Suite de l’article Partie 1
Dans la 1ère partie de cet article, j’évoquais comment mes écrits peuvent résonner pour certains et au contraire agacer pour d’autres. Puis nous avons parlé de cette connexion à une source intérieure qui nous rend si sensibles à la vérité quand elle est dite dans sa simplicité. Et de l’énergie, de la douceur qui se dégagent quand nous nous relions ensemble à ce même endroit.
Quand cette source intérieure est créditée, il y a comme une lumière qui s’allume dans les yeux des gens. La conversation devient alors particulièrement satisfaisante. Profondément satisfaisante. On ressent la recherche commune d’une vérité. La quête est la même. La dureté s’éloigne. Il n’y a pas de combat. Juste l’excitation de découvrir ensemble, son soi, ou l’autre.
Ca n’empêche pas les difficultés relationnelles habituelles. Mais, quelque chose nous nourrit, et c’est toujours un moment de grâce quand on s’inscrit dans ce moment avec l’autre.
Dans cette seconde partie, je parle de cette nourriture relationnelle à laquelle on peut prendre tant de plaisir, qui est si rare parfois, de quand elle se donne et de quand elle se donne pas. Je parle en particulier de la double brique idéale pour que cette discussion « miraculeuse » ait lieu : la quête de vérité et l’écoute du ressenti, ce que l’on pourrait appeler le « crédit à la source intérieure ».
Mais réunies, c’est ce qu’on peut appeler la présence.
Quête de vérité & connexion au ressenti | Les profils
La quête de vérité, c’est la curiosité qui nous met en quête de compréhension, de nous, des autres et de la vie. C’est le pourquoi des enfants, des adultes, c’est le besoin de comprendre, de creuser, et l’excitation du moment où ça commence à s’éclairer. Quand on s’approche de la vérité.
La connexion au ressenti, c’est ce temps qui est donné pour ressentir intérieurement, et lire la réponse aux questions non pas avec notre mental mais avec notre espace intérieur (notre coeur). C’est une disponibilité intérieure qui signifie que le mental ne prend pas toute la place. C’est aussi un crédit donné à ce ressenti qui n’est pas uniquement rationnel, donc qui nous échappe un peu. On peut ainsi avoir une vision en très peu de temps, des intuitions, des évidences qui s’imposent, alors qu’objectivement, point de vue cerveau gauche, nous n’avons pas assez d’éléments pour savoir ou avoir un avis.
Vis à vis de cette double brique idéale, il y a des profils qui peuvent être à fond sur une brique, et renâclant sur l’autre. Parfois, on a les deux. Parfois aucun.
Et puis parfois, c’est la situation (spéciale) qui génère les deux briques, et c’est alors assez exceptionnel.
Ainsi, j’ai remarqué que les hommes HP (hait-potentiels) sont souvent en quête de vérité mais de façon mentale. Ils sont donc curieux mais québlo. Leur regard pétille de questions mais ils n’utilisent que leur cerveau gauche pour y répondre. Ils partent ainsi dans les hypothèses, les analysent mentalement pour savoir quelle est la bonne, et ça peut prendre des plombes. Ca peut surtout devenir rapidement frustrant, parce qu’ils n’aboutissent jamais vraiment à une réponse générant cette énergie spécifique (si agréable) quand la source est connectée (le fameux « c’est çaaaa »).
Ils ont probablement plein de bonnes raisons pour ça. Sans doute que le ressenti n’a pas démontré son efficacité sur le plan scientifique dans notre société. Sans doute nous a t-on demandé, incité, fait comprendre quand nous étions enfants que l’utilisation de l’intuition et du ressenti n’était pas la bonne voie. Alors, c’est le mental qui s’est imposé. Ce qui est douloureux et demande beaucoup de contrôle pour ne plus en souffrir. Certains peuples nous plaignent pour cela (voir Sagesse d’ailleurs pour vivre aujourd’hui et Messages des vrais hommes aux hommes mutants).
Nous y résistons tous, et eux en tant qu’hommes, plus encore. L’imbibation sociétale est encore plus injonctive sur ce plan pour eux semble t-il.
D’autres personnes sont bien mieux connectées à leur ressenti, mais elles craignent la vérité. Leur regard est connecté au cœur, ça se voit dans leur façon de sonder leurs réponses intérieurement, mais en même temps, elles ont peur de poser les questions. Elles ont peur aussi des réponses. Du coup, la lumière de la quête ne se lit pas dans leurs yeux (c’est la lumière qu’a un enfant qui pose pleins de questions). Elles vivent dans la peur. Je pense beaucoup aux femmes pour ce profil. Car elles sont connectées, mais elles fuient. Parfois elles fuient dans l’angélisme (la joie, la paix, le bonheur, les photos sur Instagram, les dons énergétiques, etc). Parfois dans le déni. Parfois en se maintenant dans la superficialité.
C’est comme si la vérité risquait de leur confirmer de très mauvaises nouvelles sur elles : un abîme de faiblesse intérieure, de la lâcheté peut être, de l’insuffisance, de la compromission, que sais-je… Pour ce profil, la peur tient essentiellement au manque de connexion avec leur puissance. Elles en ont été tellement dépossédées (depuis l’enfance) de leur puissance, qu’elles ne ressentent que faiblesse à l’intérieur. Donc chercher la vérité, c’est risquer de la rencontrer (la faiblesse). Le mot d’ordre serait : ne pas trop regarder à l’intérieur, ne pas trop chercher de réponses.
Et puis il y a bien sûr les ni ni : ceux qui ne font pas confiance à leurs ressentis/intuitions (et à ceux des autres) et qui n’ont pas envie d’aller chercher la vérité. On pourrait l’appeler le niveau 1 de Dabrovski dans sa théorie de la désintégration positive. Et c’est ok.
Je peux personnellement être en relation avec des personnes chouettes dans cette posture ni ni. Mon ami Bruno est un ni ni. La relation se déroulera quand même. IL peut y avoir de l’écoute, du respect. Mais il n’y aura peu d’énergie à circuler…
Quand on a besoin de ces deux briques
Dans une séance avec une cliente la semaine dernière, on s’est posé la question de comment repérer ceux qui la nourrissent avant même d’entrer en relation. L. a réfléchi puis m’a dit que pour ceux qui lui apportaient cette présence dont elle avait besoin, donc dans cette même quête (les intersections ne sont pas exactes), il y avait comme une petite lumière dans leur œil.
Cette lumière, elle la voyait chez ses soeurs, deux copines, et puis c’est tout. Insuffisant ressentait-elle. Oui mais comment aller vers quelque chose si on ne l’avait jamais identifié jusque là ? Et si ce jour là, elle a identifié ce quelque chose qu’elle recherchait, il est impossible que l’avant soit pareil à l’après. Une 1ère pierre a été posée.
Acter un besoin est une première pierre posée pour changer quelque chose. C’est une étape nécessaire, souvent douloureuse, car en actant le besoin, on reconnaît le manque dans lequel on est.
Nous avons besoin, pour certains d’entre nous, quand nous sommes avec l’autre, de ressentir cette quête, cette curiosité vis à vis de ce qui est (la vérité, celle de l’autre et la notre), et cet appui sur son ressenti (le silence intérieur pourrait-on dire) pour savoir ce qui est juste, et non le mental.
Quand la conversation est alimentée par le mental, on ressent d’ailleurs des coupures énergétiques. Les réponses viennent trop vite, elles sont trop tranchées, l’énergie ne circule pas bien, on peut facilement se retrouver en apnée, ou en respiration haute. La conversation peut rapidement devenir oppressante (avez-vous déjà eu cette sensation ?). J’ai d’ailleurs eu une période où je partais en transe (tremblements du corps, respiration intense) quand le mental ne lâchait pas chez mon interlocuteur. Pratique dans un bar ! La personne peut aussi avoir du mal à poser des questions à l’autre, par manque de disponibilité intérieure.
A contrario, quand la personne est connectée à son ressenti, l’énergie circule bien. On le sent par exemple dans les quelques secondes qu’elle peut prendre pour sentir avant de répondre. Les réponses ne fusent pas (le mental est très rapide, il squizzera toujours la source intérieure en timing). Elles viennent par le coeur. Je ne sais comment l’expliquer mais on le sent. C’est d’ailleurs un ressenti important en séance pour moi. Quand la réponse est mentale, on sent la résistance. Et derrière la peur.
Dire le besoin, c’est s’autoriser à reconnaître quand ce besoin ne sera pas nourri, ici. C’est donc préparer la sortie de la posture d’attente face à ce qui n’aura pas lieu.
Dire le besoin, c’est donc ressentir une frustration immédiate en lien avec la relation à laquelle nous pensons, et derrière, la colère ou la tristesse du manque.
Quand nous ressentons ce manque, nous le libérons en même temps. Quand nous renonçons à ce que ça ait lieu là, ici, maintenant, nous souffrons dans l’instant, mais ce renoncement nous libère énergétiquement (avec quelques petites techniques de libération énergétique, oui). Nous redevenons alors derrière plus patient, plus flexible, sans doute plus ouvert aussi. Moins exigeant. Ou nous coupons, simplement. Ce qui est très bien aussi.
Et puis la relation se fera peut être autrement, par un projet, par du sexe, par du travail, par de la musique, par la météo… par rien éventuellement. Mais reconnaître le besoin et le manque est déjà beaucoup…
Signes de reconnaissance
Peut-on reconnaître par avance les signes de cet interlocuteur en quête commune au premier regard ? Et comment aussi reconnaître quand ce n’est pas là ?
Selon la brique concernée (vérité ou ressenti), les indicateurs sont différents.
Le quêteur de vérité
Ce profil bien calé sur la 1ère brique de « Quête » est un profil qui me fait penser à Franck, un ami que je ne vois pas trop souvent (il est très mental, c’est compliqué la discussion avec lui), mais qui est néanmoins assoiffé de vérité (le Dabrovski man, c’est lui). Servez-lui quelques billes de vérité qui travaillent en lui sous forme de doutes et questionnements, il embraye direct : « ah oui, c’est çaaaa …. ». Ca m’arrive souvent d’émettre la même phrase quand j’écoute par exemple Franck Lopvet sur Youtube : »ah oui c’est çaaaaa… ». Et c’est toujours très excitant. Et libérateur. On ressent un extraordinaire soulagement quand la vérité est dite dans toute sa simplicité, y a pas à ch***.
Bref, la quête commune n’enlève rien aux éventuelles crispations relationnelles, aux peurs, aux projections, aux points sensibles, et même au contrôle qui opère. Mais, il y a une quête commune.
Un des premiers signes, c’est qu’ils ont le regard direct. Ca souffre peut être à l’intérieur, ça contrôle probablement, mais ça regarde droit dans les yeux parce que la part qui cherche à comprendre est plus forte que la part qui a peur.
Voyez-vous cette franchise dans le regard, instantanément, à la 1ère rencontre ? Il n’y a pas de jugement, il n’y a pas de fuite, il y a de la présence, matinée de peur, peut être, d’autisme (les yeux qui fuient), pourquoi pas, mais c’est clair et franc en même temps.
On pourrait le résumer à cette phrase : « T’en penses quoi, toi ? ».
L’autre signe, c’est que, si le profil en quête de vérité n’est pas forcément connecté au ressenti, quand tu lui dis quelque chose qui pourrait contredire ce qu’il pense, il ne se sent pas agressé. Il a envie de creuser. Ils’excite même. Ca va lui générer des questions ! Ah bon, ça t’intéresse ? Mais… ok, allons-y !! C’est là dans cette ouverture que l’on ressent cette sorte de connexion à la puissance intérieure. C’est dur à décrire mais ça pourrait se résumer à : même pas peur (de soi) !
Du coup, contrairement à d’habitude, il n’y a pas de malaise. Il n’y a pas de combat (tu veux tout le temps avoir raison, tu me contredis, etc). On creuse dans la même direction. Et il n’y a rien à cacher. Et si il ne veut pas creuser, il te le dit. Mais c’est clair. Les choses sont dites.
Le connecté au ressenti (cœur/source intérieure)
Ensuite, la recherche de la réponse nous fait atteindre la seconde brique.
Si nos interlocuteurs sont plutôt rationnels, c’est raté. Ils vont se lancer dans des hypothèses, des réflexions mentales. Les réponses vont venir très vite, sans silence intérieur.
Là, le signe précurseur de la connexion mentale est dans la rapidité des réponses. Mais aussi la longueur de la réflexion (qui tourne en boucle), la multiplicité des hypothèses c’est parfois assez ennuyant de les brosser dans le détail), et l’énergie qui ne circule pas. Enfin elle est mentale, donc pas très agréable. On peut le ressentir d’ailleurs physiquement si on est vraiment sensible et se sentir oppressé, fatigué, en stress. La respiration est haute, elle n’est pas profonde. Il n’y a pas d’espace dans la conversation.
Quand nous discutons avec une personne qui est connectée au ressenti, il y a plus de silence. Elles en ont besoin pour voir comment ça résonne en elles. La conversation est émaillée de courts silences, de quelques secondes. Et on peut ressentir physiquement une sorte de détente, de bien-être. L’énergie du cœur est là, le mental absent. Cela peut donner le sentiment que l’on pourrait parler éternellement, car dans cette énergie, il n’y a aucune perte. Elle circule et nous alimente en permanence.
Quand la connexion au ressenti ne se combine pas avec une quête de vérité, donc que la connexion au ressenti se combine à la peur de l’insuffisance, je n’arrive pas vraiment à dire ce que cela donne. Je crois que ce sont les conversations que nous avons souvent entre femmes. Le sensible, l’émotion sont présents, mais ça manque d’enjeu, de puissance, de franchise. De quête 😉 On pourrait dire que c’est un peu mou.
La beauté du pétillement de l’œil
J’adore les profils HS dur pour ce pétillement dans les yeux, qu’on peut reconnaître dans la seconde de la rencontre. Des fois, ce sont des enfants. Un ami est ainsi venu avec ses deux enfants un samedi soir. Son gamin de 11 ans avait cette lumière dans l’oeil. Celle en tout cas qui moi me parle. Et nous avons été connectés instantanément. Comme une évidence.
Elle est étrange cette connexion. Ca ne rend pas la relation plus simple par ailleurs. Car du coup, nous sommes tous un peu autistes. Parfois beaucoup. Souffrant avec l’extérieur, mal à l’aise parfois, pleins de blessures affleurantes (les femmes), parfois coupés de nos émotions (souvent les hommes), et souvent en mode très, très mental (il est surpuissant, soyons honnête…).
Par exemple avec Franck, on peut à peine se parler. Lui en prise avec son mental surpuissant, moi en prise avec mon besoin de partager des émotions et de l’intime (espèce de fille que je suis), on en est arrivé à la conclusion qu’on devait attendre que l’un se détende pour se voir… Soit c’est son mental, soit c’est mes émotions.
Je pense aussi à Vincent, même combat. Le fluide est là. On se dit rien d’essentiel sur le fond. Mais on se capte. Mais lui aussi, c’est une forteresse émotionnelle. Donc la relation est entretenue avec parcimonie. Pour que la forteresse ne soit pas trop pesante. Pour moi.
Voilà pour ce petit pétillement du regard…
Quand la situation amène les deux briques
Le pétillement de la quête de vérité dans le regard et la connexion au ressenti quand on cherche la réponse, tout cela peut nous arriver avec certaines personnes parce qu’elles ont les deux briques. Comme L. avec ses soeurs, ou moi avec certaines personnes proches (je pense à ma fille Annaëlle, ou à ma nièce quand elle est en down, à une amie, Christine, à un ami, Dominique). On a alors le cocktail parfait.
Quand ma nièce est dans ce mood, le weekend s’allonge. Quand j’ai ce type de conversation avec quelqu’un, on n’a plus envie de s’arrêter. A un moment parfois, la charge énergétique est même trop forte, il faut qu’on fasse un break. On le fait : marcher, parler météo, bouffer, boire un coup. Puis on reprend.
Et puis, parfois, cette conversation nous arrive aussi là où on ne l’attendait pas, là où le regard ne pétillait pas plus que ça, là où le mental prenait pourtant toute la place. Pourquoi, comment ?
Certaines situations ont l’art de calmer notre mental. Derrière la peur de découvrir de mauvaises nouvelles, il y a la curiosité des enfants. Si la peur se dissout, la curiosité revient. Derrière la nécessité de trouver les réponses par le mental, il y a la peur de donner crédit au ressenti, étouffé depuis si longtemps et moqué chez les autres. Si la peur se dissout, le ressenti explose.
La curiosité n’est pas le signe le plus flagrant, mais la connexion au coeur et la détente énergétique que l’on peut ressentir dans la conversation, ça c’est vraiment une expérience particulière.
Ces situations, c’est par exemple le lendemain d’une soirée imbibée et festive, quand le mental est au niveau 0 et que la conversation devient soudain si détendue et passionnante, et parfois marrante, aussi.
C’est lors d’un stage de libération émotionnelle, après un fort moment collectif énergétique partagé, quand il n’y a plus rien à cacher, que l’émotion s’est libérée, et que le mental est totalement apaisé. Alors apparaît une détente extraordinaire et une vraie connexion des uns aux autres…
Dans le post-ayahuasca, ou après le sexe aussi. On a alors soudain accès à une détente qui rend possible ce qui est si rare autrement. Le cœur s’ouvre, le mental s’efface, la garde s’abaisse, et les mots viennent directement de notre centre. Nos aspirations, nos peurs, nos mémoires du passé, nos réflexions, nos compréhensions… Bref, le cœur est ouvert et l’énergie circule.
J’ai un souvenir marquant de ce type de situation, après une soirée imbibée à Copenhague. Vers 4h du matin, en sortant d’un bar, j’ai marché avec un gars, qui pourtant s’était avéré plutôt désagréable et agressif pendant la soirée. Mais à 5 heure du matin, en post-imbibation d’alcool, avec le soleil qui commençait à percer sur Copenhague, une vraie détente est arrivée. J’ai eu alors une des conversations les plus stimulantes que je n’ai jamais eue. J’avais l’impression de découvrir une vérité à chaque minute. Ca a duré des heures. Pourquoi comment ? Rétro-troactivement, je pense qu’il y avait, comme beaucoup d’hommes HP, une quête de vérité évidente en lui, et sans doute cette dureté mentale habituelle qui l’avait rendu si désagréable au début. Et puis, l’imbibation post fête, un lâchage du mental qui a permis cette connexion à la source intérieure. En tout cas le cocktail était délicieux.
Le post-ayahuasca est aussi marquant en termes d’ouverture du coeur. Quand on redescend, on a alors quelques heures de pure grâce où le cœur est ouvert. Je ne saurais décrire cette sensation. On peut parler et rigoler avec n’importe qui. Les silences sont profonds et nourrissants. On se sent connectés les uns aux autres. Nous sommes parfaitement détendus. Il y a beaucoup de dérision à ce moment là. Ca rigole énormément. De la simplicité aussi. Quelque chose d’hyper détendu et d’hyper profond en même temps… J’avoue que les champignons, si ma mémoire est bonne, ont quelque chose de cet ordre là aussi.
Je pense à il y a 2 semaines et à il y a 4 ans aussi. Deux personnes en diète chamanique, torturées, la 1ère n’étant pas capable d’avoir une conversation normale tellement elle était en stress, le 2ème perdu dans ses pensées et angoissé. Les deux descentes de trip ont été incroyables. Une discussion à coeur ouvert avec la 1ère où nous avons rigolé pendant 2 heures, et juste un échange de « salut » avec le 2ème, après s’être croisé en silence pendant 10 jours, et le rire à gorge déployé qui nous est venu en même temps. Irrépressible.
Et mon Dieu si nos interactions avec les autres pouvaient ressembler à ces moment là, la vie serait incroyable. Et elles peuvent y ressembler. Une journée de libération émotionnelle couplée à quelques pratiques de connexion intérieure, et nous voilà dans le même état qu’après un trip d’ayahuasca. C’est finalement pas si compliqué 🙂
Un autre exemple en lien avec la drogue me vient en tête, tout récent et vraiment surprenant. Un ami plutôt mental et point trop en recherche, avec qui j’ai souvent bien du mal à me connecter (nous échangeons des messages et ça tire dur), s’est retrouvé soudain dans cet état de connexion au cœur dimanche dernier en descente, après avoir pris de l’extasy la veille. Le dimanche, j’ai ainsi commencé à recevoir des messages bien différents du ton habituel : ils étaient pleins de vulnérabilité, de sincérité, d’amour aussi (bon vous allez me dire qu’après l’exta, c’est normal, mais en descente…). Nos échanges ont été profondément nourrissants. Bon, le mental est revenu bloquer l’affaire ensuite, et finalement nous ne nous voyons plus. Mais ce fût un moment précieux dans notre communication (si difficile…).
Me vient un dernier exemple de ce moment de grâce : j’ai fait beaucoup la fête quand j’avais entre 24 et 30 ans et à cause du contrôle qui me rigidifiait dans ma relation aux autres, à cause de la peur des autres, tout simplement, je buvais. Beaucoup. Je buvais même avant la fête pour me détendre. Un jour, j’ai passé une soirée dans la forêt de Brocéliande avec deux amies, à chercher un arbre que une des amies avait repéré pour dormir toutes les trois dessous. Nous étions donc à marcher derrière notre amie Laure qui promettait une pure expérience mystique mais en étant totalement incapable de retrouver le fameux arbre. Nous avons énormément ri. Une bonne partie de la nuit. Et cette nuit là est restée gravée dans ma mémoire. Car elle était pleine de vulnérabilité, de dérision, et d’authenticité. Et elle était surtout sans alcool. Or sans alcool, je n’avais jamais passé une bonne soirée jusque là. .
Quand je suis revenue de cette soirée, et bien des années après encore, je me suis interrogée. Comment et pourquoi pouvais-je être si bien sans alcool ici précisément alors que jamais ailleurs ? Qu’est ce qu’il y avait dans les autres soirées qui m’empêchait d’être si détendue si je pouvais l’être naturellement ? Quels étaient les ingrédients clés de cette soirée ?
Mais, je n’ai pas creusé. Jusqu’à ce que je perde le sommeil après avoir trop abusé de l’alcool… quelques années plus tard. J’aurais dû creuser… Mais j’ai finalement eu la réponse, quand même.
Et puis le down aussi
Cette ouverture soudaine, elle nous vient aussi quand nous sommes sur les genoux. Il y a alors un désespoir accompagné d’un sentiment de fatalité qui peut mener à un abandon de la lutte, pendant un temps. Le mental se désactive. On est déprimé mais en même temps vulnérable et authentique car il n’y a plus rien à sauver. Notre image de nous-même s’est effondrée. On se sent tout petit, et en même temps complètement détendu. On s’abandonne…
Le moment n’est pas forcément le plus convivial, contrairement au post-fêtes, mais il nous rend si humbles, si peu mental, qu’une magie opère alors dans notre disponibilité à notre être profond. C’est, je l’avoue, le meilleur état dans lequel je puisse accueillir une personne pour une séance d’accompagnement. Mais évidemment, il est très temporaire. Dès que l’espoir revient, dès que une bribe de confiance revient, souvent après une libération émotionnelle et de conscience, le carburant énergétique de retour vient alimenter le mental. Et c’est reparti pour un tour d’illusions !
Ainsi dès que les gens vont mieux, le mental reprend du poil de la bête. Non, tout va bien, je vais m’en sortir, le juste bien suffira, je n’ai pas besoin d’aller creuser plus loin, etc etc. C’est de bonne guerre. Notre âme saura se rappeler à notre bon souvenir, de toute façon 🙂
L’attente infinie
Il y a une souffrance quand on attend cette nourriture indéfiniment de qui ne peut le donner. La lueur d’intérêt, la recherche commune, la curiosité, l’écoute attentive, ce qu’on pourrait appeler finalement, la présence.
Alors oui, bien sûr, quand nous sommes centrés, quand nous sommes détachés, ou forts ce jour là, quand nous ne sommes pas étourdis par le manque de présence, nous savons reconnaitre que ici ça ne nous sera pas donné. Et parfois nous savons économiser les attentes stériles, et aller voir ailleurs.
Mais, avant d’en arriver là, en bons petits hypersensibles que nous sommes, nous avons cette longue phase d’abord où nous attendons éternellement là où ça ne peut nous être donné. Car nous le prenons personnellement, nous attribuons cette non-nourriture à notre incapacité à le vivre ou à le provoquer. Nous ne conscientisons rien, nous ignorons même notre attente, et tout comme on peut se sentir triste après du sexe sans en comprendre l’origine, on se sentira triste et frustré après une conversation sans bien comprendre ce qui s’est joué.
Puis nous abordons un jour la phase de conscience où nous commençons à comprendre que nous avons un besoin là, qu’il génère des attentes vis à vis des autres, et que tout le monde ne peut nourrir ce besoin. Cette phase là soulève colère, exigences, rejet… et même si elle n’est que transitoire, il paraît bien difficile d’en sortir tant la frustration qui émerge est importante.
Quand ça contourne sec autour de moi
J’ai eu un ami dans ce profil. J’avais accès à des instants de vérité, quand il était vraiment très mal. Puis il allait mieux, et il remontait dans la barque, se targuant de son insouciance, fuyant son intérieur. J’ai attendu longtemps que la lueur de la curiosité s’allume dans ses yeux, qu’il soit en présence avec moi. Mais ça ne venait que quand la dépression le prenait (et en post-extasy, c’est le même ami !). Cette attente m’a rendue à vif, exigeante, larmoyante parfois et colérique à d’autres. L’espace temporel de cette attente semblait infini… et accepté. J’attendais. Puis un jour, l’attente a explosé. Et j’ai alors vu la vérité : ça ne me serait jamais donné. Pas ici, pas là, pas comme ça, pas avec lui. J’ai alors renoncé. La relation s’est arrêtée. Juste après avoir fermé cette porte, que j’avais eu tant de mal à fermer pendant deux ans, une autre s’est ouverte quelques jours après. Fermer une porte pour permettre à une autre de s’ouvrir… C’est si vrai.
Ma nièce aussi, parfois, selon les jours, est dans un profil puis dans un autre. Quand elle est en douleur, comme cet ami, elle devient soudain réceptive à ce qui est. A ce qui lui fait mal. À la vérité en elle.
Mais quand elle est hors champ douloureux, tout comme lui, alors, ils ne sont plus vraiment là. Leurs yeux ne sont plus focus. La parole chez l’une est forte et en tunnel. L’autre s’abîme dans le silence ou l’alcool. L’espace intérieur n’est pas ouvert. Il y a une sorte de diversion. D’histoire que le mental raconte de soi.
J’ai remarqué plusieurs particularités. Ca paraît évident comme ça, mais pour peu qu’on soit dans un tunnel relationnel, c’est toujours bon à repérer techniquement.
Ce profil de non-présence ne demande pas : « T’en penses quoi, toi ? ». Il ne veut pas ton avis ni savoir comment tu vis les choses. Il a même plutôt peur que tu lui poses trop de questions ou que tu parles trop de toi. Parce que quand tu parles de toi, ça ne lui évoque rien sur lui.
Il veut pas forcément creuser en lui. Parfois, il veut bien creuser en toi, mais juste en toi, pas en lui. Alors,, il est projectif. Il ne peut s’empêcher de projeter ce qui lui appartient. C’est normal, puisqu’il ne veut pas voir son intériorité, elle sort par les projections. Bref, il a du mal à « ressentir » la perspective de l’autre, il reste un peu coincé dans la sienne.
Ce que tu lui dis de lui passe par son mental et n’est donc pas forcément bienvenu car son mental le protège de toute intrusion vers le coeur, y compris la sienne. Ce que tu lui dis de toi, ne l’intéresse pas vraiment car ça ne résonne pas avec sa propre introspection puisqu’il la fuit. Bref, il est là mais il n’est pas là.
Ce n’est pas binaire. Il y a bien sûr des dégradés.
Mais bon, en clair, il ne te demande pas ce que tu en penses. Il a besoin de rester sur ses certitudes. Pour que son monde durement construit à coups d’hypothèses et de dogmes contredisant son ressenti ne s’écroule pas. Donc il te parle, il se raconte. Mais, il ne te demande pas ton avis. Surtout si ton avis se base sur ton ressenti. Ca n’a alors aucune crédibilité.
C’est intéressant de regarder autour de soi avec cette perspective. Qui vous demande implicitement (c’est plus courant) ou explicitement ce que vous en pensez ?
La sensation de la source intérieure
J’en ai parlé dans l’article Partie 1, il y a comme une source intérieure en nous dont nous pouvons être coupés ou à laquelle nous pouvons être connectés.
Cette source nous dit ce qui est sur les choses, sur les hommes, sur l’univers. Elle parle par notre intuition, nos ressentis. Bien sûr, ça passe par la tête, quand on répond, quand on réfléchit, mais ressentir si c’est juste ou non passe par un endroit de notre corps qui s’étend de la gorge au plexus, selon les personnes et les moments.
Et comme j’en ai parlé, les citations sont un bel exemple de cette vérité toute crue qui peut nous saisir parfois, au cœur et à l’esprit, sans autre besoin d’argumentation.
La sensation est reconnaissable. Elle est dans le cœur. Elle est vibrante et soulageante.
Qu’est ce que ça fait quand on n’accorde pas crédit à cette source ? Quand on ne se laisse pas traverser par cette énergie de vérité qui fait du bien ? Quand le contrôle que nous avons installé sur nos ressentis, sur nos intuitions nous empêche de profiter de cette sensation ?
J’ai remarqué que les quelques personnes (j’en ai interrogées peu) qui peuvent trouver de la prétention dans mes textes sont aussi celles qui sont particulièrement « démangées » par cette source mais refusent de s’y abandonner. Le mental résiste.
Leur rationalité et le dogme de leur insuffisance (inconscient mais bien insuflé depuis l’enfance) ne leur permet pas de donner crédit à la source. Pas pleinement en tout cas.
On dit que les gens nous agacent quand ils font ce que l’on ne s’autorise pas soi-même. Je crois que plus les personnes ont une forte connexion à leur source intérieure et y résistent, plus elles sont agacées par ceux qui s’y autorisent.
D’autres connectent moins à cette source, sans doute parce qu’ils connectent ailleurs. La vérité n’est pas si démangeante en eux, c’est peut être l’amour qui les travaille. Ceux-là ne se sentent pas alors agacés, mais pas stimulés non plus. Cette vérité servie est un non-sujet. Ou plutôt non stimulante.
D’autres se sont connectés depuis longtemps à cette source et n’ont plus besoin d’entendre ce qu’ils savent déjà. Ils ne découvrent plus rien. Ils sont probablement juste dans leur axe. Présents. Et alors, là aussi, elle n’est plus stimulante.
Ce n’est pas mon cas 🙂 Parfois, cette grâce me vient. Je n’ai plus besoin d’écrire. Je me sens juste présente à moi. Et que la vérité soit dite n’est plus aussi nécessaire. C’est superfétatoire. Je suis cool, quoi.
Puis je me retrouve à nouveau confrontée. Par mes expériences, à mes injonctions, mes croyances. Et bang, j’ai à nouveau besoin d’écrire. De dire la vérité en moi. Comme une rébellion. Ou de la lire.
D’ailleurs bizarrement, me lire et me relire a un effet guérisseur pour moi. Ecrire oui. Mais me lire me soulage. Je sens l’énergie sortir de moi. C’est bizarre ça…
Et puis, il y a ceux qui sont habités par cette vérité possible là mais dont la part mentale résiste. Ceux qui s’agacent donc.
Qu’est ce qu’elle leur dit, cette part mentale ?
Elle leur rappelle chaque jour et depuis l’enfance qu’ils sont insuffisants et donc dépendants d’elle et de l’extérieur pour savoir ce qui est vrai. Ils n’ont donc pas confiance dans leurs ressentis, ce qu’on peut appeler leur puissance intérieure. L’expression même de puissance intérieure peut d’ailleurs leur paraître mégalo (quand les autres en ressentent spontanément la signification).
Je dois reconnaître qu’il y a beaucoup d’hommes dans cette case. C’est ballot, parce qu’un homme, c’est génial. C’est vivant. C’est fragile. C’est puissant aussi. Normalement. Mais, souvent l’homme met sa puissance ailleurs. Dans son mental. Il n’est pas le seul. Moi aussi, je l’ai fait. Alors…
Mais quel dommage.
Et comment nos hommes sont à présents émasculés de leur puissance en singeant force et caractère avec leur petit mental analytique et rationnel qui ne sait rien et croit tout saisir…
Conclusion sur nos attentes désespérées…
De mon petit point de vue autistique, ou HS dur, quand il n’y a pas de recherche de vérité, toute vivante que soi la personne face à moi, l’ennui n’est pas loin. La conversation va tourner court. Parce qu’on peut pas aller partout. Pas à l’intérieur en tout cas.
Je pense à cette cliente avec qui nous en avons parlé la semaine dernière. Elle souffre de son environnement : ex, parents, amis. Se sent peu comprise. Ressent le manque d’authenticité. La fuite des émotions, etc.
Nous avons résumé ses attentes insatisfaites à une question quelle pouvait se poser à chaque fois qu’elle se sentait incomprise ou maltraitée : la personne en face d’elle serait-elle prête à mettre 80 € sur la table (ou à faire 100 bornes) pour comprendre ce qui se joue en elle, pour mettre de la conscience ?
La vérité, par l’imagination, on peut classifier chaque personne que l’on connaît. C’est hyper intuitif.
Si on sépare le monde ainsi, on découvre alors l’origine de nos attentes désespérées et stériles.
Tel ami avec qui j’ai toujours été mal à l’aise, imperceptiblement, sans comprendre pourquoi, est-il prêt à payer ? Heu attends j’imagine… Ben non en fait, grave pas.
Tel autre est-il prêt à payer ? Heu… non plus. Il préfère ce plaindre, probablement.
Ma mère ? Ca dépend. Parfois oui, parfois non.
Quand ce n’est pas prêt à payer, c’est que ça n’est pas en recherche de vérité. Mais plutôt de sécurité. C’est ok. Mais donc, la sécurité est prioritaire. La remise en cause, la compréhension de l’autre, oui, mais pas au dépens de sa propre sécurité. Et comme il ne peut y avoir qu’une priorité number one…
Moralité ? Et bien ça ne sert à rien d’attendre, car on ne pédale pas dans la même direction ! Et si je fais des efforts pour comprendre, mettre du sens, se dire les choses, avec celui qui priorise plutôt la sécurité, il y en a un qui va souffrir, et c’est pas celui qui sécurise…
Parfois, sa sécurité passera par un rapport de pouvoir. Possiblement. Le pouvoir, c’est imperceptible. Une façon de pas répondre franchement aux questions, de détourner le sens, de faire semblant de ne pas comprendre, de fuir le partage d’émotions, la vulnérabilité, de détourner les yeux, ou de rebondir toujours ailleurs, par des petites pirouettes de trucs tout fait : ah la la, oui, la vie est ainsi faite. Ou de pas rebondir du tout. Ou pire : de donner des conseils : fais comme moi, tu verras, tu te poseras moins de question, tu seras plus détendu(e). Arghhh.
Acter le besoin, puis renoncer à ce qu’il soit nourri ici 🙂 Ressentir la souffrance, et l’accepter, quelques secondes, ou minutes.
Et voilà…
Ainsi ce termine cet article en deux parties qui est parti dans tous les directions ! J’espère que vous y trouverez une quelconque cohérence….