Au détour d’un stage de tantra, puis d’un voyage chamanique, j’ai vu ma part masculine et ma part féminine interargir ensemble. C’était beau et édifiant. La part masculine mature avec la part féminine immature…. Plus tard, j’ai vécu l’inverse. j’ai entraperçu la part masculine immature, héritage de la lignée masculine dans ma famille, et la part féminine mature, sauvage et puissante.
Quelle que soit l’expérience, ça parle toujours d’amour. Au final.
La part masculine en moi
Dans cette première rencontre, la part masculine en moi m’est apparue extraordinaire et cool.
Elle ressemble à un mec plutôt maigre, sec. Un peu à la Clint Eastwood dont je parle longuement dans les articles sur l’abondance. Il porte une chemise blanche. Il est amour, cool et détaché.
Il aime la part féminine en moi, l’immature.. Malgré toutes ses blessures. Ou à cause de ses blessures. Il aime sa vulnérabilité. Il aime et désire son corps, son visage, ses cheveux. Il l’aime, c’est ainsi.
Il n’est pas beau mais calme. Il a en même temps un côté adolescent, malgré sa chemise blanche. Et de fait, il est beau. Quand il danse, qu’il laisse aller son corps, nonchalant, engagé, indifférent au regard des autres, le corps dans l’exploration, qui s’étire, toujours concentré sur ce qui se passe, toujours dans la sensation.
Et quand il revient au centre, qu’il retrouve son calme, son intérieur. Il regarde la part féminine. Il ne jette rien. Il prend tout. Il l’embrasse. Il l’aime avec tout ce qu’elle est. Et elle est subjuguée de tristesse et d’étonnement d’être aimée comme ça. Telle qu’elle est. Malgré tout.
Un jour il lui a fait l’amour pendant que j’étais en voyage chamanique. C’était magnifique. Et poignant.
Je le trouve trop chouette.
Elle, elle est encore trop proche de moi pour que je puisse la voir clairement. Elle m’échappe. Mais je l’aperçois telle qu’elle est vraiment, parfois, en fin de montée, en fin de voyage, dans des moments d’intensité intérieure. Je suis alors soufflée de sa beauté. De sa féminité. Et de sa puissance. Et elle aussi danse. Dans une robe rouge. Dans la ville. Au soleil.
La fois suivante
Dernièrement, j’ai accédé à l’inverse. J’ai découvert ma part masculine immature et j’ai entraperçu cette part féminine dont je parle juste au dessus et qui m’est presque interdite. Cette part masculine immature est jugeante, carrée, dure, mentale. Revancharde. Un peu amère. Elle est brusque avec le mental des autres. Elle peut être expéditive.
La part féminine est puissante, sauvage et sensuelle. Elle embarque la part masculine par la voie de la sexualité sacrée, par la puissance de la kundalini. Quand elle embarque cette part masculine, lui ne peut plus rester dans sa rigidité. Il lâche, et son corps est alors la seule chose réelle.
C’est vraiment un impromptu car c’est flou encore.
Je me souviens.
Dans ces expériences de voyage chamanique ou de post-montée de kundalini, il m’arrive d’avoir la sensation de me souvenir. C’est une sensation poignante et très émotionnelle. A cet instant, mon coeur est saisi. Je me souviens et mon coeur se remplit d’un liquide. Mes yeux aussi. Parce que quand je me souviens, et dans cette sensation, la tristesse est infinie.
Je ne sais pas si se souvenir pour chacun s’associe forcément à cette tristesse indicible. C’est mon cas.
Quand je me souviens, mon âme prend l’espace. D’où je viens. Qui je suis. Ce qui nous lie. La coupure m’apparaît. L’humanité entière. Et ça me brise le cœur. Ce n’est pas désagréable. L’énergie circule. Mais c’est intense.
Un jour peut-être, cette sensation de coupure ne me rendra plus triste. Comme toutes ces choses qui m’ont tordu le coeur et que j’accepte maintenant, curieuse, dans l’expérience qui est la mienne, celle que j’ai choisie. Même si parfois, je me demande ce que nous sommes venus faire dans cette galère sur terre !!
Quand ce souvenir que nous sommes l’amour, traversés, un coeur vibrant et commun, quand je l’éprouve cet amour, et que passe en même temps la vision de nos coupures, de la coupure, j’ai des images, des flashs qui viennent de la vie ici. Un adolescent isolé, angoissé, l’oppression que l’on ressent sous la remarque blessante de quelqu’un, la peur, la défiance de quelqu’un avec qui j’ai parlé le coeur ouvert, le mental rigide et leçonnant d’un autre, le jugement de ma fille sur une personne bizarre, l’agacement face à l’innocence du plus jeune, le désespoir dans l’alcool, la solitude de tous dans notre Occident, notre tentative laborieuse pour exister aux yeux des autres, notre épuisement à nous adapter à un monde qui ne nous correspond pas, qui ne nous nourrit pas, notre quête désespérée de l’âme soeur, pour à nouveau éprouver ce qu’est l’amour, le saisissement intérieur, celui du souvenir. Ah mais oui, c’est donc cela, le coeur qui fond, éprouve, et, en même temps, réaliser la coupure.
Voir la tentative désespérée de reconnecter la vérité. La réalité. Sortir du tunnel de l’oubli, de l’illusion. Se rappeler, se rappeler. Eprouver. Eprouver à nouveau. Reconnaître en soi. Ah oui c’est ça… c’est vrai.
Quand je me souviens, mon moi n’existe plus. Mon âme perce. C’est elle qui se souvient. C’est si beau, et si triste à la fois.
Et puis parfois Bon Dieu, on l’éprouve dans la vraie vie. Une soirée avec des amis qui font du bien. Une musique qui nous reconnecte au tout. La beauté de mon chien bêtement et de ses yeux comme deux billes noires pleines d’amour. Un massage avec un inconnu qui nous remet au cœur du divin, de la vie. Un livre dont l’histoire nous prend aux tripes. Un baiser; et peu importe ce qu’il y aura après. La brume au petit matin sur les champs humides.
On peut aussi le vivre ici. Mais que de coupure, bon sang…