L’argent pour moi a longtemps été quelque chose dont je me foutais. Je n’y faisais pas attention. Quand je n’en avais pas, j’en prenais mon parti, et puis parfois, je plongeais dans une sorte de terreur du manque.
Dernièrement, dans ce processus de fusion avec mon Je suis (voir Cérémonies chamaniques 4 et 5), par essence ancré dans la matérialité, donc l’abondance, j’ai réalisé que ma fuite de l’argent était en lien avec une forme de mépris pour la matérialité. Mépris bien justifié par la folie matérialiste ici-bas, soit. Mais aussi mépris de l’aveuglement, une sorte de manque de classe. Et puis dégoût de ce que, jusqu’à présent, j’y associais : course à la sécurité, à la stabilité (chakra racine), au lieu de courir après la vie (chakra sacré), après l’amour (chakra du coeur) et si on remonte par là, après soi et Dieu (les 6 et 7). Bref, tout ce qui tournait autour de l’argent et qui semblait oublier d’où on vient.
En m’approchant de mon Je suis, j’éprouve u’il n’y a pas de mal à la matérialité (je veux dire, pas la matérialité précisément argent, mais la matière, l’énergie). Je vais défoncer des portes ouvertes, mais que voulez-vous, je pars de loin. Donc je recommence. Je découvre qu’il n’y a pas de mal à la matérialité. Il y a juste une expérience, bonne ou mauvaise, avec la matérialité ici bas, et la découverte, à travers cette expérience, de qui Je suis.
Au-delà de la découverte de qui Je suis, il y a aussi la jouissance au travers de la matérialité. Ca aussi c’est important bon sang !
Les jouissance peut parler évidemment d’énergie, de sensorialité, donc de bouffe, de sexe, de vibration musicale ou de couleurs. Mais la jouissance parle aussi d’abondance. Pourquoi les uns seraient ok et pas l’argent, finalement ?
J’ai longtemps refusé de consacrer de l’espace, de l’attention à l’argent mais j’ai beaucoup manqué du coup. Même si je l’ai pris avec philosophie (et parfois pas du tout).
Y a t-il un juste milieu, entre une forme de vulgarité, d’oubli de soi dans la matérialité, l’accaparement, l’ambition, la recherche forcenée de sécurité au lieu d’aller vaincre la peur, l’image que l’on renvoie, et le traitement de la matérialité comme si ce n’était pas important, comme si ça ne devait pas jouer.
Ça joue. Ça joue si ça manque. On pourrait le résumer à ça, ai-je un sentiment d’abondance ou pas ? Je dois avouer que traditionnellement, j’ai toujours eu un sentiment de manque. Pas seulement en lien avec l’argent. Mais avec tout. Donc je n’ai pas vécu l’abondance. La première preuve en est qui m’a toujours été très difficile de ressentir de la gratitude. Tant envers les humains qu’envers l’univers. La chose commence à me venir uniquement maintenant. Jusque-là, la vie avait une dette envers moi semble t-il.
Je cherche le point 0. Être ancrée dans la matérialité, pour la jouissance, pour l’abondance, mais sans pour autant pousser les autres pour entrer le premier dans la cantine (souvenir du collège qui m’avait dégoûtée pour le coup de la matérialité, car je n’y voyais que avidité et oubli de soi-même, ça manquait tellement de classe).
Évidemment, je comprends que la question, c’est ce que l’on en fait, de l’argent. Quelle intention autour (oui, je vous le disais je défonce des portes ouvertes, mais ça me fait du bien de le dire). Pour certains, l’intimité énergétique, émotionnelle, le sexe, le massage, peuvent être teintés de quelque chose de vulgaire ou d’abusif potentiellement. Pour certains, l’amour même, le sentiment qu’un autre va nous porter est déjà une menace. Tout ça est en lien avec le vécu passé. La « mis-interprétation » de ce qui s’est joué dans l’expérience. Le sexe, la vulnérabilité, l’intimité, l’amour, l’argent, tout cela n’est qu’un témoin dans une expérience. Un vecteur que l’on confond avec la cause.
Pour moi, c’est l’argent.
Pourtant, j’adore l’argent ! Quand j’en reçois, je suis trop contente, je n’ai aucune culpabilité. Je le dépense avec joie. C’est un vrai plaisir. Mais quand il s’agit d’échanger de la connexion contre l’argent, de faire quelque chose pour de l’argent, donc d’engagement contre de l’argent, une part de moi va teinter l’argent de tout ce dont j’ai été témoin plus ou moins consciemment depuis l’enfance. En particulier, la rigidité, le contrôle, le fait de se forcer à faire un métier, la stabilité, la recherche de sécurité (et Dieu sait que la recherche de sécurité à tendance à me hérisser les poils). La contrainte.
Pour une part en moi, l’argent est teinté de contrôle et de tentative de sécurité. Une forme de matriçage venu sans doute de mes parents, mais pas que. Il faudra que tu sois fonctionnaire ma fille. Fais polytechnique, mais surtout, stabilise toi. Gagne de l’argent, mets toi à l’abri. Ou sois huissier comme nous. Il faut se plier dans la vie, se contraindre, l’argent est une sécurité, il faut sécuriser.
Il était tellement surprenant que le plaisir ne soit jamais compris dans l’équation. C’était agaçant.
Donc l’argent s’est connoté anti-liberté. Moi qui veut vivre, qui veut jouir, si je joue avec l’argent, je me lie les mains. Je donne du pouvoir sur moi en m’engageant pour qu’il donne de l’argent. CQFD.
L’argent, pour moi, est aussi connoté labeur. Gagne petit. Épuisement. Enfermement.
Et puis enfin, il est connoté débile. Comme mon père avec sa grosse voiture, ses hôtels, ses restaurants gastronomiques, une course sans fin pour oublier l’essentiel, et surtout de guérir. Je l’ai aimé plus tard, mais à cette époque là, il n’était pas très aimable. En tout cas, l’argent semblait pouvoir l’aider à s’oublier. Et je n’en garde pas un bon souvenir.
Bon, ça fait beaucoup à la charge de l’argent !
Ai-je des exemples de mon enfance où l’argent a été utilisé dans la liberté et dans la jouissance ? Oui je pense à Belmondo dans Le magnifique, mais ça ne suffit pas. Et puis un nouveau grand villa, piscine et tout ça… Non j’avoue, je n’ai pas d’exemple où l’argent aurait été chouette à gagner, chouette à dépenser.
Je pourrais me raconter une autre histoire que l’histoire de l’argent dans ma famille. Ce serait l’histoire d’une famille qui gagne sa vie, qui prend plaisir à gagner de l’argent, et surtout qui jouit de la vie. Qui se fait plaisir quand elle a envie de se faire plaisir. Qui ne s’oblige à rien pour autant. Qui ne cherche pas à sécuriser parce que, incroyable, mais elle n’a pas peur de l’avenir. Une famille qui ne se force donc à rien et qui vit l’instant présent dans la sensation d’abondance. Qui utilise l’argent pour créer de la valeur : des moments ensemble, de la beauté, peut-être de l’amour, mais avec simplicité. Qui s’en remet probablement à l’univers avec foi en la vie. Et l’argent vient sans terrible labeur ou vie sans passion.
Il y aurait eu quelque chose comme : l’argent est là pour jouir de la vie. Et si on y associe le fait qu’il n’y a pas besoin de sécuriser, si on s’en remet à Dieu et à notre propre puissance de vibration, sans peur et sans reproche, alors oui, ça commence à être plus classe.
Je pense à Clint Eastwood, en particulier à Blondin dans Le bon la brute et le truand. Quelle serait l’approche de Clint avec l’argent ? Elle serait définitivement classe (comme toujours). Sans avidité, assurément. Et sans sécurité, forcément puisqu’il est sur son cheval tout le temps et qu’il dort à la belle étoile, ou à l’étage d’un saloon… (Quelle belle vie soit dit en passant).
L’argent est donc une force de jouissance, comme l’énergie vitale. Comme la bouffe. Elle ne véhicule en soi rien de mal, rien de rigide, rien de matricé et rien de contraignant (je le dis pour moi, pas pour vous). Et peut s’accompagner d’un lâcher-prise. Elle peut ne pas être recherche active, accaparement, avidité, mais de foi en Dieu, en l’univers, en la vie. En la vibration quoi.
Le juste milieu serait de s’inscrire dans cette jouissance de l’abondance sans la chercher. « Ouvrir ses chakras » à l’abondance et laisser faire. Dire qu’on est prêt à recevoir. Et ne plus porter son attention que ce qui nous apporte vibration.
Recevoir est un bien grand enjeu pour moi, qui me suis sentie toute ma vie dans la nécessité d’apporter aux autres, de les sauver (de la souffrance, de l’illusion principalement).
Finalement je veux bien recevoir des autres, si ça vient sans me sentir redevable, sans me sentir contrainte, sans me sentir salie. Salie de quoi ? Peut-être salie par le mental de l’humanité. Ce truc dégoûtant, veule, aveugle, rigide, jugeant, bêtement rationnel, bêtement bisounours, lâche, sécuritaire… J’ai du mal à l’accepter. Alors lui demander de l’argent, donc m’engager vers lui, c’est compliqué 🙂
Ce qui nous renvoie à l’amour.
Si on reconnait l’amour en tout, même pour ceux dont le personnage est dans le rapport de pouvoir, même quand c’est moche, avide, sécuritaire, laborieux, même quand ça manque de classe, si on reconnaît que ça a été enfant, que le rayonnement intérieur sera toujours là, et que au fond, ça a toujours été puissant et parfait, alors on peut librement recevoir de n’importe qui. Puisque nous sommes tous issus de Dieu et de la nature bon sang (encore).
Et puis pourquoi l’humain tel qu’il est serait-il dégoûtant ? Et si c’était ça, être humain, avec les deux parts, magnifique et terrible à la fois ?
Alors oui, ça vaut le coup de faire circuler cette énergie. Librement, sans égo, sans contrainte (tu comprends, j’ai un niveau de vie à assurer, une maison à rembourser, des enfants qui vont rentrer en fac, ou parce que j’ai peur de la déchéance). Sans attente, sans nécessité de sécurité. Juste parce que ça fait partie de l’énergie dont on peut jouir, de l’énergie que l’on peut utiliser pour jouir de la vie.
Personnellement, je veux jouir de la vie, de l’énergie, de l’autre, de moi, de la nature, des poils tout doux de mon chien, du câlin rare de ma fille le soir dans le lit, du chocolat noir de Biocoop à 70 %, de la truffe psylocibinée et du massage qui shoote ma kundalini.
Si l’argent vient à moi, je peux lui dire oui car il peut être un acte de gratitude, d’amour. Il peut véhiculer cette énergie, quand les gens me payent. Comme il peut véhiculer le pire cauchemar.
J’ai animé une méditation aujourd’hui, 1h en collectif, sur Je suis, avec participation libre. Je m’attendais à recevoir 10 € ou rien. Une des participantes m’a donné 35 €. Sur le coup j’ai voulu la contacter pour lui demander mais pourquoi ? Et finalement, pourquoi pas ?
Alors soyons fou. L’argent peut être cool. En vrai.
Tant qu’on reste libre et dans la vibration.