Faire l’expérience de soi, c’est ce que nous sommes venus faire sur terre.
Or nous fuyons souvent l’expérience, et nous la jugeons surtout.
Quand nous vivons des expériences négatives, une part en nous ne peut s’empêcher de nous juger pour cette expérience. Comme si nous n’étions pas censé la vivre. Comme si elle démontrait tout ce que nous avons de mal en nous, de faiblesse, d’insuffisance.
L’expérience négative n’est pas là la preuve de notre insuffisance ou de notre malédiction, c’est exactement ce dont nous avons besoin à l’instant, pour comprendre quelque chose de nous. De qui nous sommes. Et de ce que peut-être, nous avons à libérer aussi.
Or tant que nous la vivons comme non un enseignement de qui nous sommes, mais comme une condamnation de ce que nous sommes, nous n’en recueillons pas la substantifique moelle.
In fine, notre aveuglement nous oblige à revivre la même expérience éternellement, sans jamais en comprendre l’enseignement puisque nous sommes obsédés par sa négativité, par la démonstration de notre insuffisance, et donc par la nécessité d’en sortir le plus rapidement possible.
On peut aussi choisir accepter l’expérience. Et dans ce cas reconnaître que contrairement à ce que véhicule notre matrice sociétale, nous n’avons pas à être parfait. Nous avons à nous découvrir. Ce n’est pas la même chose, et l’un exclut l’autre.
[toc]
Le système naturel et le hiatus
Nous avons en nous une vérité intérieure qui raconte ce que nous voulons profondément, ce à quoi que nous aspirons, ce dont nous avons besoin et ce que nous ne voulons pas. Et jusqu’à ce que ça craque, nous ne l’entendons pas ou ne lui donnons pas crédit.
Naturellement, nous sommes programmés pour savoir ce que l’on veut, pour ressentir ce qui fait sens en nous et pour le mettre en œuvre. Nous sommes également faits de telle façon que ce à quoi nous aspirons vient à nous, non par l’action proprement dite mais par l’énergie de notre intention, de notre vibration. Cette énergie, c’est celle que vous ressentez, que je ressens, quand quelque chose est évident, fait briller nos yeux et nous donne envie de nous lever tôt le matin et d’y aller. Celle qui donne envie aux autres de nous suivre ou de nous accorder crédit. Vous voyez ? Dans cette « vibration », nous n’avons pas le sentiment de « faire ». Nous sommes guidés et tout se fait naturellement, comme à travers nous. Bref, ça avance à travers nous.
Cependant, vous vous en doutez, il y a un hiatus. Le système est déréglé. Cette vibration, qui fonctionne encore quand nous sommes enfants, ne fonctionne plus ensuite vraiment.
Nous sommes en mode combat une grande partie de notre vie. Nous sommes submergés par des émotions négatives, ou une anxiété latente, ou au contraire sous contrôle et nous nous sentons anesthésiés. Parfois nous rencontrons des pathologies chroniques.
En quelques mots, pourquoi le système se dérègle t-il ?
- Parce que nous refoulons nos émotions : celles-ci nous guident sur ce que nous voulons vivre et ne pas vivre. Profondément. Notre vie est tellement loin de nos aspirations de fond, la proposition sociétale est tellement inadaptée, que nous tentons vainement d’éteindre les émotions pour nous adapter à la proposition. Nous installons alors malgré nous un contrôle de nos ressentis. Nous ne sommes plus guidés par ce que nous voulons (ou ne voulons pas) car nous n’avons plus accès à nos ressentis, ou alors de façon filtrée.
- Les émotions refoulées créent une charge énergétique qui nous « bouffe » de l’intérieur : anxiété, fatigue, déprime, maladies chroniques, insomnies, etc. Tant que les émotions ne sont pas libérées, la charge nous étreint et ne nous rend disponible pour rien d’autre. Ce qui explique que les sentiments de joie, d’envie ou d’enthousiasme s’éteignent petit à petit en nous, et nous pensons que c’est l’effet de la vieillesse.
- Nous nous mettons en efforts pour nous adapter à l’extérieur. L’effort bloque l’énergie vitale et coupe l’accès à soi. Nous ne vivons pas ce à quoi nous aspirons, ce qui nous nourrit. Mais nous n’arrivons plus à identifier quand nous sommes en effort tellement le processus est habituel (jusqu’à ce que ça craque).
- Refoulements émotionnels et mises en efforts nous transforment au choix en zombie anesthésié et en contrôle ou en hypersensible fébrile et anxieux, et nous pouvons parfois mélanger des deux.
Bref, nous jouons une pièce mais ce n’est pas simplement par notre pièce.
Pourquoi nous refoulons systématiquement nos émotions négatives ?
Le malentendu est que nous prenons les émotions négatives qui nous traversent pour une preuve d’échec ou d’insuffisance, d’inadaptation. Or nos émotions ne font que mettre en avant ce qui n’est pas ok pour nous. Et ce que bien souvent nous avons accepté longtemps sans en être conscient. Je répète : nous prenons comme un problème, une inadaptation, une insuffisance, ce qui ne parle que d’un besoin unique à nous, spécifique et non contestable (même s’il était un sur 7 milliards d’êtres humains).
Ce besoin unique et spécifique à chacun nous raconte que même si vous devriez être très content d’avoir ce travail, cette maison, ce conjoint, ce revenu, ces amis, il est possible que ça ne soit pas ok, pas comme ça, pas de cette façon, pas avec cette posture. Vous avez un besoin spécifique unique. Si vous ne mettez pas de conscience sur ce besoin, cette aspiration, vous serez en effort et vous souffrirez. Nous souffrons ou nous avons souffert.
Bien sûr, la solution la plus simple est de penser que nous sommes fragiles, que notre état anxieux vient de la génétique puisque mémé ou papa étaient pareils, et nous pouvons alors envisager de traiter chimiquement le problème. Mais pensez-vous vraiment que vos gênes auraient survécu sur des millions d’années avec un tel état de fragilité structurelle ? Pensez-vous vraiment que les humains du paléolithique rencontraient les mêmes états anxieux, maladies, désordres mentaux, hypersensibilité et burn out? Intuitivement, nous sentons bien que ça n’a pas de sens….
Nous n’avons aucune idée de l’ampleur de ce que nous voulons vraiment. De ce qui fait réellement sens pour nous. De ce dont nous avons réellement besoin. Et bien souvent, ce besoin se résume à des choses simples mais auxquelles nous n’avons pas accès car nous prenons autre chose en attendant : nous avons besoin de sens, nous avons besoin d’écoute et de présence, nous avons besoin d’être nourri « énergétiquement ». Tout ce qui ne rentre pas dans cette case est probablement dans la case de ce que nous ne voulons pas.
Nous avons en vérité comme deux « moi » à l’intérieur. Un moi conscient, qui croit savoir, qui juge et exige, et un moi intérieur essentiel, dans le vrai et caché. L’idéal serait de pouvoir l’entendre consciemment. A défaut d’écoute, il se manifeste autrement : anxiété, émotions négatives, maladies.
En revanche, si nous acceptons de regarder à l’intérieur, nous harmonisons le conscient et l’inconscient dans la même direction. Notre vie peut alors devenir soudainement particulièrement fluide et parfois « magique », comme si tout concordait pour nous faire obtenir ce que nous voulons. Mais, car il y a un mais, ce que vous dit votre intérieur… ne correspond pas au plan de départ ! Et bien souvent, ne correspond pas à l’objectif sociétale qui nous a été fixé.
Accepter de regarder l’intérieur, c’est donc accepter donc que nos expériences et nos ressentis négatifs ne sont que l’occasion de faire l’expérience de ce que l’on est, et de ce que l’on est pas. De ce que m’on veut, et de ce que l’on ne veut pas, là profondément. C’est donc accepter de faire l’expérience de soi.
Accepter de faire l’expérience de soi
Pour aller dans cet inversement de perspective, pour trouver notre vérité intérieure, qui n’a rien à voir avec ce que notre conscient nous raconte, l’idée est de sortir de la roue infernale du jugement de nos ressentis (car un ressenti jugé ne peut se libérer). C’est ce que j’appelle accepter de faire l’expérience de soi.
L’expérience de soi, c’est accepter que nos difficultés ne racontent pas nos échecs ou nos insuffisances mais au contraire nous invitent à prendre acte de ce qui ne nous va pas. Dans ce processus de prise d’acte, avant de découvrir ce que l’on ne veut pas, ce que nous rencontrons en premier, c’est une émotion, généralement bouleversante (que l’on juge d’abord). Souvent sous contrôle au début, elle devient peu à peu submergeante. On voudrait s’en débarrasser, pour être bien. Mais aucune chance. Car elle nous raconte en réalité combien nous avons été exposé toute notre vie à un quelque chose que nous ne voulons pas. Nous sommes devenus « hypersensibles » à une agression subtile qui dure depuis longtemps, et nous n’arrivons plus à maitriser corps et esprit. Ca craque.
Quand cette émotion n’est plus prise pour ce qu’elle n’est pas (preuve de notre insuffisance ou de notre malédiction) mais pour le message de ce qui ne nous va pas, quand l’inversion de perspective est actée, il se passe alors quelque chose de magique. Puisque message elle est, on accepte de la ressentir pleinement. (avec de l’aide au début). L’accueil plein et entier la libère. Quand la libération énergétique a lieu, en conscience, la blessure et tous ses symptômes de situations récurrentes disparaissent. On aborde la couche suivante.
Ce changement de perspective sur nous est un énorme pas qui demande beaucoup de courage (ou de ras le bol). Car il bouleverse le château de cartes que l’on s’est monté depuis l’enfance pour donner du sens à notre interaction avec le monde et nos parents. Et même si le château de cartes nous étiquette insuffisant et nous fait souffrir, au moins, il donne du sens.
Faire un truc qu’on n’a jamais fait… et la grâce de l’humilité
Pour inverser la perspective, nous avons besoin de « faire » quelque chose. Quelque chose que nous n’avons jamais fait. Car sauf miracle à la Eckart Tolle, il est peu probable que la perspective qui fonde le sens de notre présence dans ce monde puisse être balayée d’un revers de la main sans peur. C’est impossible (sauf quelques éveillés d’un coup qui ont du pot).
Donc oui, il faut engager des démarches vers soi. On peut parler méthodes ou pratiques, mais je trouve qu’investir sur soi, dans cette humilité qui nous amène à ne plus se dire « je vais m’en sortir toute seul » ou « ce truc n’a pas fait ses preuves, c’est des conneries » suffit à nous impacter en profondeur. A nous enclencher. Parfois il faut que la vie nous en est mis gros sur la patate pour atteindre cette humilité. Ce que j’appelle le « surrender ». Chogyam Trungpa l’appelle l’état de non-espoir. C’est pareil. Personnellement, ce sont mes insomnies qui après 18 ans m’ont amenées à cet état de « surrender ». Accepter l’incertitude. Accepter ma limite. Et faire quelque chose que je n’ai jamais fait.
La question n’est pas ce qu’il faut faire mais pourquoi ça n’opère pas
La question n’est jamais ce qu’il faut faire ou là où il faut aller, mais pourquoi ça n’opère pas naturellement. Car si ça n’opère pas naturellement, c’est que quelque chose bloque. Nous n’avons pas besoin d’apprendre à vivre ou à être heureux. C’est inscrit en nous.
Il ne faut donc pas regarder le but et tenter de l’atteindre directement, ce qui amène souvent à une injonction ou à une simulation (être dans la joie, être apaisé, prendre soin de soi, suivre ses envies, se respecter, savoir lâcher-prise, etc. tout ce qui nous rajoute une culpabilité sur notre stock pré-existant). L’intéressant est le blocage. Moins sexy peut-être, mais beaucoup plus impactant.
Pour opérer ce processus à l’envers, il y a plusieurs fils de laine à tirer. Ils sont variables d’une personne à une autre. Certains ont besoin de passer directement par la libération des émotions, d’autres par leur système de croyances, d’autres par le corps, d’autre par la contemplation… Mais quel que soit le premier fil tiré, les autres fils suivront derrière.
♦ Mettre du sens sur ce que nous vivons
Nous interprétons notre vécu avec le filtre de nos croyances et de nos interprétations. Cet automatisme est inconscient, donc non détectable. Il nous fait rater le message de chaque expérience vécue, en particulier les négatives, puisqu’au lieu de nous dire : Ok voilà mon besoin où ce dont je ne veux pas », nous y lisons notre échec et notre insuffisance. Si on ne capte pas le message, on ne peut pas vivre la vie à laquelle on aspire puisqu’on ne conscientise pas ce que nous voulons et surtout, le plus gros morceau, ce que nous ne voulons pas. Or tant que nous prenons ce que nous ne voulons pas, nous n’avons pas accès à ce que nous voulons. C’est physique : la place est prise.
L’automatisme du filtre varie selon les personnes mais il se résume à deux grands filtres : la dévalorisation de soi pour l’hypersensible et le dénigrement de l’extérieur pour les autres, les deux étant potentiellement cumulables. Changer de perspective demande beaucoup de courage car ce sont tous les fondements de notre château de cartes qui s’écroulent quand on commence à envisager un autre sens à ce qu’on a vécu. Même si le château nous racontait que nous étions le problème…
Cette conscience sur notre vie, observer ce qu’il se passe vraiment, nous permet de créer notre vie. Car dès que nous regardons notre intérieur, dès que nous acceptons de regarder ce que notre ressenti nous raconte, nous actons et le monde extérieur change. C’est une sensation que connaissent ceux qui ont engagé cette démarche. De l’extérieur, il arrive souvent que ce soit peu visible, surtout au début. Mais de l’intérieur… c’est une révolution.
♦ Nous libérer émotionnellement et énergétiquement
Les émotions refoulées restent stockées énergétiquement en nous. Elles nous rendent malades et elles pilotent notre vie, malgré nous.
Nos décisions, nos interactions, nos actions sont guidées par ces refoulements inconscients et nous essayons de leur donner du sens, mais nous nous arnaquons nous-mêmes. Ce pilotage par l’inconscient, nous le voyons dans les manifestations récurrentes : mêmes difficultés, mêmes échecs, mêmes interactions, mêmes situations en boucle. Nous croyons être victime de nos blessures, mais ce n’est pas exact : nous sommes victimes de la résistance à nos blessures émotionnelles. Quand nous acceptons d’être pleinement traversés par l’énergie des émotions, les récurrences s’arrêtent. Les malaises physiques s’allègent, l’énergie revient, le corps est présent, l’envie est là.
En nous libérant de la charge énergétique des émotions refoulées, nous laissons à la place à l’énergie de l’envie et de la joie.
La plus grande difficulté n’est pas la libération émotionnelle à proprement parler mais l’acceptation, le non-jugement de l’émotion. Car un enfant libère tous les jours sans se poser des questions. Quand il est triste ou en colère, il ne se dit pas : oh mon dieu, je suis foutu, j’ai tort ou ça ne s’arrêtera jamais ou qu’est ce qui ne va pas avec moi. De fait, la libération émotionnelle va souvent de pair avec un travail de conscience sur l’autorisation ( voir 1er point), c’est à dire ne plus associer le ressenti à l’image dévalorisée de soi. Seul c’est difficile au début.
La libération émotionnelle et énergétique peut passer par de multiples vecteurs : accompagnement sur la conscience, yoga kundalini, soins énergétiques, EFT, EMDR, la Trame, écriture spontanée, massages, méditations axées sur les émotions, etc. L’axe énergétique est nécessaire, mais en même temps, surtout pour un hypersensible, c’est l’autorisation qui prévaut avant tout. Le corps est déjà énergétique ! Pour une personne plus en contrôle, l’axe par le corps est plus adapté.
♦ Reconnaître les équations erronées de notre société et comprendre les vraies règles énergétiques opèrent sur nos vies.
Nous nous sommes soumis inconsciemment à des règles erronées, des évidences véhiculées par l’inconscient collectif et que nous avons pris pour vraies puisque notre prétention, enfants, ne va pas jusqu’à remettre en cause le monde extérieur pour se fier à notre propre ressenti. Hélas, c’est la prétention qui avait raison.
Une fois que nous avons observé une croyance collective de l’extérieur, nous pouvons alors redonner crédit à notre ressenti, et donc à notre vérité intérieure. Ce point est essentiel pour les hypersensibles car le centre de leur souffrance tient essentiellement à ce qu’ils ne donnent pas crédit à leur ressenti quand celui-ci est contredit par l’extérieur (ce qui arrive souvent !!). Par souci d’objectivité, ils se soumettent mais ils souffrent en même temps.
Les vraies règles énergétiques, c’est comprendre ce qui libère vraiment, ce qui permet la création de notre monde, et ce qui nous enferme. Ce qui nous permet de matérialiser, d’être bien, et ce qui nous plombe et nous donne le sentiment de ne pas vivre notre vie. Et globalement, c’est à peu près l’inverse de ce que nous avons appris et mis en pratique depuis l’adolescence, avec les résultats qu’on connaît.
Cette découverte des équations erronées collectives et des règles énergétiques de la vie peut se faire par une pratique méditative intense, de l’accompagnement, de la lecture (mais une lecture ne descend vraiment que si une prise de conscience a déjà eu lieu, c’est la limite de la simple lecture). C’est ce que je propose sur le parcours Hypersensibilité.
♦ Expérimenter la magie de la vie
En reconnaissant nos besoins essentiels, en cherchant uniquement ce qui fait sens pour nous, en libérant (et en respectant) nos émotions, nous libérons énormément d’énergie d’envie et potentiellement d’action. La peur reste entière parfois, mais c’est l’occasion d’expérimenter l’action. Non pas dans l’attente de performance, de résultat et de reconnaissance, mais juste pour faire l’expérience de ce que nous sommes. Et en acceptant d’avoir peur, peut être. On peut alors sentir comme tout devient différent et accessible quand ce changement de posture est expérimenté, quand la recherche de l’authenticité et l’acceptation de la vulnérabilité prend le pas sur la nécessité d’être à la hauteur et « d’assurer ».
Car jamais l’expérience ne nous racontera que nous sommes insuffisants ou inadaptés. Elle nous dira juste ce que nous sommes et ce qui nous ne sommes pas. Ce qui fait pleinement sens, et parfois pas. Elle nous nourrira énergétiquement et quand elle fait sens, elle nous rendra heureux. Car nous avons besoin de vibrer, d’interagir, d’impacter, de nous mobiliser, de ressentir le flow, de créer, d’écouter, de nous connecter, de bouger. Accepter de faire l’expérience de soi…