Cet article est un article un peu bourin, un peu sous le coup de l’émotion, mais je le laisse dans son jus.
Je suis revenue d’un festival chamanique hier soir, et ce matin, bizarrement, alors que j’ai passé un bon weekend, je ressens une sorte de colère rétroactive. Je vais donc me laisser aller à écrire. Ca va être personnel, mais de toute façon ce blog tourne de plus en plus vers ça, donc, Inch Allah 🙂
Ce festival est une série d’ateliers en journée pour les gens intéressés par le chamanisme mais de façon plus large par toutes les méthodes de bien-être et développement personnel.
Jusque là, tout va bien.
Voilà en vrac ce qui m’a mise en colère, même si la colère a opéré en arrière-plan, sans être conscientisée, au moment où je vivais les situations.
Je précise que je n’en suis pas dupe, je me doute bien que cette colère ne parle que de moi, et j’ai déjà une petite piste, qui serait qu’elle est à la hauteur du crédit accordé à l’extérieur dans le reste de ma vie… comme d’habitude !!
J’ai vu (et j’ai été agacée par)
Le voile permanent sur la peur
Les gens quand ils font semblant d’aller bien alors que la peur transpire par leurs yeux.
Les discussions où à qui mieux mieux on s’extasie sur le chemin, les outils, les progrès alors que leur discours semble une façon désespérée de se raccrocher à l’idée que ça va aller, « dites moi que ça va aller ». C’est donc la peur que ça n’aille pas qui transparaît.
Bref, comment nous marketons notre développement personnel comme on markete sa vie sur les réseaux sociaux. Sur les réseaux sociaux, c’est cousu de fil blanc, c’est classé. Ici, dans ce contexte, ça m’a agacée (sans doute parce que je prends conscience d’une évidence que j’avais refusé de voir jusque là, la vraie peur en dessous…).
Le concours d’étalagisme
Mon ex copine Céline, revue après 3 ans, quand elle passe notre temps de retrouvailles à me raconter comment tout ce qu’elle fait est super, comment elle a un don incroyable, comment elle fait des expériences de ouf, comme si je risquais de penser qu’elle n’a pas bouger et que sa vie n’a pas de sens, ce qui veut sans doute dire qu’elle le craint elle-même, et il n’y a pas de mal, mais j’aimerais tellement qu’elle le dise, plutôt que cette course à l’étalagisme….
Bref, je n’avais pas compris avant combien l’étalagisme parle uniquement du doute (ce qui n’enlève rien à la possibilité que ce soit effectivement génial). Et combien nous n’avons pas besoin de parler de ce que l’on fait quand on n’en doute pas… Est-ce que Jésus raconte sa vie avec détail aux gens qu’il rencontre pour montrer que oui, nickel, il est sur la voie, tout va bien ? Non. Suis-je assez bête pour demander aux gens de se comporter comme Jésus ? Apparemment oui. Et je m’agace moi-même.
Le crédit à celui qui en dit le plus
Mon copain Philippe quand il me raconte que Céline fait des trucs bluffants et incroyables selon ce qu’elle lui a raconté, et me vient alors que moi aussi, je fais des trucs bluffants mais que je la ramène pas, et ça me met en colère qu’il accorde son crédit là et pas à moi (et finalement, c’est toujours celui qui se la ramène qui remporte la palme, blablabla…).
Bref, je reconnais là mon envie récurrente d’être reconnue là où ça ne peut pas… car il y aura toujours des gens qui sauront me voir, m’apprécier, et d’autres qui ne verront rien : mes écrits leur paraitront inutiles, mes séances superflues, la circulation énergétique non opérante, et ma présence fera pschitt sur leur mal être bien enfoui. Vais-je continuer à poursuivre ceux qui ne voient rien ? C’est une vraie question pour tous les hypersensibles de la terre 🤣
Les paillettes au cas où ça nous dégoulinerait dessus
Les gens qui achètent les paillettes en espérant que ça va couler un peu sur eux, et en squizzant le travail de fond à côté. Ce qui me renvoie à la grande colère qui m’est venue il y a quelques temps, pendant un soin chamanique, où j’ai eu une montée imprévue et violente sur… la lâcheté humaine. Quelque chose en moi qui regarde les choses telles qu’elles sont et non telles que je croyais qu’elles étaient. Ca a le mérite de donner de la compréhension sur notre monde. Mais aussi beaucoup de colère pour le crédit accordé avant. Ca ne durera pas 🙂
Il y a également un écho avec cet « éveil » que j’ai eu il y a 4 ans. Avec cette évolution intérieure, mes rencontres en séance pouvait produire de grands bouleversements, de grands impacts. Cependant, à ce moment-là, les personnes que je rencontrais investissaient très peu ces séances individuelles, qu’elles encensaient pourtant comme transformatrices. J’ai ressenti à l’époque énormément d’incompréhension, d’impuissance, et de frustration. Car si on veut une transformation, y a ka, non ? J’ai cru que je n’étais pas assez crédible. J’ai compris ensuite que c’était ma posture qui n’était pas juste. J’avais pris la responsabilité du changement en donnant beaucoup gratuitement et en me vendant comme une baguette magique. J’attirais donc qui voulait une baguette magique… Or un processus, c’est plus long qu’une baguette magique. Par contre ça a un avantage, c’est que ça marche. La baguette magique, à 90 ans, on y sera encore (à l’attendre…).
L’insouciance et la joie, de façon forcée
Les personnes qui dans les ateliers font appel à la joie et l’insouciance quand elles semblent avoir un put*** de fardeau à décharger. Ca se voit dans leurs yeux, dans leur corps, et j’ai envie de leur dire : mais put*** meuf, tu vois pas que t’as une tonne de tristesse et de colère à évacuer avant d’aller chercher la joie ?
Je suis, j’avoue, parfois agacée par cette mièvrerie bisounoursme de « je suis dans le coeur » « je suis dans l’amour universel » « je veux ressentir de la sérénité » « être en paix » « la joie » …. Car oui, mais avant ça, il y a toute une souffrance à sortir, tout ce qu’on a pris, ce à quoi on a cru, le crédit accordé au système, la tristesse des besoins pas nourris, le conformisme dans lequel nous nous sommes installés, la négation de notre être. Vouloir le positif immédiatement en squizzant le processus de reconnaissance, c’est un peu maltraitant pour notre âme. Vous voyez ?
Donc oui, il y a de la tristesse dans le processus. Et de la colère. Et non, désolée, on ne ressemble pas au dalaï-lama instantanément dès qu’on bosse sur soi. On peut ressembler à une serpillère dégoulinante, puis à Freddy juste après. Ou simplement à la personne qu’on craint d’être parce qu’on a bien une part comme ça au fond (et qui a besoin de se libérer), vivante et transitoire, mais bien là. Oui, c’est nous aussi, cette folle qui hurle de rage 🤣
J’adore a contrario
Quelques personnes proches, des femmes souvent, qui assument leur disquette, et qui la connaissent. C’est magique, cette lucidité. Et je ne dis pas qu’elles n’ont pas de disquette. Elles savent qu’elles ont une disquette. Et elles ne font pas semblant d’être nickel. A contrario, au moment où je l’écris, je réalise la puissance de ces femmes. Elles ont peur mais n’ont pas peur d’avoir peur…
On pourrait se demander si la vraie puissance n’est pas là, dans cette non-peur de la peur. Ou de la souffrance.
Pourquoi ce ressenti ?
- Nous accordons crédit à ce monde illusoire quand nous sommes enfants ou ado, nous sentant à côté, avec la sensation que notre vie était naze, alors que tout est marketing.
- Cette vie sociale bien active se fait au prix de quel sacrifice de soi-même ? Quand je vois ma cadette, c’est ouf cette adaptation de soi aux autres et au système. La magie a disparu en elle… Inch Allah ça reviendra.
- Je pense à cette épisode de Black Mirror où chaque interaction entre les gens donne lieu à une notation, ainsi chaque personne reçoit une note sur 5 qui lui donne accès à plus d’amis, et des avantages divers dans la vie (des prêts bonifiés, etc). Les gens sont du coup obsédés par leur note, qui dépend grandement de à combien ils réussiront à vendre une image positive d’eux-mêmes, une vie parfaite, des photos léchées, pleines d’amour, etc. Ca ressemble (un peu) à ce que nous vivons sur Facebook et ailleurs (oui oui, je suis en réaction, je le sais). Je vous dis pas ce que j’en pense 😁
- Je suis moi-même coincée parfois dans cette nécessité de montrer que tout va bien, que je gère, non pas sur les réseaux sociaux mais dans ma façon d’aborder les autres, sur le plan professionnel en tout cas. Et je réalise alors rétroactivement cette rigidité inconsciente qui m’empêche d’apparaître vulnérable. J’ai sans doute à me pardonner cette faiblesse pour pouvoir la pardonner aux autres…
- J’ai encore cet agacement à voir combien on veut squizzer le processus en simulant le résultat, mais je commence à comprendre aussi combien complexe cela peut être, quand on se sent insécurisé, de NE PAS simuler le résultat.
Ce qui ferait sens…
- Que les gens aient un espace pour dire leur peur entre eux, avant toute chose. La vérité d’abord !
- Qu’il y ait toujours un espace pour dire sa vulnérabilité avant de se la raconter et de sonner creux, comme pris dans un tourbillon qui nous fait aller exactement à l’inverse de ce que l’on voulait.
- Que nous sentions suffisamment de puissance à l’intérieur pour nous pardonner nos petits arrangements, comme je le sens chez certaines personnes de mon entourage, droites dans leur bottes et assumant leurs disquettes avec humour, ce qui est fou et magnifique. Elles sont parfaites dans leur imperfection.
- Que l’on se la raconte, peut être, mais que l’on mette de la lucidité sur le fait qu’on se la raconte !
- Que nous admettions (même en cachette) que le processus est à l’inverse du résultat,
- Que nous arrêtions de simuler le résultat. Déjà pour la 1ère raison que c’est pas sexy 🙂
- Que nous ayons le courage de regarder nos douleurs et nos parts mentales. Oui je sais, c’est pas glorieux, mais c’est humain (bordel).
- Que l’on reconnaisse notre perfection originelle. Car le cœur du sujet est là. Serions-nous si « mauvais » à l’intérieur qu’il vaut mieux ne pas y jeter un oeil ?
- Que j’arrête de reprocher aux gens leur faiblesse alors qu’ils font du mieux qu’ils peuvent, avec les outils et la conscience qu’ils ont, et que à la base, quand même, ils sont nés puissants et parfaits.
Moralité en mantras
- J’assume et aime pleinement mes incohérences, mes disquettes, je me pardonne et m’aime comme je suis, avec mes faiblesses, pour pouvoir pardonner aux autres.
- Je me pardonne d’avoir accordé crédit là où ça ne pouvait pas faire mieux.
- Je me pardonne d’avoir été faible et dans le doute, je me pardonne de m’être soumise, de m’être exclue, de m’être galvaudée pour glaner une petite parcelle de sens.
- Je me pardonne d’avoir douté de moi, de ma puissance, de ma force, de ma beauté, de mon courage, de ma droiture, et d’en douter si souvent encore.
- Je me pardonne d’avoir tellement souffert de la non-intégration que j’ai maltraité mon âme en dévalorisant mon être.
- Je me pardonne mon humanité, mon incarnation et toutes les petites misères qui me conditionnent.
- Je pardonne aux autres leur faiblesse, leurs petits arrangements et leurs illusions, et je me pardonne ma faiblesse, mes petits arrangements et mes illusions, quelles qu’elles soient.
- Je me pardonne d’avoir crédité dans l’enfance le grand mensonge et la grande illusion de la matrice, puisqu’au final, c’est toujours de ça qu’il s’agit …
Hop