Ce texte est issu d’une frustration qui s’est accumulée au cours de mes premières années d’accompagnement et qui s’est conclue par une révélation. J’ai compris que ma quête n’était pas forcément partagée. Et j’ai surtout compris que j’avais une quête.
Un jour, j’ai dit à un ami qui se sentait déprimé et espérait toucher un mieux être en arrêtant l’alcool : « il y a tellement plus à obtenir ». Ça lui est resté longtemps en tête. Plus tard, il m’a dit : « Vu tes turbulences intérieures, t’es franchement pas un exemple ». Il avait raison. Mais nous n’avions pas éclaircit le « plus ». S’agissait-il d’un mieux être sans turbulences ? Ou quoi d’autre ?
Parallèlement, je rencontrais souvent un grand sentiment d’impuissance avec les gens que j’accompagnais. L’engagement était intense mais court. Ça manquait de durabilité. Je le prenais très personnellement.
Un jour, pour sortir de ma tendance à m’auto-flageller, je me suis demandée si j’étais bien sûre que ce après quoi je courrais était bien ce après quoi courraient les gens autour de moi. J’étais partie du principe que oui, que nous étions tous dans la même quête d’absolu, ce que j’appelle la quête d’exactitude avec soi. Et, jusqu’à présent, je prenais le manque d’engagement pour un manque de crédit à ce que je proposais. Ou par une insuffisance de ma part. Mais finalement, étais-je bien certaine que le but était partagé ?
Ce but, le fait d’être prêt à tout pour l’atteindre, me paraissait si évident que je ne l’avais même pas conscientisé. Je ne me l’étais pas vraiment formulé, ou en tout cas je ne m’étais pas posé la question du « prêt à tout » : se sentir pleinement vivant, pleinement soi, pleinement en conscience. Oui, c’est sexy, mais est-ce que ça veut dire qu’on est tous prêt à tout pour ça ?
Dans ce que je proposais, je voyais bien que ça pouvait répondre de façon timorée, ou répondre fortement, et dès que ça allait mieux, disparaître. Et moi j’étais là : mais hé les meufs, les gars, c’est pas fini !!
Ensuite ça revenait, mais par à coups. Quand ça souffrait trop.
Un jour, après un frottement important avec une amie, fortement impliquée à une époque mais qui n’allait pas au bout, ce qui me rendait assez triste, je lui ai demandé : mais enfin, qu’est ce que tu cherches ?! Elle m’a alors répondu qu’elle voulait être juste bien.
J’ai été bouleversée par cette phrase, si anodine, comme si mon monde s’écroulait. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi j’en étais aussi bouleversée mais j’ai senti qu’il y a avait une faille dans mon système.
Être juste bien & la quête d’exactitude avec soi
Si C. m’avait dit « Parfaitement heureuse », ce qui aurait été nettement plus ambitieux, je pense que j’aurais quand même ressenti une bonne frustration. Car il y a en moi un appel à plus qu’un juste bien. Et plus que parfaitement heureuse.
D’ailleurs, est-ce possible d’être juste bien ?
Pourtant, n’est-ce pas ce que nous faisons tous, chercher à être juste bien, dans notre société ? Mais ce juste bien nous échappe, pourtant. Il n’est pas grand chose. Mais rien que ce pas grand chose nous échappe souvent.
J’attendais une autre réponse.
Laquelle ? Je ne me l’étais pas clairement formulée. Finalement, quelle est la mienne, d’ambition ?
Je veux plus, mais quoi ?
J’ai compris de ce que m’a dit C. qu’elle voudrait :
- éviter les contractions (angoisses, mal-être)
- se sentir bien dans ses baskets,
- avoir des revenus stables,
- une maison,
- un amoureux
- une vie sociale sympa
- et pouvoir mener à bien les projets qui lui plaisent.
Moi aussi. Mais dans quelle intensité ? Quelle exactitude avec soi ?
Il m’est compliqué de mettre une définition derrière cette notion d’”exactitude avec soi”. Mais si je pouvais la résumer, ce serait, de façon un peu mystique peut-être, chercher à ce que notre vibration reste entière à chaque minute. Pas y arriver. Mais chercher à. Tendre vers. Tendre à une forme d’authenticité, d’alignement avec soi. Chercher à être dans la justesse, avec soi et avec les autres.
Et de fait, dans cette posture, nos expériences négatives participent à la quête. Elles nous révèlent à nous-mêmes. Elles nous font voir nos schémas. Et nous permettent de décristalliser nos émotions enfouies.
Dès lors, est-ce que chercher le juste bien est compatible avec la quête d’exactitude avec soi ?
Je ne suis pas sûre.
Une incompatibilité ?
Le juste bien a un grand avantage. Il ne demande pas grand chose et une part de nous suppose que c’est un minimum dû dès lors qu’on vit sur terre.
Il n’est pas très bouleversant, pas trop risqué, donc plutôt sécurisant, ce qui n’est pas petit. En revanche, il a un inconvénient, c’est que la posture du juste bien nous rend assez consommateur. Assez sécuritaire aussi. Or la question pourrait-être celle-ci, peut-on vivre les bénéfices de la quête d’exactitude en restant dans la posture du juste bien ?
Honnêtement, je n’en suis pas sûre.
Parce que le « juste bien » nous mène à vouloir le bénéfice vite, très vite. Il nous oriente vers la sécurité, le confort en priorité. ll se propose de sécuriser notre vie. Mais quand nous sécurisons, nous n’allons pas forcément là où cela fait pleinement sens pour nous. Là où la vibration sera pleine et enière.
Quand nous cherchons le juste bien, nous n’arrivons pas à fermer la porte aux expériences négatives. Car nous en espérons toujours un juste bien. Et même s’il ne vient pas, nous avons tellement peur de ne pas obtenir le juste bien ailleurs, que nous nous accrochons ici. Parfois nous en arrivons presque à simuler le juste bien, à défaut de le vivre vraiment.
Le juste bien parle beaucoup de ce dont nous avons besoin pour être heureux. Mais bizarrement, nous pouvons avoir plein de trucs bien, et pourtant sentir une démangeaison à l’intérieur. Un mal-être lancinant, qui nous empêche d’être pleinement en joie. Disponible.
Dans le juste bien, nous avons une connaissance mentale de nos besoins et de nos aspirations car nous les supposons. Conformément à ce qui s’est imbibé en nous depuis l’enfance. Nous ignorons qu’il y a plus à l’intérieur. Beaucoup plus. D’exigences, d’aspiration, et de potentiel de réalisation, aussi.
Dans le juste bien, les expériences négatives deviennent un problème. Normal, puisque l’on veut être juste bien. Donc on essaye d’en sortir désespérément et rapidement avant même d’en avoir compris le sens. En général, cela les fait durer plus longtemps. Ou elles se répètent…
Dans le juste bien, les états d’être sont aussi un problème. Il faut en sortir vite et coute que coute. Être triste n’est pas ok quand on cherche le « juste bien ». Être dans une relation toxique est un échec. Ne pas avoir de revenus stables aussi. Etc. On ne tire pas les enseignements des états d’être et expériences douloureuses quand on cherche le juste bien. Puisque la priorité est d’en sortir le plus rapidement possible. Fébrilement. Quand ça marche…
Le juste bien est une quête commune dans notre société. Il se relie à un bonheur minimum qui nous serait dû. On ne le raisonne pas ainsi. Mais il y a pourtant quelque chose comme ça au fond. Et pourtant, il nous échappe. Même quand nous obtenons apparemment le juste bien, quelque chose reste insatisfait au fond de nous. A t-il un sens, en vrai ?
Le juste bien peut être ok sur le papier, mais je ne suis pas sûre qu’il soit 100 % vibrant dans la réalité.
Il peut être vibrant quelque temps. Mais pas longtemps, comme une relation qui vibre par l’attrait de la nouveauté et de l’énergie nouvelle, mais où l’énergie néanmoins ne circule pas bien. Dans la durée de la relation, le compromis, l’effort et la dépendance reviendront. Car quelque chose manque. Une vibration pleine et entière.
Le juste bien n’est probablement pas compatible avec la quête d’exactitude. Mais, ce n’est pas un problème. Car on peut être 100 % dans la recherche du juste bien, puis à 90 % en 2022, 70 % en 2023, etc. et progressivement, la quête d’exactitude prend de l’ampleur.
Pourquoi ? Parce que notre foi augmente. Parce que notre peur diminue. Simplement.
La quête d’exactitude
La quête d’exactitude avec soi, elle mène à une exigence intérieure qui augmente à mesure que notre peur diminue. A mesure que notre foi dans la vie, et osons le dire, dans un sens qui nous dépasse, se renforce.
Elle nous mène à :
- vouloir des relations pleines et authentiques
- refuser d’être en effort, pour quoi que ce soit
- ne pas vouloir sécuriser pour sécuriser
- vouloir nous sentir relié(e) à plus grand
- vouloir de la vibration, sinon tant pis
- accepter les contractions pour le nettoyage qu’elles permettent
- chercher à remettre en cause nos postulats, nos illusions
- éviter les petits arrangements avec soi-même, fuir nos illusions
Cette quête peut sembler un peu extrême, jusqu’au boutiste, mais elle n’est qu’une orientation. Une envie. Nous faisons comme nous pouvons avec nos contraintes, notre conscience à l’instant T. Nous sommes de toute façon déjà engagés. Le juste bien est déjà en train de reculer, et si vous lisez ces lignes, c’est qu’il recule.
Mais, il n’y a rien de mal dans le juste bien. Juste beaucoup de peur. Et un grand besoin de sécurité.
Le risque de la quête d’exactitude avec soi
Il est sans doute difficile de s’engager vers un graal qui paraît bien flou et bien fou. Sur le papier, la quête d’exactitude semble chouette, trippante. Mais dans les faits ? A quoi faut-il être prêt pour ça ?
A beaucoup de choses qui nous renvoient à nos peurs. S’il n’y avait pas de peur, nous y serions déjà !
La recherche du juste bien est principalement alimentée par la peur du changement. La peur de l’intérieur, aussi. La peur, tout simplement.
Derrière la peur, notre mental. Derrière le mental, la peur. Les deux s’auto-alimentent. Et plus on fuit la quête d’exactitude, par manque de foi, par peur, plus notre vie ressemble à pas grand chose (si on arrive à rien). Ou c’est notre état intérieur qui ressemble à pas grand chose (quand on arrive à obtenir le juste bien matériellement). Alors, nous avons peur. Nous perdons de plus en plus la foi en ce que peut nous apporter la vie. Et en nous. Donc nous rapetissons nos exigences. Le juste bien devient plus petit. C’est pas très vibratoire. Alors nous doutons encore plus. Nous avons moins la foi. La peur grandit. Nous sécurisons plus. Ca ne donne rien de très excitant. Nous avons peur, nous perdons la foi, nous sécurisons (vous avez compris le principe). Nous fuyons la quête d’exactitude car elle fait trop peur. Trop de remises en cause. Trop de changement. Trop de risques.
Car dans l’absolu, la quête d’exactitude nécessite :
- De pouvoir remettre en cause tout et n’importe quoi à tout moment,
- D’être prêt à voir son propre tunnel, regarder ses propres histoires/illusions
- De remettre en cause tout statu quo, tout confort qui ne serait pas exact avec soi,
- De reconnaître que nous ne sommes rien face à notre intérieur, et d’y faire allégeance,
- Ce qui nous sort de la sécurité offerte par le mental auquel nous nous remettons depuis l’adolescence,
- D’accepter notre vulnérabilité comme une part de nous, et nos voiles comme une part du jeu,
- De reconnaître que si nos manques sont légitimes, il y a beaucoup alors à remettre en cause à l’extérieur.
- Que tout ce que nous vivons à l’extérieur (en négatif) est l’émanation de nos propres croyances
- De créer un espace de retour à soi tous les jours pour entretenir la connexion à notre intérieur, donc avec notre exactitude
C’est beaucoup trop !
Mais en fait, ce n’est pas absolu. C’est juste un axe. Qu’on peut essayer de suivre, ou non.
Le malentendu et l’apprivoisement
La souffrance a l’attrait de la certitude. Elle est prévisible. Elle offre donc une forme de sécurité. Pas pour notre raison, celle-ci officiellement n’en veut pas. Mais pour notre mental inconscient, pour la part a qui si peur du vide et de l’inconnu, une souffrance connue et répétitive, c’est au moins un terrain connu. C’est sécurisant.
Juste après cette découverte que la quête pouvait être le juste bien, j’échange avec un ami, Eric. Nous échangeons peu mais bien. Je suis enflammée. Lui plutôt mesuré. Cette semaine là, je le bouscule un peu. Il me demande au détour d’un message de prendre le temps de l’apprivoiser. Il me compare au petit prince, lui est le renard.
Sur le coup, je reste interloquée. Mon premier sentiment est l’impuissance. Impuissante à l’apprivoiser. Car pour moi, c’est maintenant et tout de suite, la quête. Pas après l’apprivoisement. Fuck l’apprivoisement même. Je suis réactive. J’attends déjà depuis trop longtemps. Je pense encore à convaincre. Il me parle d’apprivoisement.
Cette demande a résonné en moi au delà de mon conscient, sans que j’en comprenne immédiatement la raison. Elle était clé. Car elle parlait de peur. Mais je ne mets pas le mot peur sur la demande d’apprivoisement. Me viennent plutôt les impressions de mollesse, de dérobade, de lâcheté, de faiblesse. Ce n’est en rien ce que je pense d’Eric. Mais c’est sans doute mon interprétation globale, pour donner un sens à ce qui me paraît être un pédalage permanent dans la semoule, à vouloir convaincre sans susciter d’engagement.
Puis, j’entends qu’il est porté par ses peurs. Et que celles-ci ont besoin d’être apprivoisées. D’informel, de découverte, de douceur. Histoire de lâcher la bride peu à peu, pour s’abandonner ensuite. Des préliminaires quoi.
Je le comprends. Mais je l’avoue, ça ne descend pas. Ca reste dans ma tête. Mon intérieur ne saisit pas. Je crois qu’à l’époque, je ne peux pas intégrer cette peur pleinement. Je me sens seule dans ma quête, et réactive. Je continue à le prendre personnellement. Et puis, surtout, ce besoin d’y aller en douceur, donc forcément la peur non dite derrière, je ne le vis pas, moi. On m’en parle mais vaguement. Jamais très clairement. Le mot peur n’est jamais vraiment utilisé. Bref, ça reste vague. Et puis, c’est surtout que cette peur-là, je ne l’ai pas. Pourtant j’en ai. Mais pas celle-là. Alors, je ne l’imagine pas. Et je n’en saisis pas l’ampleur…
Un temps pour chacun
Dans la même semaine, je suis allée à une réunion de la Rose Croix D’or, une association spirituelle basée sur la gnose. Les animateurs insistaient sur le fait que personne d’autre que soi ne peut provoquer cet enclenchement que eux appellent le « cri intérieur ». Ce mot m’a marquée. Ce cri est le préalable à une démarche, à un engagement vers soi et vers plus grand. Quand le cri vient, quelque chose s’installe en soi. Personne ne peut provoquer ce cri. Il peut arriver là, ou ailleurs. Mais une fois là, il y aura un avant et un après.
Ce cri, c’est quoi ? C’est la sensation, la compréhension, que ça ne s’arrêtera jamais. Que le juste bien n’arrivera pas. Que ça ne suffira pas. Qu’il y a plus et mieux, différemment, et que seule cette quête apportera satisfaction. Sauf qu’au début, on n’est pas sûr. On ne sait pas. On pressent la quête mais va t-elle porter ses fruits ? Si toutes nos certitudes sur nous, sur le monde, sur les autres sont bouleversées, est-ce que ça va se re-construire derrière ? Nous n’avons hélas aucun moyen d’en être sûr. Dans les tripes.
On peut toujours lire des bouquins, regarder des vidéos, voire des conférences, voir des coachs ou thérapeutes. Le doute disparaît un temps, puis il revient. A travers la peur du mental. Le doute.
Notre mental fait alors de la résistance. On croit se battre contre les illusions extérieures, on se bat contre une part de nous. Le serviteur devenu roi se rebiffe quand le roi est de retour. Va t-on lui accorder crédit, comme nous l’avons fait depuis l’enfance ?
Le cri nous met à genoux. Une ouverture se créé en nous car notre ego, dans la douleur du cri, s’est retiré. Pas éternellement. Juste le temps de l’abandon. Quand nous n’avons plus d’espoir en nous-même, quand l’ego rend les armes, l’autre quête commence déjà à s’installer en nous. Elle ne rencontre (temporairement) pas de résistance. C’est nouveau pour elle.
Quand nous retrouvons un peu de poil de la bête, notre ego revient en force et nous conseille de revenir au juste bien. Va, choisis la sécurité. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Que vas tu trouver dans ta quête d’exactitude ? Et si c’était l’apocalypse là-dedans ? Et si tu perdais tout ? Et si tu quittais ta femme, ton boulot, tes amis ?
A genoux
Lors de l’écriture du 1er jet de ce texte, j’ai rencontré un ancien petit ami que je n’avais pas vu depuis quelques années. Sa souffrance, ses addictions, ses expériences de vie étaient compliquées depuis longtemps. Il était bipolaire, alcoolique, intense, génial, mais vraiment mal. Après s’être retrouvé, dans la discussion, il m’a confié qu’il en était arrivé au sentiment qu’il ne s’en sortirait pas comme ça. Par le combat et l’action. Il revenait d’une hospitalisation psychiatrique, après une relation tumultueuse et destructrice, et cet internement était la goutte d’eau. Comme pour beaucoup de monde, elle l’avait détruite.
J’ai senti qu’une humilité était là en lui comme jamais je ne l’avais vu avant. Je ne sais pas si le cri a eu lieu. Mais il y avait quelque chose de plus humble en lui. Alors bien sûr, le combat reste encore un automatisme, que nous essayons de lâcher quand nous le détectons. Mais dans cette humilité il avait cette ouverture, ce lâcher-prise, qui a rendu possible dans les semaines qui ont suivi quelque chose de vraiment chouette.
Je l’ai accompagné sur ces quelques semaines. A connecter son moi profond, à sentir ce qui était juste. A accueillir ses émotions. A lâcher de l’énergie bloquée. Et il a bougé véritablement pendant un temps. Son regard s’est éclaircit. Il s’est senti plus apaisé. Plus en foi aussi, avec la vie. Car elle commençait à le lui rendre.
Et puis il a pris à nouveau de la coke en retrouvant son ex, et les choses ont mal tourné. Je me suis arrêtée là (la coke est un anti-moi profond, impossible d’aller quérir quoique ce soit avec ce machin dans le sang !).
Mais, l’expérience avait vraiment été intense, et chouette. Et liée à une seule chose : un instant, il a eu le sentiment qu’il n’arriverait pas à vivre le juste bien comme ça. Un instant, la vérité lui est apparue comme dans toute sa crudité : je ne vais pas y arriver comme ça, quoique je fasse…
C’est là que le cri s’installe. Dans cette découverte intuitive. Dans cette compréhension douloureuse que ça ne passera pas comme ça. Et que les cases de la check-list soient cochées, ou qu’on n’arrive pas à les cocher, on doit bien dans les deux cas se forcer à reconnaître que quelque chose ne fonctionne pas. Le bonheur, l’intensité, le sentiment intérieur n’est pas total. Pas pleinement satisfait.
C’est donc peut être bien tout, ou rien. Et dans le tout, je parle de la quête de ce tout. Du chemin. Le tout n’a aucune importance, en fait. Ce qui qui compte, c’est sa recherche. C’est l’axe.
La vie sans quête, c’est un peu triste
Car après tout, qu’est ce que la vie sans cette quête ?
Si je ne vais pas profondément en moi, dans mes émotions, dans ma vulnérabilité, si je ne vais pas arracher la conscience, puis-je vraiment me connecter à l’autre ?
Puis-je ressentir l’intensité de l’autre tout en restant libre ?
Puis-je sortir de la dépendance à l’autre, quel que soit mon besoin ?
Puis-je me sentir pleinement vivante, même si je souffre parfois ?
Puis-je reconnaître et utiliser ma puissance intérieure ?
Puis-je trouver ma vraie place ?
Puis-je dire non à ce qui n’est pas moi ?
Puis-je sortir de l’effort et de la contrainte, de ce qui m’oppresse depuis que je suis enfant ?
Puis-je ressentir ma capacité de compassion et d’amour entier et sans attentes ?
Oui, le naturel ne peut être 100 % naturel, la puissance ne peut être 100 % opérante, la présence ne peut être 100 % donnée.
Oui, le but n’est pas le 100 %. Le but est de tendre vers. Mais c’est déjà énorme…
En vérité, la quête n’est pas binaire. Elle n’est pas absolue.
Elle s’insère, recule, revient. Prend de la puissance. Diminue quand la peur, le mental reprend du gras. Puis revient plus entière, plus vibrante.
Elle prend de la force. Mais, elle n’est pas absolue. Elle n’est pas à 100%. Elle s’acclimate de nos peurs.
Et c’est juste ça, l’appel intérieur. Le jeu entre l’appel de notre âme, et nos peurs