Dans cet article, je raconte mon expérience avec le mantra Nam Myo Ho Renge Kio qui m’a sortie de la désespérance insomniaque dans laquelle j’étais, et qui incidemment, a changé ma vie.
Insomnies et désespérance
Quand j’ai commencé à pratiquer, en 2018, j’étais au fond du trou. Je ne dormais plus depuis des mois, j’étais insomniaque depuis 17 ans, sous anxiolytiques puissants, mais ils n’opéraient plus. J’étais dans un état physique lamentable, je n’arrivais plus à travailler, et j’étais dans une relation toxique que je n’arrivais pas à arrêter. Pour couronner le tout, je n’avais plus d’argent, et mon incapacité à être en forme après 20h m’avait amenée à une non vie sociale. Je passais mon temps à annuler les RDV avec les gens, clients ou amis car j’étais épuisée. J’étais dans les limbes et la pensée d’en finir m’a plusieurs fois effleurée…
Evidemment, les insomnies n’étant pas reconnues comme une maladie et je ne pouvais pas me mettre en arrêt, étant indépendante. Malgré mon état, j’étais obligée de continuer à travailler, ce qui aggravait mon angoisse et donc mes insomnies. Centre du sommeil, médicaments et autres propositions de la médecine classique avaient montré leurs limites. Rien ne fonctionnait plus.
Quand j’ai commencé à pratiquer un mantra quotidiennement (j’avais commencé avant, mais ponctuellement), j’avais décidé de me sevrer des médicaments que je prenais depuis des années et dont j’étais hautement dépendante. J’avais fait une étrange rencontre avec un jeune homme qui tenait un blog sur la santé naturelle après de gros problèmes de santé. Il m’avait dit au détour d’une conversation d’arrêter le Lexomil car « on ne peut pas guérir sous médicaments ». Quelque chose s’était passé alors, une seconde de silence entre nous. Puis cette phrase m’était restée dans la tête, ses yeux aussi. Et une chose extraordinaire était arrivée : je l’avais cru. Lui que la médecine contredisait, un petit bout de jeune homme, je l’ai cru. Spontanément.
C’est là où les choses ont commencé à changer, quand j’ai compris que les médicaments (en particulier les benzodiazépines) empêchaient ma guérison, tout simplement. Je devais donc m’en sevrer avant d’entamer la guérison de mon corps.
Les médicaments ne fonctionnaient plus vraiment à vrai dire. Ils me donnaient un sommeil court et douloureux, un réveil et un état le lendemain que je ne pourrais décrire, horribles. Mais sans, je ne dormais simplement pas de la nuit. Quand j’ai décidé d’arrêter, j’ai su alors que je ne dormirai pas pendant plusieurs nuits, et c’est là où le mantra devait me soutenir.
J’avais en effet remarqué un effet surprenant du mantra quand je le récitais : quelque soit mon état d’épuisement, la pratique du mantra me ré-harmonisait : elle me faisait contacter un profond état de fatigue « saine » : je me mettais à bailler alors que je n’y arrivais plus depuis des années, je ressentais une torpeur à me coucher par terre, quelque chose se détendait profondément en moi. Puis après ce passage de « vraie fatigue », une ré-énergisation venait ensuite dans mon corps. Elle me permettait de tenir la journée sans trop souffrir. Je ne pratiquais pas tous les jours, car ça me semblait lourd, et puis je m’accrochais à mes médicaments. Je me racontais des histoires … Il est tellement difficile de se soumettre à une pratique. On voudrait tellement pouvoir s’en affranchir et suivre la voie rapide que nous propose la médecine classique. Mais en vérité, il n’y avait qu’une voie. Et j’en étais encore bien loin.
Le sevrage s’est fait dans la douleur mais l’effet énergétique du mantra m’a aidée et soutenue, profondément.
La pratique du mantra m’a aidée mais elle n’a pas résolu le problème. J’avais réussi à me sevrer des médicaments, mon état la journée était plus facile à vivre, j’avais retrouver de l’énergie, mais je ne dormais toujours pas. Mon mental avait pris le pouvoir sur moi et mon corps était dans une tension et une vigilance permanentes extraordinaires. Il m’a fallu 4 ans pour retrouver le sommeil, en libérant énormément d’émotions, d’énergie, et en ré-apprenant à mon corps à laisser l’énergie circuler.
Cet article étant sur le mantra et non les insomnies, je laisse les insomnies de côté et continue sur le mantra.
Les montées de conscience
A partir de ce sevrage, j’ai pratiqué matin et soir, entre 30 à 45 mn. C’était un gros investissement et j’étais soutenue par un groupe bouddhiste qui se réunissait une fois par mois. Je n’ai pas vraiment suivi la démarche bouddhique, mais ce soutien collectif était important car il me permettait de voir que ce moment avec soi et cette récitation avaient bien un effet et pas que sur moi : je voyais les transformations pour les autres. Quand je doutais, ce qui arrivait souvent, une petite pratique collective et la discussion qui allait avec à la fin m’enlevait tout doute. Je continuais. Je ne cherchais pas à comprendre pourquoi, comment. Ma rationalité avait rendu les armes depuis ce basculement sur les médicaments.. Je voulais bien essayer n’importe quoi, sans aucune certitude. Bref, j’acceptais de faire l’expérience… Je n’avais pas toujours eu cette humilité.
A mesure que je pratiquais, pendant plusieurs mois, j’ai commencé à avoir des montées de conscience : sur moi, sur mes décisions, sur ce qui se jouait dans ma vie.
Après quelques mois de pratique, je me suis retrouvée à dire des choses que je ne savais pas, à avoir des pensées que je n’avais jamais eues, à ressentir des évidences qui ne m’avaient jamais effleurées. J’ai écrit des articles sur l’hypersensibilité sans avoir rien lu sur le sujet, je ressentais aussi une connexion à quelque chose de plus grand que moi. J’avais une foi en moi qui montait. Pour la vie. Et pourtant je partais de loin.
L’expérience était commune à tous les pratiquants : une sorte de sagesse s’installait, comme si on sortait de l’illusion. Après un temps, j’ai ressenti une frustration dans les réunions. Les gens se connectaient à cette sagesse universelle, cette vérité, mais leurs émotions étaient retenues, elles n’étaient pas exprimées pendant les cercles, je sentais qu’elles ne se libéraient pas et ça m’est devenu progressivement de plus en plus intolérable. Comme une illusion qui prenait de l’ampleur sous mes yeux.
J’ai finalement continué la pratique seule, espérant un jour pouvoir la poursuivre en groupe, mais en laissant plus de place aux émotions, avec moins de mental.
Conscience, bienfaits, autonomie
Je me suis longtemps demandée ce qu’il se passait avec ce mantra. Je le comprends (à peu près) maintenant : l’énergie d’un mantra nous connecte à quelque chose de puissant en nous, à une source intérieure qui est elle-même connectée à quelque chose de plus grand, et qui vient en nous. A cette époque cependant, ça me semblait complètement délirant. J’en voyais les effets mais sans en comprendre les raisons, c’était à devenir fou. D’autant plus que jusque là, j’avais toujours et seulement accordé mon crédit à la rationalité. Ce qui n’était pas démontré n’existait pas.
A mesure de cette pratique, je comprenais tellement de choses que j’ai commencé à faire un prosélytisme forcené auprès de mes proches et de toute personne que je voyais dans la panade : tu devrais essayer, c’est incroyable, etc. Je crois avoir beaucoup gaver mon entourage à l’époque. J’ai compris ensuite que pour être prêt à pratiquer matin et soir sans certitude, il faut soit un grand désespoir, soit un grand soutien communautaire, et il faut sans aucune doute qu’une part mentale lâche en soi. J’avais le 1er assurément, un peu du 2ème (je ressens de gratitude encore pour ce soutien, malgré ma défection), et mon mental avait lâché quelque chose. Bref, j’étais arrivée dans cette phase phase pré-mystique où soit je m’abandonnais à Dieu, soit je mourrais.
La pratique par mantra m’a amenée aussi ce qu’on appelait des « bienfaits ». C’est probablement en lien avec la loi de l’attraction mais je n’ai pas lu sur ce sujet, c’est sans doute et toujours en lien avec la vibration intérieure. En tout cas, ces « bienfaits » correspondaient à ce pour quoi je m’étais « déterminée » (c’était l’expression utilisée, se déterminer à quelque chose) : une maison, de la clairvoyance, me sentir déterminée dans mon activité, mieux dormir, etc.
La pratique par mantra m’a permis de reprendre du pouvoir et de l’autonomie. J’ai arrêté ma relation toxique après 4 mois de pratique, et je ne m’en suis même pas rendue compte. J’avais pourtant tenté 28 fois de me séparer, revenant toujours à la relation pour combler mon vide existentiel (comme disait L. et il avait raison). Ce chiffre est resté un mythe entre nous, nous en rigolons encore parfois quand nous reparlons de notre relation. Et puis j’ai vécu beaucoup d’autres choses qu’on peut retrouver sur mon témoignage “Comment j’ai découvert que mon ressenti était vrai”.
Enfin, cette pratique m’apportait un état délicieux et centré qui durait toute la journée, j’avais des montées de conscience régulières sur moi et les autres, sur la vie.
Ce qui nous amène à la question de comment aborder cette pratique et l’intention que l’on peut y mettre.
Le pourquoi du mantra
Il y a beaucoup d’info sur les mantras sur Internet. Je ne suis pas spécialisée sur le sujet, je peux juste partager mon expérience, et ce que j’en comprends.
Le mantra est un moyen magique pour l’occidental au mental surpuissant et fébrile de se reconnecter à lui-même. Je passe le détail de l’intérêt de la connexion intérieure : elle change la vie.
Mais, il est clair que la connexion intérieure par la méditation n’est pas des plus simples pour les occidentaux. Pas simple pour les « énergisés » fébriles et au cerveau hyperactif. Pas efficace pour les « contrôlants » dont le calme mental n’est que le résultat de l’hyper-contrôle qui a éteint la vie émotionnelle (la kundalini) en eux ( la connexion intérieure est donc maitrisée et non profonde)..
Le mantra est particulièrement adapté aux premiers. Il est un moyen de contourner le mental en laissant l’énergie circuler, tout en profitant de la vibration un peu magique qui s’installe dans le corps. Pour les autres, la voie du corps et de l’énergétique pure est sans doute une meilleure voie car elle va chercher l’énergie éteinte. Les hypersensibles n’en n’ont pas besoin. L’énergie est déjà réveillée, mais il faut qu’elle passe.
C’est là où ça devient un peu mystique, et je vais essayer de le dire comme je le sens.
Il y a une énergie dans le mantra. Cette énergie nous imbibe pendant la récitation et nous bénéficie.
Si nous acceptons l’idée que tout est énergie, et que donc toute énergie avec laquelle nous interagissons, homme, animaux, lieu, plantes, musique, couleurs, minéraux, influe sur nous, il n’y a pas de raison pour que le mantra n’ait pas sa propre énergie et qu’elle n’ait pas non plus un effet sur nous.
Tout comme une musique peut avoir un pouvoir connectant à notre intérieur, à une émotion, le mantra a aussi un pouvoir connectant. Nous le maitrisons moins qu’une musique car quand celle-ci touche une émotion, nous la sentons affleurer dans l’instant et l’effet est parfois grandiose. Le mantra, ce mantra semble moins émotionnel. Il semble surtout nous connecter à cette source au niveau du cœur qui nous donne accès à la conscience. A une autre conscience que celle de notre mental quotidien.
Le moment rituel avec un mantra chaque jour nous permet de nous imbiber dans une énergie, une source qui nous réaligne sur le plan de la conscience.
Chaque mantra a une énergie particulière. Celui que j’ai pratiqué est inspiré du sutra du lotus, un livre bouddhique, et il me donne profondément le sentiment de libérer la conscience. Pour d’autres mantras, j’en ai moins fait l’expérience aussi intensément, mais il est dit que leur énergie est spécifique : celui-ci nous relie au grand tout, celui-là permet l’abondance, etc.
Le mantra n’intervient que sur un point d’énergie, de conscience. Il opère à un certain endroit. Mais il ne fait pas tout. Et il ne fait pas le même effet à tout le monde, je suis bien obligée de le reconnaître. Sans doute parce qu’il ne dispense pas en parallèle de travailler sur les blessures, les blocages émotionnels. Ou sur la kundalini, quand elle est éteinte.
Faut-il diversifier les mantras ? Je pense qu’il est important de s’imbiber dans un même mantra pour que son message, son énergie, s’infiltre en nous et réussisse à contourner notre mental rigidifié et notre carapace en béton. C’est en tout cas une expérience possible qui ne peut que produire de grands changements.
Comment pratiquer ?
- La régularité est une clé. Pas facile, ça vient avec le temps. Pour certains, c’est immédiat.
- L’idéal est de bloquer un temps, un rituel à une heure précise, le matin par exemple, et ne jamais en sortir. Sans rituel, il est impossible d’être régulier et c’est bien normal. Tout comme on se brosse des dents ou on déjeune sans réfléchir, on s’assoit chaque matin au même endroit, et on ritualise : un thé, une bougie, une encens, et hop.
- La durée idéale est d’atteindre les 20 mn par jour. Mais débuter sur 10 mn, c’est déjà bien.
- Matin et soir, c’est idéal, les effets sont nettement plus forts avec ce rythme (comme toutes les pratiques bien souvent)
- La position : assis sur une chaise face à un mur blanc, ou assis par terre en lotus. On évite de croiser les jambes.
- Le principe de la pratique, de celle-ci en tout cas, c’est d’aborder les difficultés comme des cadeaux. Et notre mission, c’est de les transformer en conscience. On peut ressentir de la gratitude aux difficultés qui nous sont amenées car avec le soutien de cette pratique ou de tout autre, on est obligé de reconnaître qu’elles nous apprennent toujours quelque chose sur nous et nous permettent de progresser. Bref, on dit oui à l’expérience et on se détermine pour la transformer en conscience.
- Avoir la possibilité de pratiquer à plusieurs est un plus, pour se soutenir et voir les effets de la pratique sur chacun, ce qui encourage à continuer et à s’accrocher. Il y a des groupes de pratiques un peu partout en France.
- On dit que pratiquer ce mantra fait ressortir le bouddha que nous sommes au fond. C’est une intention naturelle à la pratique : faire apparaître le bouddha en nous. Ce qui veut dire appeler simplement la conscience…
Notre pensée se manifeste, bouge de façon différente pendant la pratique (comme en méditation) :
- On ne pense à rien ou on laisse faire
- On peut avoir des pensées dans tous les sens, puis au bout d’un moment, la pensée devient plus focus et on commence à avoir des idées inspirées ou existentielles.
- On peut demander à la pratique de libérer les émotions qui résistent. Et ça lâche souvent. Surtout quand on a pratiqué un peu avant, car il y a un effet “maman”, dans le fait de s’en remettre à plus grand. Mais, pour que l’émotion se libère vraiment, il faut arrêter le mantra. Les deux ne peuvent se faire en même temps.
- On pose une intention, ou plutôt on « se détermine pour » : je me détermine à plus de clairvoyance, à m’entendre, à accueillir ce qui est en moi, ou de façon plus prosaïque à avoir une maison, un petit copain, ce que vous voulez.
Ce n’est pas un supermarché
En revanche, ce n’est pas un supermarché. Nous sommes tous dans un process, et nous avons des étapes. Il était écrit sans doute que je ne pouvais pas arrêter mes insomnies dans l’instant, et je ne l’ai pas demandé au tout début, je sentais que ce n’était pas le sujet.
C’est important de sentir ce que l’on demande. Sentir que c’est juste. Que nous ne sommes pas en compensation ou en défi ou en imploration.
La formulation avec “je me détermine à …” permet de sentir si on accepte vraiment cet engagement avec soi-même. On peut sentir la responsabilité que l’on prend, l’action qu’on accepte si elle se présente, et souvent, certaines choses que l’on voudrait sur le papier ne peuvent être dites dans cette formulation. Cela veut dire alors que ce n’est pas encore le moment. Il y a un processus.
Enfin, la pratique peut au début générer de la résistance à ce qui est en train d’émerger, parfois avec des effets physiques légers mais qui ne durent pas : mal de crâne ou mal au ventre. Quand ça tiraille, on continue jusqu’à ce que le tiraillement s’arrête. Si on est fatigué, faute de sommeil, on continue jusqu’à se sentir énergisé (je sais de quoi je parle). Si on se sent désespéré, on continue jusqu’à ressentir de la paix. Quelle que soit la douleur, on peut faire ce choix de pratiquer jusqu’à ce que la douleur disparaisse.