L’égo, le mental est compensatoire. Le mental au service de l’égo est compensatoire.
Et à toute conséquence, une cause. C’est le principe du karma, la règle physique de l’énergie, et elle explique des trucs ici sur terre qui ne sont carrément pas politiquement corrects. Mais on va en parler quand même.
Ma fille a été convoquée à un entretien parce qu’un garçon de sa classe se sentait harcelé dans sa classe, pas forcément par elle, mais les ados ont défilé chacun à leur tour face à l’intervenant associatif pour donner leur avis sur la situation. Quand on en a discuté ensemble, elle m’a dit qu’elle était tombée des nues car le garçon qui se disait harcelé était a priori pour elle un dur, un mec qui traitait les autres par-dessus la jambe, avait l’air très sûr de lui, interrompant les profs et matant indûment les seins des filles, bref un gros con. Il avait déjà reçu quelques remarques sur son attitude, mais sans que ça affecte son comportement. De fait quand il intervient en classe pour à nouveau ramener sa fraise ( pas quand c’est à bon escient), il y a des soupirs, des regards échangés, de l’agacement dans la classe. Forcément, on sait tout, donc il perçoit tout, et il en souffre. En tout cas une part de lui en souffre puisqu’il s’identifie comme harcelé. Et l’agacement manifeste un cruel manque d’amour dans l’instant, c’est certain, car il est très jugeant. Et comme à côté de ça, nous sommes un avec les autres, normal qu’il le vive mal… malgré l’autre part conne en lui qui se la ramène.
A toute conséquence, une cause.
Il est désaimé parce que son attitude attire ça. Il agace. Parce qu’il a un faux self qui lutte contre l’expérience de la vulnérabilité, ou de la puissance (ça arrive aussi et c’est presque lié…).
Mais ce qui lui est donné aussi, c’est un grand manque de compréhension, d’acceptation de la part des autres.
Pour Annaëlle, il n’est pas victime. Pourtant, il souffre. Ca lui paraît incompréhensible, d’autant plus que la cause est claire, et qu’il ne tient qu’à lui de changer la cause. C’est là où ça manque de compréhension.. Et du coup d’humanité.
Le gars est dans son faux-self. C’est quoi le faux-self ? C’est une part de nous qui refuse de faire l’expérience de la misérabilité face aux autres, de la vulnérabilité, de l’humiliation, et qui se construit sous une identité qui n’est pas l’identité d’origine. Le faux self se donne souvent un genre. Il ne veut pas être une victime, il veut assurer. Alors soit il sonne soit faux et laborieux, minable, et il agace les autres qui le prenne pour un débile, une pauvre hère, ou bien il sonne connard et imbû de lui-même, et il agace les autres, voir il se fait détester.
On pense généralement, sans se le formuler, que c’est lui. Il est comme ça. Il se réduit à ça. C’est ça, son identité. Cette pensée est d’une grande violence. Et très mentale (puisqu’elle ignore la réalité, donc une énergie bof). Croire que l’autre se résume à son identité réactive, celle qui ne veut pas vibre l’expérience, c’est comme penser qu’un prisonnier dans un camp qui vole le pain à ses compagnons est un vil voleur par nature et qu’on pourra pas avoir mieux que ça.
Il y a mieux que ça derrière. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous des princes ou des princesses. La question n’est donc pas la nature de l’autre. Elle est sublime (forcément sublime). La question est ce qui a été vécu avant qui a réduit cette nature à s’oublier, et à se galvauder dans une sous-identité qui représente si peu d’elle-même.
C,a c’est souffrant, pour soi. De le voir et de ne pouvoir rien n’y faire. Car le gars d’Annaelle ne peut rien y faire. Il est coincé dans son identité faux-self. Il ne peut pas faire autrement. Il est piloté par son inconscient, par l’égo qui essaye péniblement de survivre et de préserver l’image de soi… et ce faisant, en refusant l’expérience de la misère face à l’autre, créé l’identité qui va lui apporter exactement que qu’il craint le plus : le désamour.
C’est extrèmement souffrant aussi (je ne sais pas quel est le pire…) de voir cette croyance dans les yeux des autres. Comme le voleur de pain verra le mépris dans les yeux de ses geôliers et la catégorisation (il est comme ça), alors que lui sait, sent être bien au fond autre chose que ça. Ne pas pouvoir être reconnu pour le prince qu’on sent au fond de soi est (très) douloureux.
Si je résume, les gamins de la classe partent du principe qu’il est ça, et qu’il a le choix de changer d’attitude. Or il n’est pas ça, il est magnifique derrière, mais il ne peut pas s’empêcher d’être ça, sans doute parce qu’il a été blessé à cet endroit, avant. Par papa, maman, grand frère, peu importe. N’empêche, la conséquence est là. Il force l’énergie et refuse l’expérience du rejet et de la misérabiité. Le mental, en prenant le pouvoir pour lui éviter ça le place dans une posture dégradante et finalement insupportable pour les autres. Et qui dure. Et hop, il morfle encore plus.
Ballot cet égo.
A toute conséquence il y a une cause. Ce n’est jamais « la faute » de l’autre. Il y a un sens karmique. Qui dit qu’une accumulation d’énergie ici provoquera une sortie d’énergie là-bas Et ce principe traverse nos vies. La manifestation karmique est donc hors de notre maitrise ou de notre compréhension. Le problème est que cette règle physique idiote peut nous faire expérimenter des trucs vraiment pas chouettes – que la maladie civilisationnelle rend pas un peu extrèmes quand même. En tout cas on peut supposer qu’au paléothique, les expériences pouvaient être plus violentes physiquement mais moins psychiquement. C’est ce qu’on constate chez les peuples premiers.
Ou faire l’expérience du mec qui
Kamar qui a eu un éveil de Kundalini m’a posée la question un jour. C’était une question si pertinente que j’ai halluciné de sa profondeur. Elle m’a donné le tournis. C’était : de quoi refuses-tu de faire l’expérience ?
A quoi ton mental compensateur tente de te faire échapper ?
Dans un sens, le mental pense que faire l’expérience de l’humiliation, de la dégradation devant les autres, de la vulnérabilité, pourrait nous dégrader fondamentalement. Est-ce si vrai ?
Et si l’expérience recherché était de vivre totalement et entièrement la sensation de cette expérience, comme si notre âme n’était que venue pour ça, l’expérimenter purement sur un plan énergétique, émotionnel… et c’est fini.
N’avez-vous jamais expérimenté le fait qu’en acceptant d’un coup de vivre une expérience a priori difficile, celle-ci ne dure pas ?
C’est cela, l’invitation.
De quoi est-ce que je me refuse à faire l’expérience ? Et qui dit que vivre cette expérience dégrade mon fond sublime ?
Nous sommes déjà sublimes. Nous sommes des parts divines incarnées dans la densité. Franchement, si le but ici bas était d’être sublime tout le temps dans la vie, à quoi ça servirait tout ce tintouin ? Notre parcelle de conscience divine, notre âme veut faire des expériences. Donnons-lui l’expérience voulue, elle nous lâchera la grappe.
La question de fond est donc la suivante : lâcher l’idée que toute situation qui nous fait vivre l’expérience de la douleur, du désamour, du rejet, de l’humiliation, ne dit rien de notre vraie nature, forte et sublime. Et accepter l’idée que dès que nous acceptons l’expérience, émotionnellement, énergétiquement, non seulement c’est beaucoup moins souffrant, mais ça passe plus vite.
Ce n’est donc pas l’histoire d’un mec qui résiste à une expérience, c’est l’histoire d’un mec qui expérimente le fait de se sentir rejeté par les autres, dévalorisé, méprisé. C’est ça l’histoire qui se passe.
L’insupportable image de soi
J’ai échangé avec C. avec qui nous travaillons la Kundalini depuis quelques temps. C. a fait un burn out mâtiné de rejet et humiliation par ses collègues et direction. L’insupportable au fond, c’est l’image que ça nous renvoie de nous. C’est ça que nous n’arrivons pas à digérer. La personne qui s’est couchée, accrochée, asservie, la serpillère qui a supplié et attendu qu’on l’aime, et qui a pris le mépris des autres dans la gueule. Cela est insupportable pour une part bien enfouie au fond.
Alors qu’est ce que ça donnerait si on acceptait d’avoir été cette personne, en reconnaissant que ça ne dit rien de notre valeur sublime au fond, mais que nous avons signé, apparemment, pour expérimenter ça ?
Nous avons signé pour pas mal d’expériences… certaines nous sont insupportables. Ainsi moi, j’ai eu beaucoup de mal à vivre l’expérience de la fille vulnérable qui n’assurait pas totalement avec ses clients. J’étais (peut être encore un peu) pilotée intérieurement pour fuir cette expérience. Et ce faisant, en voulant absolument éviter cette vulnérabilité, cette faiblesse là, je basculais dans le faux-self mental qui provoquait … exactement ce que je craignais le plus. Alors que tout allait bien sinon.
Se pardonner est une bonne voie.
Reconnaître sa vraie nature, au fond, est une chouette voie.
Accepter la règle du jeu étrange ici que le but est de faire des expériences, bonnes ou mauvaises.
Et sentir combien seul compte l’instant. A l’instant même là maintenant, ce personnage qui a vécu ça sur terre n’existe plus car tout est réinitialisé à chaque seconde. Si j’accepte l’expérience, le vécu, si je laisse l’énergie circuler autour de cette expérience, je ne suis plus rien de ça. Il n’en reste rien. Je reviens à ma nature. Forte et sublime.
Peut être avons-nous besoin de faire l’expérience de cette misérabilité, cette dégradation, ou de cette fausseté et résistance à l’expérience pour pleinement apprécier ensuite ce que c’est que se sentir soi, puissant, entier, ancré. Et sans résistance, sans faux-self, sans peur…
Comment savourer autrement ?