Je partage ici rapidement 3 voyages chamaniques récents réalisés avec des psilocybes, après avoir expérimenté l’ayahuasca un peu les années d’avant. Déjà je précise que j’ai l’impression au final que l’ayahuasca active la guérison personnelle quand les psilocybes nous parlent de la réalité autour de nous. Et cette réalité est bien extraordinaire. La voici : nous sommes un, le mental est une pieuvre, l’amour est partout. En voiture !
Le 1er voyage m’a appris que nous sommes un. Inséparable, connectés. Tous ensemble. Nous vibrons les uns les autres. Nous l’ignorons mais c’est ainsi et c’est très beau. Dans la musique, l’amour, l’émotion, le sexe, bref dans le partage de la vibration. Lors de cette cérémonie, j’écoutais les chants des chamans et je me disais dans un saisissement émerveillé : nous sommes un, nous sommes un, nous sommes un… Malheureusement, si nous sommes si bien intriqués, c’est que nous nous impactons aussi, mais ça, c’est l’histoire suivante.
Le 2ème voyage m’a montré que notre mental était comme des tentacules qui essaieraient d’occuper l’espace et de prendre le pouvoir dont nous avons été coupés. Son énergie est grise, et quand il est dans sa boucle psychotique, il cherche l’emprise. C’est un disque rayé qui cherche à exister. Le phénomène était d’autant plus flagrant sur cette cérémonie que les chamans (jeunes) étant insuffisamment préparés, le mental de certains participants avait pris le pouvoir : se faire entendre, se déverser, montrer qu’il existe, bref, occuper l’espace. Parfois, il y avait des ententes de mental, ils interagissaient entre eux et se complaisaient… Ca donnait l’impression d’être dans un asile de fous ou dans un dessin animé un peu tiré par les cheveux, mais glauque quand même. Bref, c’était très étrange et très flippant, mais édifiant. J’ai saisi à ce moment là que le mental était à fuir car c’est un pompeur (malgré la personne qu’il habite) mais que nous ne le fuyons pas car nous l’ignorons. Nous ne le voyons pas. Et nous morflons. Plusieurs personnes à cette cérémonie en sont sorties avec un profond malaise sans comprendre pourquoi. Elles avaient eu le coeur ouvert et l’énergie grise du mental d’autres personnes s’était déversée sur eux. Ca paraît mystique dit comme ça mais c’est ainsi que je l’ai vu. C’est pour cela que nous nous sentons coupés et souvent désespérés. Car il ne nourrit rien. Et il oblige à fermer le cœur pour se protéger. Et nous avons tous du mental, plus ou moins malade, plus ou moins assoiffé d’exister…
Le 3ème voyage m’a appris que arrivé à un certain stade de notre processus, nous avons besoin d’être nourri vibratoirement sinon rien. Rien de ce qui n’est pas vibratoire ne sera ok. Au delà de la vibration, j’ai éprouvé l’amour. C’est une fort étrange sensation, d’éprouver un amour si intense, si déployé, et si poignant. Découvrir qu’en fait, il est là et que en fait, je ne le voyais pas. J’ai compris que la vibration et l’amour allait ensemble. Et que l’amour était là, déjà, en fait.
Tomber amoureux ne nous met pas en état d’amour. Tomber amoureux permet de déchirer un tout peu le voile de notre aveuglement et d’éprouver la réalité. L’amour est là, partout.
Je sais qu’il est bien inutile de le dire ou de se raconter qu’on est dans l’amour universel, la question n’est plus l’amour puisqu’il est déjà là. La question est notre résistance. Notre aveuglement Et là même au moment où je l’écris, j’ai déjà oublié la sensation pure. Je ne sais plus comment elle est exactement. Pourtant, ça fait comme dans cette pratique tantrique au moment où on le découvre, les mains qui s’écartent de surprise et la bouche qui fait un grand oooooh. Non, la vache, c’est ça ? Quoi c’est là, partout ? Mais wahou… Personnellement, ça m’a fait énormément pleurée. De joie, de tristesse d’en être coupée, moi et les autres, de bonheur de l’éprouver. Bref, c’était poignant.
L’amour est déjà là. Entre nous (entre nos âmes disons, moins entre nos parts incarnées !), dans la nature, dans la bouffe, dans la musique, dans notre fusion avec le tout. Cet amour est poignant et douloureux. Quand on l’éprouve, on réalise en même temps combien nous en sommes coupés (et non pas privés). Combien nous sommes aveuglés, résistants dans notre corps, et combien nous courrons après ce qui est déjà là. Sans réussir à l’éprouver. Oui, c’était douloureux et tellement vibrant en même temps…
Ce « déjà là » peut, pourrait rendre chaque chose, chaque rencontre, chaque minute vibratoire. Nous n’avons plus besoin de rien, la vibration est partout, l’amour, solidaire et intense, entre nos âmes, dans la nature, la beauté, la spontanéité, la vie, et tout ce qui est déjà vibratoire (et pas le reste).
Pourquoi en sommes nous coupés ? Pourquoi en suis-je si souvent coupée ?
C’est une boucle. J’en suis coupée parce que mon mental prend trop d’espace dans mon esprit et dans mon corps. Il prend trop de place car il est inquiet de ne pas vivre, de ne pas être dans la vibration. Son inquiétude le rend omniprésent, pesant (le pauvre…) et sa présence me rend inaccessible la vibration qui me confirmerait qui me nourrirait au plus profond de mon cœur et de mon corps, et donnerait un sens à cette vie. Et qui donc permettrait au mental de se relâcher. La boucle quoi.
C’est bête, cette boucle…
Tomber amoureux n’est qu’une brèche dans le voile. Magique mais éphémère. Pas autonome. Juste une brêche. C’est chouette mais pas suffisant.
Cette vibration, elle est déjà là, à certains moments, et nous y avons de plus en plus accès à mesure que le voile se déchire. Je la sens par exemple quand une discussion m’amène, moi et l’autre, à cette vague d’énergie dans le corps, et qui me donne la sensation de n’être qu’un relais d’énergie entre la terre et le ciel. Dans un cercle de paroles où chacun a donné de sa vérité et qu’elle nous saisit le coeur. Dans un cercle de breathwork quand nos coeurs ouverts vibrent ensemble avec la musique. Dans une pratique énergétique ou chamanique quand nous sentons la force du vivant et une énergie inconnue nous saisir le corps entier, dans un massage, dans une pratique tantrique, dans une discussion amicale où on parle avec ses émotions, dans la relaxation post-yoga kundalini quand le corps s’expand et semble se fondre dans le cosmos. Plus bêtement dans un jeu, un fou rire, une discussion chouette, un concert, un projet partagé… quand nous arrivons à laisser notre mental et nos résistances de côté et que nous sommes en pure spontanéité, ce qui n’est pas toujours gagné, oh chère résistance contrôlante protégeante.
J’ai compris aussi que la musique nous connecte à une puissance, un amour, bien au delà de ce que l’on peut imaginer. C’est indescriptible. La question, ce n’est pas son pouvoir, il est infini, c’est l’état de notre coeur au moment où on l’écoute.
Enfin, last but not the least, est-ce la kundalini qui nous emmène à cet endroit ? A ce voile déchiré ?
Je crois que oui. Car la kundalini est la vibration.
Voilà ce que j’ai compris de ce dernier voyage.
Alors, on fait comment ?
Et ben on les créé, ces moments.
Je pense.