à notre sensibilité, plus nous sommes fragiles, car déjà blessés.
Notre mental veut la preuve de la reconnaissance, du non-pschitt. La valeur nécessite un temps d’imprégnation. Les deux ne collent pas.
Ceux qui sont mûrs sont mûrs. Ca veut pas dire que les autres ne le seront pas. Mais ça commence forcément par les « prêts », d’abord. Donc des petits groupes.
Les petits groupes sont une aubaine pour se tester. Si on le prend personnellement, on le voit comme un échec de plus et on s’arrête. C’est dommage. C’est juste le début.
Timing du succès et rencontre inconsciente
Nous ne pouvons contrôler comment ça va se développer, se donner. Nous ne pouvons que faire de notre mieux en mettant nos tripes sur la table, dans notre pleine vulnérabilité. Communiquer authentiquement. Et le but n’est pas de convaincre. Le but est d’évacuer tous ceux qui ne sont pas dans la même vibration. Donc d’être clair sur la vibration. Le comment importe peu. Mais l’ambiance, la vibration est essentielle.
Je sais que je l’ai déjà dit, mais je le redis : ce n’est pas le conscient de nos clients qui reçoit l’info (enfin si, mais c’est peanuts), c’est leur inconscient. Et c’est celui-ci qui mènera à la décision. Si contrôle puissant il y a, l’inconscient restera derrière et ne sera pas entendu. Tant pis. Une prochaine fois. Mais si vous êtes plutôt sensible, il est probable que vous n’irez pas pêcher du côté des gens en contrôle. Les contrôlants achètent de la sécurité, bien carrée probablement. Les sensibles ou aspirants sensibles achètent avec leur inconscient, quand le voile du contrôle est un peu moins tyrannique.
Ne pas se battre contre la matière
Si notre discours n’est pas authentique ou s’il est contraint, ne pas se battre contre la matière. S’arrêter et libérer la peur derrière (faire appel à quelqu’un, tout seul c’est mort).
La colère, le mouvement intérieur, et la pêche tranquillou
La colère est un allié. On a besoin de se sentir en colère pour ne plus supplier les gens de nous écouter ou de nous reconnaître mais pour faire ce qu’on a à faire, et si ça marche pas, tant pis pour eux 😀
La colère se déclenche en faisant, et en rencontrant ce que l’on doit rencontrer : des clients pas matures, des pschitts, des difficultés. Bref, en faisant l’expérience.
Même si la colère est désagréable, il y a toujours un mouvement intérieur derrière qui permet de sentir qu’on ne peut rien faire de plus que faire de notre mieux, sans attendre spécifiquement, sans vouloir le résultat, en offrant et en attendant. Bref, avec patience. On ne part pas à la chasse. On pêche tranquillou.
Ca vous parle ?
Bref, patience… et abandon.